Comment le couple "prévention et innovation" construit la santé bucco-dentaire du XXIe siècle

Bien se brosser les dents, une évidence pour tous ? Pas si l'on en croit les divers constats dressés par les professionnels ! En la matière, les mauvaises habitudes sont monnaie courante. Pire encore, le recours aux soins dentaires demeure très inégalitaire, alors que la France se targue d'avoir un système de santé très performant. Par Thomas Serval, co-fondateur et co-directeur de Baracoda
(Crédits : DR)

Il est vrai qu'on ne peut pas mettre en cause un manque de moyens financiers : la santé représente environ 12% du PNB français, VS 4,9% à Singapour - où l'on n'est pas plus mal soigné ! Comment faire mieux sans mettre nécessairement plus d'argent sur la table ? Il est urgent de modifier le paradigme médical actuel et d'agir en amont sur ce qui est le plus coûteux, notamment la prévention dentaire. La réponse est peut-être à chercher du côté des acteurs de l'innovation.

Prévenir pour sauvegarder notre contrat social

De plus en plus, les Français entendent devenir acteurs de santé et de leur bien-être. On le voit avec l'essor des applications de sport. Pourtant, lorsqu'il s'agit de leur dentition, la population semble plus démunie. Les constats dressés par les professionnels sont alarmants : alors que la durée moyenne de brossage recommandée est de deux minutes (deux fois par jour), les particuliers ont tendance à se brosser les dents moins d'une minute, en omettant certaines zones. Ce problème est encore plus marqué chez les enfants.

Dans ce contexte, il est urgent que les acteurs de la santé publique aillent de manière active à la rencontre de la population, notamment les plus jeunes, en faisant intervenir des professionnels dans les écoles. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on. Cet adage est plus que pertinent dans un contexte où les soins qui mobilisent le plus les chirurgiens-dentistes (70% de leur temps sur des caries ou soins gingivaux) peuvent largement être évités. Renforçons donc notre contrat social et investissons dans la prévention ! Les acteurs tech, innovants par essence et au fait des usages contemporains, ont un rôle à jouer pour nous épargner des actes médicaux à la fois pénibles et coûteux pour la sécurité sociale.

La tech, premier levier de la prévention

La culture ambiante de l'«innovation-washing » a eu tendance à nous faire oublier qu'il y a eu de vraies innovations depuis l'invention du lave-linge, et que d'autres sont à venir, pour lesquelles notre corps (et nos dents) nous diront merci. La question n'est pas de savoir si nous disposons des compétences techniques pour innover dans le domaine de la santé : assurément, oui. L'enjeu est de faire adopter par la population des dispositifs qui leur apportent une plus-value réelle et qui s'inscrivent harmonieusement dans leur quotidien. La fourchette connectée a sûrement été conçue avec les meilleures intentions du monde... mais, trop complexe, n'a jamais rencontré son public ! Les concepteurs ont manifestement oublié que le mot d'ordre « la science découvre, l'industrie applique, l'homme suit »[1] n'est plus d'actualité. Aujourd'hui, l'usager final n'adopte les technologies que si elles sont pensées de son point de vue.

En cela, la brosse à dents connectée représente une innovation à fort potentiel, ainsi qu'une réponse intéressante à un large problème de santé publique. D'une part, la gamification a conquis les enfants, qui apprennent -et retiennent ! - les bons gestes en jouant. D'autre part, les adultes plébiscitent une technologie quasi invisible, qui les informe de la qualité de leur brossage de dents sans être invasive... et ça marche ! Les données d'usage collectées permettent de prendre conscience de ses marges de progression et d'améliorer son suivi par un professionnel. Les constructeurs, eux, comprennent les actions incitatives qui fonctionnent le mieux. À un niveau plus macro, les données contribuent à une meilleure connaissance scientifique. Les résultats de ces dispositifs sont probants : les utilisateurs protègent bien mieux leurs dents, avec un objet dont ils se servent réellement. On ne peut que souhaiter la généralisation de tels outils, afin que le plus de personnes possibles aient accès à des solutions de prévention efficaces.

Ainsi, il est possible et même souhaitable de mettre la tech au service du bien-être de la population. Cela implique d'aborder les problématiques de santé publique au sein d'un écosystème large - médecins, professionnels, acteurs de l'innovation - sans omettre les principaux concernés à la table des débats : le particulier lui-même. Pour la préservation de notre contrat social, encourageons la prévention, développons des solutions technologiques à forte valeur d'usage, et co-construisons la médecine bucco-dentaire du XXIe siècle !

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[1] Exposition universelle de Chicago 1933

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Commentaires 2
à écrit le 15/05/2018 à 16:55
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Belle article https://doctolis.com/

à écrit le 14/05/2018 à 9:01
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"Aujourd'hui, l'usager final n'adopte les technologies que si elles sont pensées de son point de vue." Excellente remarque mais je peux vous garantir que vous n'êtes pas nombreux à toucher cette vérité du doigt, bravo à vous. "On ne peut que ...

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