Le mot de la semaine : Expat

Moment fort de la vie, l'expatriation est, davantage qu'une opportunité financière, une aventure familiale, source d'un enrichissement culturel et humain. Mais attention à l'équilibre du couple et de la famille !
(Crédits : Dessin Lardon)

Lausanne, New York, Londres, Bruxelles, Berlin, Montréal, Barcelone... Envie de larguer les amarres ? S'expatrier, c'est vivre le grand frisson, s'enivrer d'un parfum d'embruns qui pousse à découvrir d'autres paysages, cultures et opportunités... Selon le Quai d'Orsay, 1,8 million de citoyens étaient inscrits au registre des Français de l'étranger en 2018. Mais il y en aurait entre 2 et 2,5 millions dans le monde. Première destination : la Suisse (188.691 expatriés), suivie des États-Unis (164.542), du Royaume-Uni (146 2013), de la Belgique (127.558), de l'Allemagne (112.903), du Canada (100.356) et de l'Espagne (83.331). Surprise : l'Australie, le Sénégal, le Mexique, le Brésil ou le Portugal... attirent chacun moins de 25.000 nationaux. L'exotisme ne fait pas vraiment recette.

Reste que «l'expatriation est un moment fort de la vie, une aventure magique où l'on sort de sa zone de confort, où l'on se découvre des qualités cachées. Il en ressort des choses puissamment positives«, lance Hélène Thierry, consultante indépendante en expatriation basée à Vevey, en Suisse, qui, après une carrière de responsable achats pour une multinationale, a accompagné son mari expatrié successivement en Belgique, aux PaysBas, au Canada et en Russie.

Des hauts et des bas

Selon une étude du cabinet parisien Expat Communication auprès de 7.600 expats (dont 68 % travaillent), les trois principales raisons pour partir vivre à l'étranger sont d'abord l'aventure humaine et culturelle (59 %), la progression de la carrière pour l'expatrié ou son conjoint (54 %) et une meilleure qualité de vie dans le pays d'accueil (27 %). Quant aux priorités, elles portent sur la carrière (68 %), la vie de couple et de famille (64 %) ainsi que sur la découverte du pays et de sa région (58 %). Point important, les bénéfices perçus ne sont pas pécuniaires. « À 63 %, il s'agit de la connaissance d'une nouvelle culture, d'un pays ou de sa région et à 62 % d'un développement personnel. La progression de la carrière professionnelle n'atteint que 39 %», souligne Alix Carnot, directrice associée d'Expat Communication, qui a «bougé» huit fois en quinze ans.

« Vivre à l'étranger sans sa famille et ses amis conduit à solidifier la cellule familiale. C'est un vrai team building ! Il y a des hauts et des bas. Tout d'abord, la "lune de miel" où tout est magnifique lorsqu'on débarque. Puis, viennent le choc culturel et la confrontation avec la réalité locale qui heurte parfois nos valeurs profondes, reprend Hélène Thierry. À un certain moment, tous ces décalages s'accumulent. On se demande ce qu'on fait là. Ensuite, il y a la phase où on remet tout en place, on se fait des amis, on a des activités. C'est ainsi qu'on arrive à la phase d'intégration.» Des sentiments que confirme Expat Communication : 42 % des répondants éprouvent la nostalgie du pays, de la famille, des amis ; 28 % endurent la barrière de la langue et 24 % la solitude. Voire l'isolement.

La fin de l'Eldorado

Se pose aussi la délicate question du conjoint accompagnateur, le plus souvent la mère de famille. « Les expats et leurs conjoints sont à 70 % des bac + 5 et plus» , constate Alix Carnot. Et si la carrière progresse pour 86 % des expatriés, le chiffre tombe à 35 % pour les conjoints. « Il est souvent difficile, pour les femmes, de trouver un poste local et même d'obtenir un permis de travail. Mieux vaut qu'elles mènent un projet personnel, insiste Hélène Thierry qui les conseille avant le grand saut. Au retour, il y a un trou dans le CV qu'elles ont intérêt à valoriser en expérience.»

Côté contrat, c'est clairement la fin de l'eldorado. Les « golden package» ne représentent plus que 17 %, les contrats locaux, 51 % ! Et les «contrats locaux +», c'est-à-dire améliorés, 14 %. « Les salariés n'acceptent les contrats locaux que s'ils gagnent davantage afin de compenser la perte du salaire de leur conjoint, les frais de scolarité des enfants et d'assurances (santé, retraite et prévoyance)», détaille Jorge Prieto Martin, dirigeant fondateur du cabinet parisien RHexpat, qui conseille aussi fortement aux entreprises de prendre un avocat pour gérer les visas et permis de travail. Décrocher la green card à la loterie, c'est risqué.

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Commentaires 2
à écrit le 08/11/2019 à 1:40
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L expatriation est la conséquence d une opportunité, meilleur salaire, emploi, cadre de vie, pour les retraites, pouvoir d achat, vie meilleure, l expatriation peut se developer al avenir, la France devient un pays mal aimé des francais

à écrit le 07/11/2019 à 8:56
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A ce propos, ne serait il pas temps de se pencher sur le vote de nos expatriés qui par simplicité votent tous par voix électronique mais donnent tous en général plus de 70% des voix pour le pouvoir en place tel qu'il soit ? "Gardes, emparez vous ...

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