Les valeurs moyennes devraient avoir leur propre Bourse

La mission diligentée par François Baroin pour faciliter l'accès des PME aux marchés présentera ses conclusions mi-novembre.
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La bronca des petites et moyennes entreprises françaises cotées à la Bourse de Paris ne désarme pas. L'année dernière, déjà, elles avaient lancé un cri d'alarme pour demander aux autorités hexagonales de recréer un tissu local afin de favoriser leur essor et leur financement via les marchés financiers, mission première, en théorie, d'une cotation boursière. Depuis le mariage de la place nationale avec la place américaine, les instances décisionnelles ont été délocalisées. Au grand dam de ces PME, aujourd'hui en mal de reconnaissance et de financements. Ce cri d'alarme a été entendu l'an passé par Christine Lagarde, encore ministre des Finances. Du coup, son successeur, François Baroin, a demandé à Gérard Rameix, actuel médiateur du crédit, ex-numéro deux de l'AMF (Autorité des marchés financiers), et à Thierry Giami, président de l'Observatoire du financement des entreprises par le marché à la Caisse des dépôts, de mener une mission afin d'interroger toutes les parties prenantes françaises mais aussi européennes et de présenter un schéma alternatif.

Associations professionnelles, dirigeants de sociétés, entreprises de marché, Banque de France, Caisse des dépôts, représentants des Bourses étrangères, sont entendus depuis le mois de juillet dernier. Les deux responsables doivent rendre leur avis conclusif mi- novembre. D'ores et déjà, Gérard Rameix, comme Thierry Giami ont été confrontés à un constat à peu près unanime : la situation actuelle ne peut perdurer. Les PME se trouvent confrontées à une absence totale d'écoute et leurs besoins ne sont plus du tout adaptés à la nouvelle mission de cette Bourse américano-européenne. Elles se plaignent des services rendus et du manque de proximité géographique. Pour eux, Nyse Euronext, entité privée et cotée, ne peut satisfaire la mission d'intérêt général lui incombant normalement.

Deux propositions

Du coup, les conclusions qui seront présentées dans un mois tournent autour de deux propositions. La première consiste en la création, ex nihilo, d'une nouvelle structure dédiée aux valeurs moyennes. Et ce, de manière à faire revivre l'expérience des Bourses régionales avant qu'elles ne disparaissent dans les années 1980. Deuxième proposition, plus facile à mettre en place : la filialisation des compartiments B et C de la cote ainsi qu'Alternext. Cette filiale serait détenue majoritairement par des investisseurs institutionnels et publics français, à commencer par la Caisse des dépôts (CDC). Nyse Euronext, qui resterait au capital, aux alentours de 49 %, mettrait à disposition sa plate-forme de cotations. Cette filiale aurait bien évidemment vocation à gagner de l'argent de la même manière que les Bourses régionales allemandes, très puissantes au demeurant.

« Il faut clairement une stratégie adaptée aux entreprises moyennes cotées à Paris », lance Pascal Imbert, patron de Middlenext, association des valeurs moyennes qui a participé aux réflexions de ce groupe de travail. Stratégie d'autant plus nécessaire et urgente à mettre en place que bon nombre d'émetteurs songent aujourd'hui à quitter la cote compte tenu des valorisations aberrantes de leur société.

 

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