La fin de l'esprit concours

Début septembre, en quelques heures, deux signaux faibles apparemment distincts se sont heurtés et conduisent à un signal fort : la fin de l'esprit concours.

Le premier signal vient de General Electric. Le plus grand groupe industriel américain marque depuis des décennies les principes du management contemporain, notamment en instituant l'évaluation annuelle de chaque salarié. Il vient officiellement, après trois ans d'expérimentation, d'abandonner cette évaluation annuelle pour une notation permanente sur « priorités », celles-ci étant ajustées en permanence.

La raison en est simple, sinon évidente en deux points : d'une part, l'année est une période trop longue pour évaluer la bonne progression d'une technologie ou d'un produit ; d'autre part, il vaut mieux coller au terrain plutôt que de se projeter. Et General Electric de constater qu'évaluer le passé coûtant cher, il vaut mieux anticiper et corriger la ou les priorités. Autrement dit, les méthodes agiles de la Silicon Valley ont fait leurs preuves par la dimension des Gafa, matérialisée par la Bourse.

Le diplôme n'a qu'un temps

C'est un changement total de méthodes de management et donc de modèle économique : construire le futur en mouvement plutôt qu'évaluer le passé, figé par nature.

Le second signal vient du président Hollande, le 8 septembre :

« Je veux dire au nom du suffrage universel, dont je suis, finalement, encore jusqu'au mois de mai, le seul qui en ait eu l'onction, que, dans une démocratie, il y a l'élection. Ah ! Ce n'est pas facile, l'élection. Il faut la mériter. Il faut s'y préparer... »

L'élection est décrite comme un concours, comme un aboutissement. D'ailleurs, depuis au moins trois élections, les candidats - ou candidats à la candidature -préparent un programme. La meilleure préparation de ce concours est l'ENA, dont ils sortent quasiment tous. L'évaluation est faite tous les cinq ans pour ceux qui se prétendent les mieux préparés... au concours. Pas au futur. Or, General Electric dit finalement : « L'avenir n'est pas à ceux qui ont le meilleur passé, mais à ceux qui anticipent le futur. »

General Electric n'est pas la seule entreprise à s'engager dans cette nouvelle manière de conduire une entreprise, c'est la plus traditionnelle et la plus grande. Une immense mutation est en marche. Que les formations initiales soient de qualité, cela assure des bases solides ; que des priorités soient tracées aide à la conduite des processus ; que ces priorités soient expérimentées et remises en cause en permanence est une richesse. Ce qui construit une entreprise comme un pays, c'est son adaptation au futur.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015 ; et le nouvel ouvrage, Notre futur anticipé pas les signaux faibles, Éditions Kawa, 2016.

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