Les fonds de LBO face à un mur de dette de 200 milliards d'euros

C'est le montant que les sociétés européennes détenues par des acteurs du private equity devront rembourser d'ici à 2014, selon Fitch.
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L'horizon est sombre pour les fonds de LBO (« Leveraged Buy-Out », rachat par endettement) qui ont fait main basse sur des sociétés européennes dans les années 2005-2007. Ces fonds investissant en moyenne pour une durée de huit ans, ils devront rembourser d'ici à 2014 pas moins de... 200 milliards d'euros de dette, selon une étude de l'agence de notation Fitch. Moody's évoque un montant similaire, de 181 milliards d'euros. Dont 11 milliards à honorer dès 2012, et 36 milliards en 2013.

Le hic, selon Edward Eyerman, responsable de l'activité « Leverage Finance » chez Fitch Europe, c'est que « la crise financière actuelle menace le refinancement des sociétés sous LBO », c'est-à-dire leur capacité à contracter de nouveaux emprunts pour rembourser ceux arrivant à échéance. En effet, les investisseurs se méfiant des actifs risqués comme de la peste, le marché des obligations à haut rendement, principal pourvoyeur de ressources pour les fonds de LBO en 2010 et début 2011, s'est fermé, avec une décollecte nette de 2 milliards d'euros depuis janvier, selon le cabinet Lipper.

Taux d'intérêt très élevés

Les fonds n'ont pas grand chose non plus à espérer du marché des CLO (Collaterized Loan Obligation, obligations adossées à des prêts bancaires). Les investisseurs CLO qui ont financé des LBO en 2005-2007 arrivent au terme de leur période de réinvestissement (d'une durée moyenne de cinq à sept ans) et peu de nouveaux fonds CLO se sont créés. Quant aux banques, elles rechignent à prêter, compte tenu de leurs propres difficultés, ou alors exigent des taux d'intérêt très élevés.

Cerise sur le gâteau, les fonds de LBO ne pourront pas compter sur les dividendes versés par les sociétés rachetées pour rembourser la dette d'acquisition, la dégradation de la conjoncture économique menaçant leurs marges. Ni sur le produit de la vente ou de la mise en Bourse de la société : le marché mondial des fusions et acquisitions a chuté de 23 % au troisième trimestre (par rapport au deuxième), d'après Thomson Reuters, et le marché européen des introductions en Bourse est quasiment à l'arrêt, selon PricewaterhouseCoopers.

Dans ces conditions, reste à espérer que les créanciers consentiront un rééchelonnement de leur dette aux fonds de LBO. C'est ce qu'ont obtenu en juillet KKR et Permira, actionnaires de la chaîne de télévision allemande ProSiebenSat, qui a vu la maturité d'une partie de sa dette étendue à 2016. En échange, cependant, d'un taux d'intérêt de 250 points de base au-dessus de l'Euribor, contre 150 et 187,5 auparavant. Autre contrepartie possible : un apport d'argent frais par les fonds. Si aucune de ces options n'est envisageable, alors les créanciers peuvent de saisir de la société, comme l'avaient fait en juin 2009 ceux de PAI, qui s'étaient emparés du fabricant de tuiles Monier, incapable de payer les intérêts de sa dette. Christine Lejoux

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