"Tous intermittents du spectacle ! "

Extraits d'une conversation (fictive) entre François Hollande et Emmanuel Macron. Écoute réalisée par la NSA via un satellite espion allemand le mercredi 24 juin 2015, entre 15h14 et 15h22. (référence CZWXR49-3)
Philippe Mabille

- Allô Emmanuel. C'est François, à l'Élysée. Alors on en est où avec ta loi ?

- Bonjour M. le Président. Merci de votre sollicitude... En vous entendant dire que ce n'était pas la loi du siècle, je me suis dit que cela ne vous intéressait guère... En fait, avec Manuel, on a bien avancé pour libérer le pays de la gangue socialiste. À coups de 49-3, on a réussi à faire adopter quelques réformes qui vont à petites touches changer les choses pour relancer l'emploi. Enfin, j'y crois...

- J'ai dit ça pour t'aider, pour calmer ces c... [bip] de frondeurs. Mais où en est le vote ?

- La loi est au Sénat pour la deuxième lecture et j'espère le vote final des députés avant votre intervention du 14 juillet. Si le Conseil constitutionnel se presse un peu, on peut espérer que vous puissiez la promulguer début août. J'ai déjà fait rédiger les textes d'application qui n'attendent que votre feu vert pour être publiés cet été. Les Français pourront revenir de vacances en autocar...

- Oui mais Emmanuel, est-ce qu'on a encore le temps de passer une dernière mesure ?

- Pas facile mais au point où on en est, je peux m'arranger avec les sénateurs. Comme ils sont de droite, le dialogue n'est pas aussi compliqué qu'à l'Assemblée. C'est juste que, après quatre cent trente-sept heures de débats au Parlement, plus de 8000 amendements examinés, je commence à en avoir un peu marre, là, de la loi Macron...

- Je comprends Manu, mais c'est le métier qui rentre. Tu t'en es bien sorti. Faire passer le plafonnement des indemnités prud'homales, l'extension du travail le dimanche, même Angela n'en revient pas. Tu sais, elle t'aime bien Angela...

- Vous me gênez M. le Président. Vous savez, on est quand même loin du compte. Je ne sais pas si c'est la loi du siècle, mais ces réformes restent bien en dessous des lois Hartz qui ont remis l'Allemagne sur les rails...

- C'est justement à ce sujet que je t'appelle. J'ai eu Mosco, il me dit que Bruxelles tique un peu. Certes, la croissance revient, mais compte tenu des efforts demandés à la Grèce, il faut que la France montre un peu l'exemple. Il faudrait prendre une mesure qui frappe les opinions européennes, un véritable Jobs Act...

- J'ai essayé, M. le Président. Dans mon projet initial, j'avais laissé en blanc tout un chapitre pour réformer le Smic, avec un volet Smic jeunes comme nous l'a demandé Pierre Gattaz. Et aussi un titre entier pour revoir les 35 heures. Mais vu la fronde et les menaces de Martine de ne pas signer la motion Cambadélis au congrès de Poitiers, vous m'avez interdit d'aller plus loin. Je vous avais même proposé de faire une loi Macron 2, après les régionales de décembre.

- Je sais, je sais Emmanuel. Mais je dois tenir compte des grands équilibres politiques. Et puis il y a Laurent Berger, le patron de la CFDT, qui râle... Il en a assez que tu te prennes pour le ministre de l'Emploi.

- Vous savez, M. le Président, entre Rebsamen et moi, sur le plan idéologique, il n'y a même pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Et puis, qu'est-ce qu'être ministre de l'Économie si ce n'est pas s'occuper de l'emploi. Même l'Unedic croit possible l'inversion de la courbe du chômage cette année. J'agis pour votre réélection, M. le Président.

- Je sais bien, mon Manu. Tu as même réussi à bloquer le « Bouygues deal » de Drahi. Celui-là, il me fait peur. Il va nous mettre le feu social dans le secteur des télécoms...

- Vous me parliez d'une nouvelle mesure M. le Président. Vous avez une idée en tête ?

- Oui, et c'est ton ami Jacques qui me l'a soufflée. Une piste nouvelle, qu'il n'avait même pas osé proposer à Sarkozy quand vous lui avez remis le rapport Attali. Il en a d'ailleurs parlé sur Europe 1.

- Et cette mesure alors ?

- Tu es bien assis, là, Emmanuel ? Alors, je te dis. C'est le rêve ultime de la gauche. La fin du salariat, rien que ça, voilà la réforme qui me fera réélire en 2017. Attali le dit très bien : demain, nous serons tous notre propre patron. Le statut de demain, c'est celui d'intermittent du spectacle ! Selon lui, c'est bien plus protecteur que l'autoentrepreneur, le truc que Sarkozy a créé et qu'il songe pourtant à supprimer. J'en ai parlé avec Julie : intermittent, c'est l'avenir ; la moitié de l'année, tu travailles, l'autre, tu es au chômage. Comme on a déjà 5 à 6 millions de chômeurs, ce ne devrait pas être trop difficile à généraliser, hein ! Bon, allez Emmanuel, je te laisse faire, tu trouveras bien un moyen. Valls est pour, évidemment. Ah euh, une dernière chose : bien sûr, ça ne concerne pas les fonctionnaires ; enfin, pas tout de suite. On attendra 2017 !
Et que cela ne s'adresse pas non plus aux présidents de la République... ni aux ministres... Je plaisante, of course. Allez, je compte sur toi.

Philippe Mabille

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