Urgence climatique : les démocraties sauront-elles trouver la solution  ?

OPINION. Le contraste ou la concomitance des difficultés de gouvernance des grandes démocraties, et des deux grandes urgences à affronter le climat et la pandémie est saisissant. Par Bertrand de Feydeau, président de la Fondation Palladio
(Crédits : Reuters)

Les nations qui historiquement ont porté le développement économique du monde et qui de fait : - portent aussi la responsabilité historique des émissions des gaz à effet de serre ; - et d'une mondialisation efficace mais qui les prive aujourd'hui des attributs de la souveraineté.

Seraient-elles dans l'incapacité de répondre à ces nouveaux défis ? Les démocraties avancées auraient-elles perdu toute capacité de rebond, toute force pour puiser dans leur génie propre afin d'élaborer des solutions qui leur redonnent un avantage compétitif durable ?

Comment faire ? Il est vrai que les solutions qu'elles ont traditionnellement utilisées semblent singulièrement émoussées : c'est le cas tout d'abord de la voie législative qui, dans le contexte politique actuel, nécessite des consensus qui cadrent mal avec la tradition majoritaire française, sauf à produire des textes de compromis qui risquent d'être aussi rigides qu'incomplets, dans un temps où l'adaptation constante et le pragmatisme vont être de règle. Qui avait prévu par exemple de devoir rouvrir des centrales à charbon ?

Mais c'est le cas aussi de la planification qui présente apparemment bien des mérites en un temps où l'importance des enjeux exige de hiérarchiser les priorités. Le moins que l'on puisse dire est que l'on a perdu la main dans cet exercice et que les tentatives de remise en place d'outils de planification sont assez laborieuses.

La difficulté à produire des lois ou l'incapacité à refaire un plan normatif sont-elles une mauvaise nouvelle ? Ce n'est pas sûr.

Ce qui, en effet, va être déterminant pour atteindre l'objectif, c'est la volonté collective, à travers des coalitions de grands acteurs qui décident d'agir de manière concertée. Ensemble, les forces vives de notre pays peuvent et doivent s'unir pour des actions concrètes et à fort impact, sans qu'il soit nécessaire pour cela d'avoir recours à la loi, au règlement ou au plan.

Cette méthode de l'action collective a trouvé une application dans l'Université de la Ville de Demain. La démarche ainsi engagée et placée sous le signe de l'intérêt général réunit les personnalités qui portent la responsabilité de définir la ville de demain : politiques (et plus spécifiquement les maires), les acteurs de la société civile (dirigeants associatifs, universitaires, représentants du patrimoine de la culture et du monde religieux) et enfin les responsables de l'industrie de la ville.

Avec cette Université, les trois grandes catégories d'acteurs concernés ont l'opportunité de faire converger leur force pour transformer nos lieux de vie et les adapter à l'urgence climatique.

Ce mode opératoire reposant sur le débat préalable, conclu lui-même par des actions collectives, peut être la voie d'une réactivité retrouvée. N'est-ce pas finalement la seule voie, qui une fois tracée, peut fédérer toutes les énergies pour relever les enjeux environnementaux ?

Le moins que l'on puisse dire est que l'on ne peut pas imaginer pareille initiative en dehors d'une tradition démocratique solidement établie. C'est sans doute la bonne voie pour faire émerger une vigueur nouvelle dans nos démocraties que d'aucuns trouvent définitivement avachies.

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2022 à 8:26
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Le terme "Urgence climatique" est absurde : Le climat a une dynamique lente, à l'échelle de cinquante ans pour les effets les plus rapides, et de plusieurs milliers d'années pour les effets les plus lents. Il est donc déplacé de parler d'urgence. On ...

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