Klaus-Heiner Lehne, le nouveau comptable en chef... très politique

Dans l'histoire de la Cour des comptes européenne, c'est une première. Dirigée par des hauts fonctionnaires depuis sa création en 1977, la plus petite des institutions européennes est tombée le mois dernier dans les mains d'un politique, l'ancien député européen (CDU) Klaus-Heiner Lehne.
Florence Autret
L'ancien député européen (CDU) Klaus-Heiner Lehne a pris les rênes de la Cour des comptes européenne.

« La Cour peut contribuer à regagner la confiance » des Européens dans leurs institutions communes, juge cet ancien avocat, qui fut la bête noire des organisations anti-lobbies à l'époque où il doublait ses indemnités d'élu avec sa clientèle dans un cabinet de Düsseldorf, mais a toujours démenti avoir des conflits d'intérêts.

Comment compte-t-il s'y prendre pour apporter sa pierre à la bataille contre l'euroscepticisme ? « En disant la vérité », répond-il. La Cour aurait-elle donc menti jusqu'à présent ? Non, mais elle n'en dit pas assez.

L'indicateur-clé du rapport annuel qu'il est venu présenter au parlement la semaine dernière : un « facteur d'erreur » calculé sur la base d'un échantillon d'environ 1 300 dépenses, ne mesure que le respect formel des règles, « pas la performance des dépenses », explique M. Lehne. Or,

« on peut avoir le respect des règles sans l'efficacité, l'efficacité sans le respect des règles. Il faut les deux. »

La Cour et ses 900 collaborateurs produisent déjà à un rythme soutenu des « rapports spéciaux », comme dernièrement sur la gestion atterrante du démantèlement des anciennes centrales soviétiques, slovaques, lituaniennes et bulgares, ou encore les approximations des prévisions économiques et les ratés du suivi des réformes par les économistes de la Commission, dans le cadre des plans d'aides européens à la Grèce, au Portugal et à l'Irlande, ou bien aussi le gaspillage des subventions aux infrastructures portuaires dans le sud de l'Europe...

Heiner Lehne promet d'aller plus loin

Prochainement dans la ligne de mire de la Cour : la manière dont la BCE assure la supervision bancaire, l'utilisation faite de la garantie fournie par le budget européen à la BEI dans le cadre du « Plan Juncker » ou encore l'OLAF, le très peu transparent office de lutte contre... la fraude. Enfin, il veut introduire une dimension « géographique » dans son contrôle. En clair, permettre un suivi par pays, donc une comparaison.

Sur le plateau de Kirchberg, où sont regroupées les institutions européennes basées à Luxembourg, Klaus-Heiner Lehne a retrouvé deux compatriotes également aux manettes d'organisations cruciales pour les finances de l'Union : l'ancien ministre FDP (libéral) Werner Hoyer, et l'économiste qui fait carrière au ministère des Finances allemand, au FMI et à la Commission, Klaus Regling. Le premier préside la BEI où il est arrivé avec pour mission de ralentir le rythme effréné de croissance des prêts que lui avait imprimé son prédécesseur, le Belge Philippe Maystadt. Le second pilote le Mécanisme européen de stabilité, immense « cagnotte » de 500 milliards d'euros, devenu le bailleur de fonds de la Grèce, de l'Irlande, de l'Espagne, du Portugal et de Chypre.

Florence Autret

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Commentaires 2
à écrit le 23/10/2016 à 19:06
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Un voleur pour contrôler les voleurs Voilà cette EU faites par des politiques pour asservir les sans dents

à écrit le 22/10/2016 à 8:32
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Tiens, encore un allemand aux manettes d'une institution européenne à vocation financière... Halt Deutschland!

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