Où en est la compétitivité-coût de la France ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la politique de l'offre va-t-elle donner des résultats?
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

La France s'est engagée depuis plus d'un an dans une stratégie d'offre qui, pour l'essentiel, vise à réduire les coûts du travail pour les entreprises.  En voit-on les traces ? En termes de balance commerciale, non. Le redressement du commerce extérieur qui semblait se dessiner depuis début 2012 est à l'arrêt. Mais que peut-on dire de la compétitivité-coût de l'Hexagone?

L'évolution du coût du travail en France

Entendons par là, le salaire horaire, chargé, y compris les primes. Clairement, sa dynamique porte la trace de l'entrée en vigueur des deux volets du CICE début 2013 puis début 2014. Sa progression est quasi-nulle depuis fin 2012, alors qu'il évoluait à un rythme voisin de 2,5% l'an depuis le début de la crise.

La baisse de 3 à 4% du coût du travail attendue à la suite du CICE est tangible. D'abord par convention comptable, parce que l'Insee a décidé de l'incorporer dans son indicateur de coût du travail.  Mais cette baisse reste latente pour bien des entreprises qui n'ont pas encore touché leur chèque. Et de surcroît, comme prévu, les secteurs les plus stratégiques pour l'exportation n'en sont pas les premiers bénéficiaires. L'industrie, mais surtout, tous les secteurs amont à forte intensité intellectuelle : information, activités scientifiques et techniques.

L'impact des baisses de charges sur l'évolution des coûts relatifs du travail en Europe

Nous la mesurons ici par le ratio du coût du travail horaire français sur le coût moyen dans les pays de la zone euro. Lorsque cet indicateur est à 103, cela signifie que nos coûts ont dérivé de 3%, en cumulé depuis 2000, par rapport à la moyenne de la zone. C'est précisément ce que l'on observe à l'aube de la crise. Une dérive problématique, mais qui n'est pas à la hauteur de la Bérézina souvent décrite.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? A 101,1 ce qui signifie que les 2/3 de la dérive ont été gommés. C'est significatif, mais en deçà de ce que l'on aurait potentiellement observé si le CICE avait produit son plein effet. Un effet atténué du fait que l'évolution des salaires a rogné un point de l'avantage compétitif que pouvait potentiellement générer le CICE.

En toute rigueur, pour parler de compétitivité, je devrais regarder ce qu'a fait simultanément la productivité relative. Gagner en coût horaire, si, au même moment, la productivité se dégrade d'autant, cela revient à faire une opération blanche. Mais ce n'est pas le cas ici. Les gains de productivité relatifs de la France ont permis d'absorber les 2/3 de la dérive salariale par le passé. Et, depuis, elle évolue au diapason de la moyenne européenne.  La France a donc bien amélioré à la marge sa position compétitive.

Que s'est-il passé par rapport aux cas polaires que constituent l'Allemagne et l'Espagne ?

Par rapport à l'Allemagne, la France a certes un peu amélioré ses coûts horaires relatifs depuis deux ans. Mais elle est loin d'avoir restauré ses positions de 2000. De surcroît, cette amélioration est le fruit de l'éphémère accélération salariale allemande de 2012. Depuis, c'est le statu quo, ce qui veut dire que les entreprises allemandes parviennent à neutraliser l'impact du CICE. Côté espagnol, en dépit de la dévaluation interne de forte ampleur qu'a connue le pays, le handicap demeure. Par un écrémage terrible des emplois et des entreprises de faible productivité, le pays a néanmoins recollé en termes de coûts unitaires.

Les cas français comme espagnols rappellent en définitive que les dévaluations internes restent des armes relativement peu efficaces de restauration de la compétitivité.

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Commentaires 11
à écrit le 29/10/2014 à 8:01
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Vous voulez sûrement dire "travailler 39h payées 35" Pourquoi pas accepter une baisse de salaire horaire de plus de 10%, si on baissait les retraites de 10% ? PS: les salariés ont largement financés oes 35h,, moderation salariale, reduction des...

à écrit le 28/10/2014 à 17:33
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Le CICE, c'est de l'homéopathie alors qu'il faudrait de la chirurgie: suppression des 35 heures et des RTT, retraite à 65 ans, non remplacement de fonctionnaires partant en retraite, 1 jour de carence pour les fonctionnaires par exemple. Mesures qui...

à écrit le 28/10/2014 à 15:07
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La productivité s'améliore, ce qui signifie que fabriquer en France revient moins cher. L'effet sur la balance commerciale n'est pas immédiat. Il prendra des années, et se verra surtout par la diminution des importations de certains produits et sur l...

à écrit le 28/10/2014 à 11:51
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personne n'est assez idiot pour utiliser le cice !

le 28/10/2014 à 12:44
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Pour en bénéficier dans plusieurs sociétés , cela marche très bien et c'est très simple contrairement aux dires des oiseaux de mauvaise augure.

le 28/10/2014 à 13:32
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Pourquoi?

le 28/10/2014 à 15:00
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Effectivement c'est très simple à utiliser, à moins d'avoir une "phobie administrative" et d'être trop bête pour accepter de récupérer plusieurs milliers d'euros....

le 28/10/2014 à 15:02
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Merci churchill de ce commentaire éclairé. Vous n'êtes ni patron ni employé semble-t-il. Alors effectivement un retraité peut ne rien comprendre à ce dispositif.

à écrit le 28/10/2014 à 10:28
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A contretemps, nous faisons une politique de l'offre quand la demande est au plus bas en copiant nos voisins qui l'on faites depuis longtemps et qui se trouve maintenant dans la même situation que nous! Ce retard va en plus nous obliger a faire la pr...

le 28/10/2014 à 14:42
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Il faudra m'expliquer o

le 29/10/2014 à 10:36
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@ Bah, Vous avez raison, faisons une politique de la demande, On achetera plus de produits Chinois et Allemand qui seront moins cher.

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