Quels enseignements pour l'investissement particulier français en 2021 ?

OPINION. La crise du Covid-19 a modifié l'attitude des épargnants français à l'égard des marchés financiers, comme l'attestent plusieurs données, dans la perspective d'investir à long terme. Par Valérie Kalifa, directrice marketing France d'eToro.
Selon l'AMF, une femme sur cinq détentrice d'actions individuelles le serait depuis moins d'un an. Un constat similaire chez les populations les plus jeunes qui, elles aussi, explorent les nouvelles possibilités d'investissement pour faire fructifier leur argent.
Selon l'AMF, une femme sur cinq détentrice d'actions individuelles le serait depuis moins d'un an. Un constat similaire chez les populations les plus jeunes qui, elles aussi, explorent les nouvelles possibilités d'investissement pour faire fructifier leur argent. (Crédits : Reuters)

Alors que 2020 a été marquée par l'apparition inattendue d'une pandémie, bouleversant l'ensemble de l'économie, notamment les marchés financiers et le monde de l'investissement, cette année 2021 fût charnière pour en observer les conséquences, tendances, et enseignements qui perdureront. 2021 aurait-elle été le témoin d'une prise de conscience française sur l'investissement particulier ?

Un signe avant-coureur d'une démocratisation de l'investissement sur le long-terme ?

2021 semble avoir montré que l'ouverture des marchés et l'intérêt grandissant pour le monde de l'investissement, qui s'est accéléré de manière exponentielle en 2020, n'est pas simplement une conséquence à court-terme mais bien un phénomène de société amené à perdurer. Selon le Baromètre annuel de l'épargne de l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'intérêt pour les marchés financiers est resté stable depuis 2020 (52%). Un intérêt qui se propage de plus en plus, au-delà de l'âge, du genre, ou des horizons. Pour preuve, toujours selon l'AMF, une femme sur cinq détentrice d'actions individuelles le serait depuis moins d'un an. Un constat similaire chez les populations les plus jeunes qui, elles aussi, explorent les nouvelles possibilités d'investissement pour faire fructifier leur argent. Toujours selon l'AMF, l'âge moyen d'un actionnaire est revenu de plus de 58 ans à moins de 50 ans en trois ans seulement.

L'année 2021 a aussi été révélatrice d'un certain optimisme quant au potentiel et à la santé des marchés financiers. En effet, cette année a été marquée par des efforts conséquents des entreprises et des gouvernements pour stimuler l'économie et s'adapter à la pandémie. La confiance des Français dans la situation économique est même en hausse de six points par rapport à 2020 (AMF).

Un paradoxe français

Outre l'intérêt croissant des Français pour les produits d'épargne et les placements financiers, cette année aura également été marquée par le renforcement d'une volonté d'investir de façon durable. Le 5e baromètre de l'épargne et de l'investissement de l'AMF met en lumière cette tendance très largement partagée par les investisseurs. Pour un premier placement financier, les sondés répondent ainsi majoritairement avoir pour objectif d'effectuer un investissement de long terme, que ce soit pour les fonds et sicav, les actions individuelles, ou les placements "responsables" et placements dans l'immobilier.

La crise sanitaire incite à repenser les objectifs financiers ainsi que l'horizon de placement. Bien qu'un quart des Français demeure prudent quant aux placements en actions en raison de la situation économique, pour beaucoup, la crise sanitaire devrait les conduire à s'orienter davantage vers les placements à long terme, jugés plus intéressants.

Parallèlement, la crise semble avoir bousculé les habitudes des Français concernant leurs placements. Assez prudents jusqu'alors, une grande partie semble désormais davantage accepter le facteur risque. En 2021, on observe en effet un recul du nombre de Français considérant que les placements boursiers représentent un trop grand risque pour investir.

C'est aujourd'hui le secteur de la tech qui est le plus représenté dans les portefeuilles. Les géants de la tech américaine représentent ainsi à eux seuls un cinquième de l'indice américain et pour la première fois les GAFAM (Apple, Microsoft, Amazon) étaient cette année les trois plus grosses capitalisations mondiales. La pandémie agissant comme accélérateur de la digitalisation de l'économie mondiale, les investissements dans la tech représentent désormais une opportunité que les investisseurs français semblent prêts à saisir.

Quelles prévisions pour 2022 ?

Les perspectives économiques pour 2022, sur fond d'inflation et d'une crise sanitaire qui se prolonge, laissent penser que certaines tendances telles que l'investissement de long terme perdureront. Si la répercussion de la flambée des coûts de production sur leur prix de vente à la consommation reste pour le moment limitée, les actions des Banques centrales pour redresser l'économie susciteront probablement de fortes inquiétudes sur les marchés boursiers.

Dans le même sens, la hausse persistante de l'inflation a conduit le gouvernement à augmenter, dès janvier 2022, le taux de rendement du livret A, qui stagne à 0,5% depuis 2020. Or, si cette hausse semble bénéfique pour les épargnants, elle risque néanmoins d'impacter fortement les banques. Selon l'agence de notation financière Fitch, cette mesure pourrait coûter entre 460 millions et 920 millions d'euros au secteur bancaire, et risquerait d'inciter les Français à se tourner encore davantage vers l'épargne au détriment de la consommation.

Même si l'optimisme est toujours de mise pour 2022, les deux dernières années nous auront toutefois encouragés à faire nôtre un seul mot d'ordre : prudence et flexibilité.

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Commentaires 4
à écrit le 01/01/2022 à 10:38
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La bien trop vieille finance ferait mieux de s'inspirer du bitcoin au lieu de lui cracher sa bile dessus tout ce qu'elle sait faire, et permettre aux petits porteurs d'acheter des partis d'actions parce qu'une action lvmh ou loréal ou kering, bref ce...

à écrit le 28/12/2021 à 8:13
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Compte tenu des injustices scandaleuses qui émaillent notre système de retraite, c'est bien normal que les gens placent un maximum de fric là où ils peuvent. De plus, la valeur argent étant devenue largement prédominante dans notre société, de plus e...

à écrit le 27/12/2021 à 15:02
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Que serait "la finance" sans cette "politique de l'offre" et de son indispensable publicité? Rien! Et pourtant c'est le seul avenir que l'on nous propose pour lutter contre la déréglementation climatique et les émissions de CO²!

à écrit le 27/12/2021 à 14:58
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Que serait "la finance" sans cette "politique de l'offre" et de son indispensable publicité? Rien! Et pourtant c'est le seul avenir que l'on nous propose pour lutter contre la déréglementation climatique et les émissions de CO³!

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