Retour au bureau  : une rentrée à hauts risques

OPINION. La résistance du Covid accélère paradoxalement le retour dans les entreprises à une organisation normale du travail. Avec pour corollaire une gestion des risques sanitaires et psychologiques impliquant davantage les entreprises, plus soucieuses de la santé de leurs collaborateurs. (*) Par Georges Aoun et Florian Reinaud, fondateurs de Concilio
(Crédits : Reuters)

Lorsque le gouvernement a desserré progressivement en juin les contraintes sanitaires qui pesaient sur les Français, y compris sur le télétravail, septembre s'annonçait comme le grand rendez-vous des salariés avec leurs espaces de travail et leurs collègues, comme la fin d'une parenthèse dont certains ont souffert mais où d'autres ont trouvé leurs marques. La reprise de l'épidémie dès juillet, à cause du variant Delta, puis sa stabilisation en métropole, a aussi installé l'idée d'une rentrée à organiser avec la Covid mais sans la crise sanitaire. Les entreprises se démultiplient pour faciliter le quotidien des salariés et le retour au bureau, intégrant à leurs décisions deux facteurs durables : dimension sanitaire et le risque psychologique.

Un exercice d'équilibrisme

Les entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs, accompagnent la problématique de la vaccination, dans un exercice d'équilibrisme entre liberté individuelle et impératifs collectifs. Selon les secteurs économiques, dès l'été, nombre d'entreprises ont été les partenaires de la mise en place du pass sanitaire. Désormais toutes sont concernées. Puisqu'il sera très difficile d'organiser la cohabitation durable entre salariés vaccinés et non vaccinés, au risque de créer des tensions, les entreprises devront, d'une façon ou d'une autre, faire en sorte que l'ensemble de leurs salariés soient vaccinés à brève échéance. Elles s'impliqueront ainsi encore un peu plus dans la gestion de la santé de leurs collaborateurs, une démarche dont le déploiement a été largement favorisé par la pandémie et qui s'inscrit maintenant sur le long terme.

Il devient de plus en plus clair qu'il faudra vivre encore de longs mois avec le virus et la communauté scientifique anticipe même l'apparition probable de nouveaux variants. La protection des collaborateurs contre la maladie s'inscrit donc parmi les objectifs stratégiques des directions des ressources humaines et les directions des risques, une compétence qu'elles n'ont exercée que de façon très parcellaire avant la pandémie et qu'elles ne maitrisent pas encore dans toutes ses dimensions.

Le facteur psychologique

Le second facteur de risque est psychologique. Il découle largement du premier. Même si le variant delta n'avait pas frappé, le retour au bureau aurait été complexe à gérer. La population des salariés se sépare grosso modo en deux moitiés. La première accueille la reprise d'une vie de travail sur site comme une bonne nouvelle après avoir souffert d'une désocialisation professionnelle. L'autre n'est pas du tout dans cet état d'esprit et rechigne à sortir du cocon du télétravail. Même si des entreprises cherchent des solutions nouvelles dans une organisation du travail « hybride », le retour au bureau entrainera chez certains salariés une véritable souffrance et créera donc un risque de multiplication des troubles psycho-sociaux, particulièrement difficiles à repérer et traiter.

C'est donc un contexte normalisé mais fragile dans lequel les entreprises et les salariés vont évoluer dans les mois qui viennent, avec les espoirs déçus de voir la pandémie reculer durablement à brève échéance, des règles sanitaires qui resteront en vigueur tant que la vaccination de sera pas totale et une cohabitation entre des salariés qui ne la vivront pas tous de façon positive. D'où la demande croissante des collaborateurs pour que les entreprises mettent en place des solutions concrètes pour les aider à naviguer dans un contexte sanitaire à risque.

La santé des collaborateurs est apparue au cours de cette crise comme un actif essentiel de l'entreprise. Elle doit donc gérer ce sujet de façon globale, s'entourer de compétences extérieures, comme elle le fait déjà depuis longtemps dans le domaine fiscal ou comptable. Les entreprises ont aujourd'hui besoin de tiers de confiance externes, en mesure d'apporter aux salariés et à leur famille des services efficaces et confidentiels en matière de protection de la santé. C'est une réassurance pour les salariés qui seront certains d'avoir accès aux meilleurs soins, y compris en matière de suivi psychologique. C'est aussi pour les entreprises le gage d'une remise en marche des équipes, sur leurs lieux de travail, plus sereine et plus apaisée.

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