En marche vers la « troisième révolution aérospatiale »

A quelques jours du 52e salon du Bourget, "La Tribune" se met à l’heure de la « troisième révolution aérospatiale ». Ce vendredi se tient la 4e édition du Paris Air Forum organisé par notre journal avec Forum médias. 1.500 participants et plus de 80 intervenants internationaux sont attendus à la Maison de la Chimie pour débattre des enjeux d’un secteur bouleversé par le numérique. Avec, comme temps fort, un débat inédit entre Tom Enders (Airbus) et Eric Schmidt (Alphabet/Google) qui sera retransmis à partir de 11h30 en direct sur notre site latribune.fr.
Philippe Mabille

Et ce n'est pas fini : le trafic aérien mondial passera cette année la barre des 4 milliards de passagers et selon IATA (International Air Transport Association), le chiffre pourrait doubler ou presque en quinze ans. L'équation est donc évidente : la taille de la flotte mondiale d'avions devra elle aussi quasiment doubler sur vingt ans. D'après les projections d'Airbus, il y aura 45 000 avions (de plus de 100 places) en 2045, contre 23 000 aujourd'hui (pour une flotte totale de 29 000 avions en 2017). Compte tenu de ceux qui seront d'ici là mis à la casse, cela veut dire que dans les vingt prochaines années, il faudra produire quelques 35 000 nouveaux avions Deux grands constructeurs, l'européen Airbus et l'américain Boeing, vont se partager l'essentiel de cet énorme marché, évalué à 5 300 milliards de dollars. Mais de nouveaux concurrents, le chinois notamment qui vient de faire voler son C919, vont forcément chercher à prendre leur part du gâteau. La date à laquelle nous ferons un vol en Europe sur un avion chinois n'est pas encore connue, mais cela arrivera, forcément.

Rien qu'en se limitant à des projections à dix ans, on peut être assuré que le secteur aéronautique, déjà florissant, va connaître une décennie glorieuse, sauf accident géopolitique majeur. Certes, il y a quelques nuages dans le ciel bleu : la politique de Donald Trump à l'égard de certains pays musulmans, comme la possible interdiction des ordinateurs à bord, inquiètent le monde de l'aérien. Mais on l'a bien vu : même le 11 septembre 2001 n'a pas enrayé l'explosion du trafic.

La transition numérique pour gagner la bataille de la productivité

Reste que pour réussir ce défi, le secteur va devoir trouver une solution urgente à la question des cadences de production. Au rythme actuel, et compte tenu des carnets de commande surbookés, il faut attendre de sept à huit ans entre la commande et la réception d'un avion ! Grâce aux progrès de productivité permis par le numérique, on peut espérer réduire d'ici à quelques années ce délai de 25% à 30% , ce qui serait déjà considérable.

C'est l'une des raisons pour lesquelles l'industrie aéronautique investit à fond dans le numérique. En amont comme en aval. Fasciné par l'efficacité de la Silicon Valley et par le succès d'un Elon Musk, passé de Paypal à SpaceX et Tesla, le patron d'Aibus, Tom Enders, a bousculé le champion européen en installant un centre d'innovation technologique en Californie, confié à un ancien chercheur de Google, Paul Eremenko, auquel il a aussi offert la direction de toute la R & D du groupe.

Big data, robotique, IA...

Même si elle est encore en retard sur les Gafa, l'industrie aéronautique est celle qui a le mieux pris la mesure de la révolution technologique. Elle est désormais à la recherche d'innovations de rupture, grâce à l'exploitation des données massives (big data), à la robotique industrielle et à l'intelligence artificielle. Dans un demain pas forcément si lointain, les avions seront-ils imprimés en 3D ? Airbus rêve même de construire des voitures volantes autonomes pour décongestionner nos villes.

Science-fiction ? En partie, mais à l'aulne de la rapidité de la révolution digitale, la « troisième révolution aéronautique » pourrait réserver bien des surprises, pour prouver que le vieux rêve d'Icare n'a pas dit son dernier mot. L'alliance de l'aéronautique, industrie centenaire, et de la Silicon Valley, qui rêve désormais de conquérir Mars, pourrait produire un alliage étonnant. C'est le credo de Paul Eremenko : « Ne prédisez pas l'avenir ; construisez-le. »

Philippe Mabille

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Commentaire 1
à écrit le 15/06/2017 à 23:26
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pas sûr que Paul Eremenko soit une idée géniale de Tom Enders ! Ce dernier n'est pas un visionnaire mais plutôt un casque à pointe besogneux .

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