Quelques leçons à tirer des précédents krachs boursiers

OPINION. Si aucun marché baissier n'est identique, il faut être attentif aux motifs qui ont provoqué ces baisses considérables, et qui permettent à certains secteurs de renforcer leur valorisation. Par Yoni Assia, CEO d'eToro.
(Crédits : © Yuya Shino / Reuters)

Ces dernières semaines, les bourses américaines sont passées du pic au marché baissier en seulement 21 jours. C'est plus rapide que n'importe quel retournement de situation au cours des 100 dernières années, krach de 1929 compris, qui a lui pris 42 jours. Ce dernier siècle, jamais un marché ayant chuté de 30% n'a quitté le marché baissier après seulement un mois. Mais certains secteurs ont su rebondir beaucoup plus vite que d'autres face aux différents krachs. Alors que peut-on tirer des crises précédentes ?

2008, les plaisirs simples

En 2008, la crise financière mondiale s'est déclenchée lorsque les banques ont cessé de faire confiance à la solvabilité de leurs pairs. Elles ont arrêté de prêter - à d'autres banques, aux entreprises mais surtout aux consommateurs. Avec l'assèchement du crédit et de nombreux licenciements, les revenus des ménages ont baissé. Les personnes touchées ont réagi en réduisant certains plaisirs au profit d'alternatives moins coûteuses.

La crise de 2008 étant alimentée par une dette toxique, pas surprenant que les banques et sociétés de services financiers s'en sont sorties dans le pire état. Pourtant, sur cette même période de ventes d'actions à l'échelle mondiale, une poignée de gagnants ressort du lot comme Netflix par exemple. Le jour de la chute de Lehman Brothers, le cours de l'action Netflix s'élevait à 4,02 dollars. Un an plus tard, il avait augmenté de plus de 50% pour atteindre 6,09 dollars.

Amazon avait aussi réussi à résister à la tempête. Le géant du commerce en ligne a connu une hausse plus modeste de 8,43% au cours de la même période, illustrant une fois de plus la tendance des consommateurs à opter pour de petits plaisirs plutôt qu'à des dépenses extravagantes. Aujourd'hui, Amazon et Netflix montrent à nouveau des signes de résilience. La dernière a même signé de nouveaux sommets historiques, profitant pleinement du confinement mondial actuel.

2000, des bulles précieuses

Le mois de mars 2000 a sonné le début de la fin de la bulle Internet. Les investisseurs dans les valeurs tech avaient bénéficié d'énormes gains au cours des six dernières années pour les voir disparaître dans les mois qui ont suivi. Le Nasdaq a chuté de 78% entre le 1er mars 2000 et le 31 octobre 2002.

De nombreux investisseurs se sont réfugiés vers les valeurs minières, soutenant une remontée du secteur pendant 6 ans. Entre le 31 octobre 2002 et le 12 mars 2008, le mineur de cuivre Antofagasta a enregistré une hausse de 629% tandis que le cours de l'action Barrick Gold a grimpé de 236 points de pourcentage. Les actions des mines d'or ont progressé dans le sillage des marchés baissiers de 1981, 2001 et 2008.

1987

Le Krach de 1987 avait lui aussi peu de chose en commun avec les précédents. Le marché baissier n'a duré que 3 mois. Cette chute, notamment provoquée par l'automatisation défaillante de certaines stratégies, a débouché sur une nouvelle phase haussière du marché dès l'année suivante.

La grande distribution est sortie comme l'une des grandes gagnantes de cette crise. Au Royaume-Uni par exemple, Sainsbury's et Tesco ont connu respectivement des hausses de 30% et 46% en deux ans à partir du 1er juillet 1988.

Quid du coronavirus ?

Si aucun marché baissier n'est identique, il faut être attentif aux motifs qui ont provoqué ces baisses considérables. Cette fois-ci, c'est une pandémie qui a provoqué d'un côté, un choc d'offre, avec des fermetures (temporaires) d'entreprises, de l'autre, un choc de demande, avec un arrêt (temporaire) de la consommation mondiale, en raison du confinement.

Comme en 1987, la distribution alimentaire reste résiliente pendant la crise actuelle car les investisseurs prennent en compte la croissance des ventes en ligne et des achats de stockage. Les cours de Carrefour ont très bien résisté pendant le pic de stress des marchés, ils se négocient légèrement au-dessous du début de la crise. Pareil pour Casino, dont le cours de bourse a été robuste pendant la chute des marchés.

Nous voyons déjà émerger certains gagnants possibles de cette crise, comme les fournisseurs de logiciels de réunion en ligne Zoom et Slack, qui affichent des gains énormes. En général, les entreprises de biotechnologie et les sociétés d'ingénierie s'en sortent aussi plutôt bien, notamment lorsqu'elles sont capables de fabriquer des ventilateurs ou spécialisées dans la détection et le traitement des infections virales.

Les valeurs défensives dans leur ensemble comme les produits pharmaceutiques, les services publiques ou les biens de consommation sont plus susceptibles d'être à l'abri de graves braderies que d'autres secteurs cycliques, notamment les valeurs bancaires. Ces premiers secteurs fournissent des produits essentiels dont les consommateurs ont toujours besoin en période de de récession. Ils fournissent aussi généralement un dividende aux investisseurs.

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Commentaire 1
à écrit le 13/05/2020 à 12:46
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Quand on essaye de tirer les leçons du passé sur une erreur, on ne risque pas de trouver la bonne solution!

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