Echec interdit

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Ce second tour des élections législatives marque la fin de l?une des plus longues campagnes électorales de l?histoire de la cinquième république. Elle se termine sur un résultat sans appel : le Président de la république, François Hollande, peut désormais compter sur une majorité absolue du Parti Socialiste à l?Assemblée nationale et au Sénat. La schéma tant redouté par les dirigeants de l?UMP s?est donc matérialisé : si l?on prend en compte les régions et les départements, le parti socialiste et ses alliés détiennent l?essentiel des leviers de pouvoir en France. C?est une lourde responsabilité, si l?on veut bien considérer les conditions économiques et financières qui règnent aujourd?hui en France et en Europe. L?appel au changement est clair, mais les marges de man?uvre sont étroites. Il faudra donc beaucoup de lucidité aux dirigeants socialistes pour « gérer » cette situation politique.

Le nouveau pouvoir va donc être confronté à la réalité concrète. La première est celle de la situation économique de la France et la mise en ?uvre du plan de réduction de la dette et du déficit public. S?il doit être mené dans les termes prévus et « vendus » à Bruxelles, il passe par des ajustements difficiles en matière de recettes et de dépenses. Il est probable que des choix douloureux devront être décidés dans les propositions faites par François hollande au cours de la campagne. Cela risque de provoquer des déceptions au sein de la gauche en général, même si le fait que le Parti Socialiste dispose de la majorité absolue diminue les risques de négociations difficiles avec les écologistes ou le front de gauche.

Mais le vrai sujet est naturellement ailleurs. Au cours de ces dernières semaines, François Hollande a pu se livrer à une joute à distance avec Angela Merkel sur le thème de la croissance ou des euro-obligations. Le résultat de cette passe d?arme est ambigu. Les positions de la France n?ont pas progressé en Allemagne (même pas semble-t-il au SPD?). Les « propositions » en faveur de la croissance, présentées comme celles de la France, et qui consistent à mobiliser les fonds structurels, à augmenter le capital de la BEI et à mettre en ?uvre des « project bonds » de façon à financer des projets d?infrastructures en associant capital public et privé, sont en fait des propositions de la Commission Européenne ou en tout cas des outils sur lesquels elle travaille depuis plusieurs mois. Ils sont intéressants, certes, mais en aucun cas ne sont de nature à relancer rapidement la croissance économique en Europe.

Le chantier à mener est autrement plus important : il s?agit de restaurer la confiance des investisseurs dans la capacité de la zone euro à se redresser et surtout à se réformer. Dans les semaines qui viennent, les dirigeants européens devront donner deux types de signaux : d?abord se prononcer sur des réformes clés comme la mise en place de l?union bancaire européenne (avec ses deux bras financiers, le fonds de garantie des dépôts et le fonds de secours), le statut précis du MES, l?intégration budgétaire et fiscale, ce qui passe par de nouveaux abandons de souverainetés en matière de choix de politique économique dans les pays membres ; et en même temps, les dirigeants européens devront donner des signes à la Grèce qu?une renégociation partielle, voire à la marge, du plan de retour à l?équilibre des finances publiques est possible. A l?heure où nous écrivions ces lignes, les résultats de l?élection en Grèce n?étaient pas encore définitifs, mais Nouvelle Démocratie, Syriza et le Pasok semblaient être les formations politiques rassemblant le plus de voix. Ces trois formations veulent en fait la même chose : une renégociation du mémorandum signé avec le FMI et l?Union Européenne. Certes, l?ampleur de cette renégociation varie d?une formation à l?autre, mais on ne voit pas pour quel motif on n?engagerait pas cette discussion avec le gouvernement grec qui sortira des urnes.

La France devra donc s?intégrer dans une discussion complexe, où le retour de la croissance peut rester le thème central, mais dans laquelle les questions de calendrier, et surtout la nature des outils et des actions à mettre en ?uvre seront cruciales. L?affrontement idéologique entre la France et l?Allemagne, si populaire soit-il à Paris ou à Berlin, ne peut en rien constituer une réponse aux défis posés à l?Europe. La France et l?Allemagne sont condamnées à trouver des réponses communes, avec l?ensemble des membres de la zone euro, et en particulier l?Espagne et l?Italie. C?est cette réalité là aussi que devra traiter François Hollande, le gouvernement et les parlementaires socialistes dans les semaines qui viennent.
 

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Commentaires 27
à écrit le 19/06/2012 à 8:09
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tu as gagné avec des critiques, des promesses et aussi des mensonges, maintenant on va te voir à l'oeuvre...

à écrit le 18/06/2012 à 18:44
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Le plein de médiocrité.

à écrit le 18/06/2012 à 15:29
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Tax and Spend : voila le nouveau mot d'ordre!! Et ça se terminera de la même façon... La droite doit profiter de ses 5 ans d'absence pour revenir aux fondamentaux. Depuis Chirac, la différence entre droite et gauche était devenue tellement mince qu'i...

à écrit le 18/06/2012 à 14:39
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Dans une république démocratique il est normal d'accorder les pleins pouvoirs....à l'exemple de la république démocratique du Congo !

le 18/06/2012 à 14:54
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quelle intelligence, quelle ouverture d'esprit, quelle analyse foudroyante, comparer le France et le Congo, oulala, c'est tout ce que la cellule riposte de l'UMP est capable de vous donner en ce moment...

le 18/06/2012 à 15:32
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Comparer la France et la Congo....disons que notre ami ephw a 20 ans d'avance. Et puis c'est pas très sympa pour le Congo parce qu'ils ont des matières premières, eux. Donc dans 20 ans, ils seront peut être mieux que nous...

le 19/06/2012 à 10:13
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l'habituelle autoflagellation anti-française, aucun intérêt.

à écrit le 18/06/2012 à 12:37
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Le retour de la croissance, à l'opposé de la thèse keynésienne de relance budgétaire à la mode ces temps-ci, nécessite de favoriser l'entrepreneuriat et de récompenser la prise de risque. Tant qu'on n'aura pas compris ça et mis en oeuvre une politiqu...

à écrit le 18/06/2012 à 11:31
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On n'entend plus parler du rapprochement des politiques fiscales en Allemagne et en France acté par Sarkozy et Merkel. Qu'est devenu cette piste qui est selon moi au combien important? A-t-elle était remise au fond du placard avec l'arrivée du nouvea...

à écrit le 18/06/2012 à 9:46
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à droite on crie sa haine, sa déception, son dégout, on est sarcastique, selon les goûts de chacun. maintenant les électeurs ont librement choisis, ce n'est pas dans tous les pays du monde que cela est possible c'est aussi cela la grandeur de la Fran...

le 18/06/2012 à 18:43
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Les électeurs ont librement et majoritairement refusé de voter. Il n'y a aucune grandeur dans un pouvoir illégitime.

le 19/06/2012 à 9:28
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qui êtes vous pour prétendre définir ce qui est légitime ou non ? il y a la loi qui seul a ce pouvoir dans un pays démocratique comme la France.

le 20/06/2012 à 9:54
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La loi ne vaut pas le papier sur lequel on l'imprime quand elle se fonde pas sur le vote majoritaire de la population. Seule la majorité de la population est souveraine. Sans ambiguïté, la majorité des Français a désavoué la totalité des partis et de...

à écrit le 18/06/2012 à 9:26
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maginifique, qu'ils se plantent tous , que les fonctionnaires qui votent tous PS voient leurs salaire réduits de 15 % dans 2 ans le rejouit. ce pays est en train de sombrer et tout le monde s'en fout.

le 18/06/2012 à 10:20
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Je suis fonctionnaire et je ne suis pas du tout de gauche. La généralisation que vous faites est grotesque.

le 18/06/2012 à 10:37
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@ledodu : je suis français fier de mon pays et pas PS pour un rond. maintenant je place mon pays au dessus de tout et il ne me viendra pas à l'idée de souhaiter la défaite et le déchéance des dirigeants actuels car alors c'est le France qui en souffr...

à écrit le 18/06/2012 à 8:58
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Vu comme ça démarre : retraite à 60 ans, allocations de rentrée scolaire, clash avec Merkel, ça m'étonnerait qu'Il fasse plus de 2 ans. Et avant la fin de l'année, attaque des marchées et taux à 6 % pour la France

à écrit le 18/06/2012 à 8:32
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Rupture du peuple avec sa représentation nationale, voilà ce qui nous attend..

à écrit le 18/06/2012 à 4:05
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Ceux qui paient des impôts n'ont pas intérêt à se débiner. Ils vont enfin cracher un maximum et même plus. Heu-reux !!

à écrit le 18/06/2012 à 3:32
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Chirac et Sarko etaient une pale copie des socialistes. Vaut mieux l'orginal que la copie. On va droit dans le mur. La vie va etre de plus en plus dure en France. C est vraiment dommage.

à écrit le 18/06/2012 à 2:55
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Parfait !!! Il n y aura donc aucune excuse possible en cas de faillite de la France d ici 5 ans, Pour le gouvernement en place ... J espère vraiment me tromper , mais j ai bien peur qu il n y ait pas d échappatoire à la spirale infernale que veut eng...

à écrit le 18/06/2012 à 1:47
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Mais pourquoi en est on arrivée là ? Les socialo communiste ont pénétrés le milieu de l'éducation depuis longtemps, puis les artistes, enfin les journalistes, 20 ans, c long et pas long en même temps, les principaux passeurs de messages sont pris. A...

le 18/06/2012 à 2:47
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Les francais ne sont pas fier d eux car ils n ont aucune raison pour cela ! Les francais ne sont plus fier d eux meme, car ils voient bien que le monde change et que la france reste sur le bas coté de la route. Les francais ne sont pas fier d eux cas...

le 18/06/2012 à 4:02
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Et les chances pour la France alors ? C'est pourtant bien là notre avenir. Pas de doute que les chances pour la France vont reconstruire le pays, travailler dur et payer les retraites. On les a fait venir en masse pour cela. Ils ne failliront pas m...

à écrit le 18/06/2012 à 0:53
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Principal parti de France, et pas par hasard... Il n'est plus trop temps de continuer ce type de discours ; le jeu politique et les débats convenus sont la marque d'une schisophrénie caractérisée - ou d'un discours proche de la propagande. De toutes...

à écrit le 17/06/2012 à 23:04
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5 ans de plus pour ne rien changer de ce qui ne va pas depuis 3 ou 4 décennies : trop d'Etat, trop de dépenses publiques, trop de collectivisation, trop d'impôts, trop de réglementations stupides, trop de bureaucratie coûteuse et inutile. Pendant ce ...

à écrit le 17/06/2012 à 22:28
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