Andrew McAfee est professeur au célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) près de Boston, où il a créé le MIT Initiative on Digital Economy. Ses recherches portent sur les changements qu'entraîne le digital dans l'entreprise, l'économie et la société. De lui, on peut lire en français Des Machines, des plateformes et des foules et Le Deuxième Âge de la machine. Travail et prospérité à l'heure de la transformation numérique (parus aux éditions Odile Jacob). Son nouvel ouvrage, non traduit, a pour titre More from Less (éd. Scribner), que l'on peut traduire par «Plus à partir de moins».
Il y développe une thèse pour le moins iconoclaste en considérant qu'aujourd'hui nous savons développer la prospérité en réduisant notre impact sur les ressources de la planète, un résultat rendu possible parce que la croissance dépend de technologies qui dématérialisent notre monde.
En effet, contrairement à la révolution industrielle du XIXe siècle dont le développement absorbait de plus en plus de matières premières - minerais, métaux, engrais, forêts, énergies fossiles, terres arables... -, nos économies ont changé de paradigme avec l'informatique et le recours généralisé à l'Intelligence artificielle (IA) dont on commence à peine à découvrir les potentialités.
Economies de matières premières
Grâce à la digitalisation, les entreprises deviennent plus efficientes, utilisant moins de matériaux pour produire le même volume de biens et de services. Ce phénomène s'accélère avec la concurrence, les entreprises étant poussées à adopter plus rapidement cette dématérialisation de leurs activités qui leur permet de rester dans la course en produisant à prix moindre. Or, pour Andrew McAfee, ce phénomène va nous mener à dépasser des «pics d'activité» pour de plus en plus de matières premières.
C'est ce qui a poussé McAfee à parier que d'ici 2029 les États-Unis consommeront moins d'énergie, et donc réduirons leurs émissions de CO2, que les surfaces agricoles diminueront, de même que l'utilisation d'engrais et d'eau pour irriguer, même si le volume de récoltes sera plus important. Au niveau mondial, nous utiliserons en moyenne par habitant moins de fer et d'acier, d'aluminium, de nickel, du cuivre, d'or, de terres rares, de chrome, d'étain, et de tungstène, ainsi que de bois et de papier.
Avec ce pari, McAfee réitère l'initiative du biologiste et écologiste Paul Ehrlich qui avait parié 10.000 dollars en 1980 contre l'économiste Julian Simon, que les prix de cinq métaux (cuivre, chrome, nickel, étain et tungstène) augmenteraient dans les dix ans. Les prix déclinèrent (voir graphique), notamment grâce à l'amélioration de la technologie et à la découverte de produits de substitution. Paul Ehrlich avait sous-estimé une ressource : l'ingéniosité humaine. McAfee y ajoute aujourd'hui la révolution digitale.
Sujets les + commentés