"La tribune is back..."

"La Tribune is back..." Ce slogan que nous avons choisi pour notre réapparition dans les kiosques et chez nos abonnés sous la forme papier est peut-être un peu lapidaire mais il dit l'essentiel.
François Roche

La Tribune revient... Elle le fait sous la forme d'un hebdomadaire, dont vous avez le premier numéro entre les mains. Ce nouveau journal propose une offre éditoriale différente mais complémentaire de celle que la rédaction de La Tribune poste chaque jour sur nos supports numériques.

Cet hebdomadaire privilégie la lecture, l'approfondissement, la pédagogie, la découverte, la singularité, l'ouverture. Il s'efforcera de percer à jour chaque semaine, d'un regard acéré, ce qu'il faut savoir et ce qu'il faut comprendre des grands enjeux financiers, technologiques, industriels, géoéconomiques qui construisent l'environnement quotidien des décideurs économiques et politiques.

--

Pour ce premier numéro, comment éluder la problématique principale à laquelle la France et, avec elle un grand nombre de pays européens, restent confrontés : restaurer leur situation financière tout en évitant de mourir guéri. Depuis quelques jours, l'inquiétude revient sur les marchés financiers. Une question lancinante se pose à nouveau : dans quelle mesure l'Europe a-t-elle vraiment réussi à sortir de la crise grecque?? Les solutions adoptées voici quelques semaines sont-elles de nature à apporter des remèdes décisifs ? Faut-il tout reprendre à zéro, dans un contexte encore aggravé par les difficultés budgétaires et économiques de l'Espagne et de l'Italie ? Où mène cette cure d'austérité généralisée à laquelle est contrainte l'Europe du Sud ?

C'est l'Union européenne et ses différentes institutions, mais aussi la BCE, qui devront trouver des réponses à ces questions. On connaît l'origine des problèmes : les écarts de compétitivité et de balances des paiements entre les différents pays de la zone euro, qui ont atteint des niveaux presque intolérables. Une étude récente de Goldman Sachs, citée par l'éditorialiste du Financial Times, Martin Wolf, estime que pour rééquilibrer leur balance interne et externe, le Portugal devrait dévaluer « son » euro de 35?%, l'Espagne de 20?%, l'Italie de 15?%. Avec une inflation à 2?% dans la zone euro, un ajustement de cette ampleur prendrait entre sept et quinze ans. Sans compter que l'amélioration de la compétitivité relative de ces pays aurait pour corollaire une certaine dégradation de la compétitivité des pays dits vertueux, au premier rang desquels l'Allemagne...

On voit bien l'imbroglio qui caractérise la situation économique de la zone euro, où il faudrait que les entreprises allemandes abandonnent des points de rentabilité en augmentant les salaires de leurs employés, et donc leurs prix, afin de permettre aux entreprises espagnoles, italiennes ou pourquoi pas françaises, de regagner des parts de marché... Ce schéma est tout simplement impossible à retenir.
Il faut une impulsion nouvelle, une initiative de croissance commune, une approche concertée des ajustements nécessaires à conduire dans les années qui viennent si l'on veut éviter la fracture au sein des dix-sept.

Dans ce contexte, de quelles marges de man?uvre dispose la France?? Les deux candidats principaux à l'élection présidentielle ont beau les étirer au maximum dans leurs discours publics, la réalité oblige
à constater qu'elles sont des plus limitées. Les objectifs de retour à l'équilibre des finances publiques,
en 2016 selon l'un, ou 2017 selon l'autre, ne sont tenables que si le taux de croissance s'améliore de façon significative d'ici là, alors parvenir à cet équilibre nécessite des baisses drastiques de dépenses et une augmentation des prélèvements obligatoires, qui sont précisément des « tueurs » de croissance économique.

Mobiliser l'épargne longue pour financer les entreprises ? Relancer un grand emprunt ? Abaisser drastiquement le coût du travail ? Abaisser le taux des dépenses publiques dans le PIB à un niveau « acceptable » ? Restructurer la dette publique de l'Italie et de l'Espagne en obligeant les banques à y participer, sur le modèle du plan grec?? Obliger l'Allemagne à relancer sa consommation?? Les idées et suggestions de toute nature ne manquent pas. C'est même à donner le tournis, car on n'aperçoit nulle cohérence dans ces « to do list » qui fleurissent ici et là, sur fond de débat électoral.

Pour l'instant, la situation espagnole ne semble pas requérir l'intervention du FESF, si l'on en croit Madrid­ et Bruxelles. Mais l'Espagne ne pourra pas supporter très longtemps des taux de financement de sa dette à 6?%. Il faut donc que les investisseurs retrouvent de bonnes raisons de prêter à l'Espagne aujourd'hui, mais à l'Italie demain et peut-être à la France après-demain. C'est de cette façon que l'on pourra sauver le soldat Rajoy, dont la défaillance ouvrirait de nouvelles pages sombres dans l'histoire de la zone euro.

S'ils n'ont pour tout horizon que récession et crise sociale, les investisseurs ne viendront pas. Il faut donc leur donner « du grain à moudre », c'est-à-dire des perspectives attrayantes, un avenir, des projets, une dynamique. C'est à cela que doivent s'atteler les dirigeants européens sans tarder. S'ils commencent à partager un diagnostic commun sur les causes de la crise de la zone euro, à savoir les déséquilibres des balances de paiement et les écarts de compétitivité relative, c'est déjà un progrès notable. Ils doivent encore trouver les outils qui permettront de surmonter ces déséquilibres dans un délai raisonnable et certainement pas supérieur à deux ou trois ans. Faute de quoi, les crises s'ajouteront aux crises comme la dette s'est ajoutée à la dette. Une perspective tout à fait ingérable pour le nouveau président français, quel qu'il soit.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 14/04/2012 à 10:13
Signaler
C'est un problème general de la presse française qui s'adapte tout simplement à une nouvelle donne . Ca se fera tranquillement , ne vous inquietez pas .

à écrit le 14/04/2012 à 4:49
Signaler
Bienvenue à la nouvelle Tribune que l'on apprécie et bon courage.

à écrit le 13/04/2012 à 5:43
Signaler
Il faut arrêter ces titres avec des anglicismes,vous passez vraiment pour des loosers, des has been...

à écrit le 13/04/2012 à 0:42
Signaler
Depuis sa création La Tribune ne gagne pas d'argent, alors hebdomadaire ou pas...Cette version, c'est encore un truc pour ramasser de la publicité à la marge. Le problème de fond est que vous ne servez à rien ou, en tout cas, que vous ne trouvez pas ...

le 13/04/2012 à 11:17
Signaler
C'est un commentaire un peu dur, mais sur le fond il relate le mal de la presse française. On ne parle plus de journaliste français mais de commentateur. Toutefois, je trouve que LaTribune fait des efforts dans le bon sens. De vraies exclusivités s...

le 15/04/2012 à 19:05
Signaler
C'est effectivement très dur car j'ai plutôt le sentiment que votre analyse, assez vraie sur le fond, mais difficilement assimilable à La Tribune, plutôt bien positionnée sur les scoops (les vrais, pas ceux que les entreprises donnent clés en mains -...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.