Inventer la suite de l'e-tourisme

Lorsque Novotel est apparu, en 1967, ces hôtels « à l'américaine » ont fait hurler l'hôtellerie française : la standardisation des hôtels français ne passera pas ! J'imagine que lorsque les relais de postes ont vu apparaître les premières auberges, ils ont hurlé qu'on leur prenait leur métier, et quand le chemin de fer est apparu, ils ont disparu. Les chambres d'hôtes aussi ont été décriées à leur apparition, après-guerre.

 Dans le fond, chaque nouveauté fait peur. C'est en Sicile, en 2013, que j'ai découvert dans chaque hôtel un panneau Tripadvisor, Booking, Hotel.com, avec les notes. 2013, déjà ! Fulgurant.

Si le train a éliminé les relais de postes, l'hôtel standard a limité les surprises, la chambre d'hôte a développé les contacts personnels, alors Internet n'est qu'une facilité de communication, de réservation, de paiement, d'échanges publics. Cette facilité est technologique, elle est aussi liée à l'essor du tourisme. En 2014 dans le monde, 1,1 milliard de touristes ont voyagé à l'étranger, y ont passé une nuit au moins. Et la croissance du marché est de 4,5 % par an environ, croissance plus importante que l'économie mondiale.

La France approche les 90 millions de touristes annuels sur son sol

Ce sont des chiffres colossaux et un nombre de nouveaux clients impressionnants. Ryanair est passé de 7 millions de passagers en 2001, l'année du 11-septembre, à 90,6 millions en 2014 ! En treize ans, la voici première compagnie européenne en passagers et en marge !

Booking et consorts ont pris une place rapide sur le marché via Internet, car Novotel et les autres n'ont pas réagi suffisamment vite. Internet exige depuis sa création de la rapidité, de la simplicité, de la réactivité, le droit de donner son avis. C'est ce qu'offrent Booking, Tripadvisor, Airbnb. AccorHotels comme d'autres corrige le retard. Mais dix ans perdus sur Booking (voire dix-neuf ans, car créé en 1996), lancé telle une bombe économique sont inadmissibles, et vont peser lourd. Pour rattraper un réflexe banalisé comme Booking, Tripadvisor, Airbnb, il ne faut pas traîner. Ou déplacer le viseur. Réinventer le métier, ou une partie du métier.

Trois arguments sont favorables aux « anciens » acteurs après avoir répondu aux exigences d'Internet : d'abord tout le monde ne veut pas ou ne peut pas passer par Internet ; ensuite le maître du lieu doit être le maître du séjour, c'est donc lui qui connaît et reconnaît le mieux son client ; enfin les « anciens » doivent devenir forces de proposition pour leurs clients et prospects en réinventant l'offre.

Ou le pourquoi de l'offre.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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