L'impact réel d'un Brexit sur les entreprises britanniques

La forte baisse de la livre devrait obliger certaines entreprises britanniques à réduire leurs effectifs ou à fermer, si leurs coûts/frais en devises augmentent de 20%.Philippe Gelis, CEO de Kantox

 A seulement un mois du referendum au Royaume-Uni, la campagne bat son plein. L'avenir du pays au sein de l'UE est en jeu, et les entreprises traversent actuellement une période de turbulences. Quels sont les risques du oui et du non? Comment les limiter ?

Sans surprise, la livre Sterling a été très impactée par l'imminence du référendum, d'autant que le Brexit est de plus en plus envisageable. Après les tragiques attentats de Paris en novembre dernier, une enquête de l'ORB indiquait que la tendance était pour la première fois en faveur du « oui », avec 52% des Britanniques soutenant la sortie de l'UE.

La réaction des marchés financiers fournit certaines indications, et entre décembre et mars, la livre Sterling a chuté de 10% par rapport au dollar et 16% à l'euro. Cette baisse, qui s'est prolongée jusqu'en mars, est sans précédent depuis 2008, année de la faillite de Lehman Brothers et de la crise financière mondiale. Heureusement, depuis, la livre a regagné un peu de terrain, même si, selon de nombreux observateurs cette reprise n'est pas assez rapide.

En cas de Brexit, trois scenarii sont donc envisageables :

1. Le Royaume-Uni conserve la plupart de ses accords financiers avec l'Union Européenne, sans en subir la réglementation. En d'autres termes, les britanniques seront libres de signer des accords distincts avec d'autres pays tels que la Chine ou encore les Etats-Unis. Dans cette situation idéale, la livre serait stabilisée.

2. Si le scenario utopique ci-dessus peut être attrayant, il semblerait, qu'en cas de Brexit, la transition ne se fasse pas sans douleur. En effet, l'Union Européenne ne semble pas vouloir que le Royaume-Uni ait à la fois « le beurre et l'argent du beurre ». Les discussions sur ces nouveaux accords risquent de traîner en longueur, créant ainsi une longue période d'incertitude. Dans ce schéma, la monnaie anglaise risquerait fortement de chuter.

3. Dans le pire des cas, une sortie de l'Europe serait désastreuse. Si l'Union Européenne décide de restreindre l'accès à certains marchés, les exportations britanniques en feront forcément les frais. Résultat, une croissance économique faible et un déficit commercial élevé. De plus, la livre subirait pleinement les conséquences si les négociations entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne tournent mal.

Et si le "non" au referendum l'emportait ?

Même si le Royaume-Uni reste dans l'Union Européenne, les entreprises pourraient avoir été impactées par une livre longtemps volatile. Selon les analystes, si le pays ne sort pas de l'euro, le cours de la livre devrait augmenter de 6 à 10%. Les entreprises exportatrices pourraient le payer lorsqu'elles convertiront leurs bénéfices internationaux car elles bénéficieront d'un taux de change défavorable.

Pour les entreprises, une hausse des coûts

En cas de Brexit, qui diminuerait considérablement la valeur de la livre, les entreprises présentes à l'étranger, enregistreraient une hausse de leurs coûts au moment de payer leurs employés ou leurs coûts de fonctionnement. La forte baisse de la monnaie devrait également obliger certaines entreprises britanniques à réduire leurs effectifs ou à fermer, si leurs coûts/frais en devises augmentent de 20%.

Pour éviter cela, des stratégies de gestion du risque doivent être mises en place par les managers. Cette décision stratégique doit prendre en compte l'exposition, les marges, la profitabilité et la tolérance aux risques de l'entreprise. Le directeur financier doit mettre en place des outils pour analyser en temps réel les taux des marchés, afin d'en informer sa direction et ainsi se prémunir contre les risques de change.

De la même manière, les entreprises qui profitent, à l'heure actuelle, de la baisse de la livre devrait se prémunir car une hausse rapide de la monnaie pourrait également avoir un impact sur leurs marges.

Nous ne pouvons pas prédire dans quel camp penchera le vote du 23 juin et c'est précisément cette incertitude qui plombe les marchés. Les entreprises ayant des activités internationales doivent se préparer au pire des scenarios : à défaut d'une boule de cristal, établir une bonne stratégie de change leur permettra d'assurer une certaine stabilité et ce, peu importe l'issue du scrutin.

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2016 à 13:14
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