Infinite Orbits dans la course aux services en orbite géostationnaire

A l’origine d’une technologie innovante fondée sur la reconnaissance d’images permettant de s’approcher d’un satellite et y effectuer des opérations spatiales, la startup toulousaine fournit des services d’inspection, ainsi que d’extension de vie de satellite déjà en orbite. Lauréate de France 2030, cette pépite en pleine ascension (C.A. : 2 millions d’euros) mise notamment sur des partenariats avec des opérateurs satellitaires pour accélérer sa conquête de ce marché émergent.
(Crédits : DR)

Depuis avril, il monte seul vers son orbite finale. Un nanosatellite embarquant le logiciel innovant de la société toulousaine Infinite Orbits, envoyé à bord du lanceur Falcon Heavy de SpaceX, effectue une mission de démonstration. « Nous sommes la première startup au monde à avoir un nanosatellite commercial en orbite géostationnaire », se réjouit Adel Haddoud, directeur général d'Infinite Orbits. L'objectif de l'opération : tester la technologie de rendez-vous spatial développée par cette pépite tricolore en pleine ascension et commercialiser des premiers services en orbite pour l'opérateur américain Intelsat.

En clair, Infinite Orbits a mis au point une solution basée sur la reconnaissance d'images, recueillies par une caméra et traitées par des algorithmes d'intelligence artificielle, qui permet de s'approcher d'un satellite pour y réaliser différentes manœuvres. En particulier, de s'amarrer à un satellite et le maintenir en position. « Nous opérons des satellites, fabriqués par des partenaires industriels, qui vont effectuer des services à haute valeur ajoutée, qu'ils soient de surveillance, d'inspection ou même de maintenance comme étendre la durée de vie d'un satellite en orbite », explique Adel Haddoud.

Ainsi, le modèle économique de cette startup installée à Toulouse depuis trois ans repose sur un abonnement à un « service en orbite ». Le moment est propice pour se lancer sur ce marché naissant... « Il existe maintenant tout un écosystème mature dans le domaine de la robotique spatiale. Et une technologie telle que la nôtre permet désormais d'offrir un service abordable au client qui pourra ainsi, plutôt que d'acquérir un nouveau satellite, acheter un service pour maintenir en position ou inspecter son actif initial », précise le directeur commercial d'Infinite Orbits. Un argument de taille, tant économique qu'environnemental, à l'heure où de plus en plus de satellites sont envoyés en orbite.

Intelsat, Telespazio : une stratégie partenariale

Dans cette stratégie, la logique partenariale occupe une place de choix. La jeune pousse a ainsi noué l'an dernier une alliance clé avec l'opérateur de satellites Intelsat afin de développer des services pour sa flotte. De quoi conforter Infinite Orbits dans ses premiers pas commerciaux, de même que de recevoir quelques subventions institutionnelles pour parfaire sa technologie et partir à l'assaut du marché. « Nous avons des discussions très avancées avec des opérateurs des satellites géostationnaires qui sont maintenant prêts à prendre des risques d'innovation et des nouveaux services en orbite », affirme Adel Haddoud. « L'objectif est d'être dans les premiers acteurs au monde à opérer ce genre de services », avance le directeur commercial d'Infinite Orbits, qui table, pour 2023, sur un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros, grâce aux pré-réservations ainsi que des services déjà actifs. « Nous avons réussi à générer des revenus commerciaux et envoyer un satellite sans avoir eu besoin de faire de levée de fonds », ajoute-t-il.

Autre partenariat gagnant, celui avec l'opérateur de satellites Telespazio France avec lequel Infinite Orbits a été l'un des lauréats de France 2030 dans le domaine de l'approvisionnement des données de surveillance spatiale. « Nous générons des données à partir de satellites tandis que Telespazio va distribuer la fourniture de données à des acteurs comme le Cnes », détaille Adel Haddoud. Une manière pour la jeune société de générer de nouveaux services de type surveillance et inspection.

« Endurance », une nouvelle mission en 2026

Plus largement, Infinite Orbits mise sur l'écosystème européen qui regorge d'opportunités en matière de services en orbite, comme le montrent différents plans de relance nationaux, de même que des projets de financement nationaux relatifs aux services d'extension de vie des satellites. C'est sans oublier des perspectives dans la défense... Autant de pistes pour assurer l'essor d'Infinite Orbits dans les années à venir. La prochaine étape ? La startup planche d'ores et déjà sur le déploiement d'un nouveau satellite, baptisé Endurance et doté d'une technologie plus avancée permettant de s'amarrer à un satellite géostationnaire et d'allonger sa durée de vie de cinq ans supplémentaires. La conception a débuté sur fonds propres avant de recevoir du support Européen et de France2030.

Tout l'enjeu pour Infinite Orbits étant désormais de « consolider notre développement au sein de l'écosystème industriels français ainsi que de signer, dans un avenir proche, un partenariat avec un opérateur de satellites géostationnaire pour préparer une nouvelle mission en 2026 », conclut le directeur commercial de cette société forte de vingt-cinq collaboratrices et collaborateurs. D'ailleurs, une dizaine d'embauches supplémentaires d'ici la fin de l'année sont prévues pour renforcer ses rangs.

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