C'est sur un vaste réseau d'ordinateurs piratés - plus de 13 millions- disséminés dans plus de 190 pays que la garde civile espagnole a mis la main le mois dernier. Ce réseau baptisé "Mariposa" (papillon), dirigé par trois espagnols, avait été détecté en mai 2009 par des techniciens de l'entreprise canadienne Defence Intelligence avant d'être démantelé neuf mois plus tard. Le FBI américain avait ensuite commencé son enquête et découvert l'implication d'un citoyen espagnol. La garde civile avait alors pris le relais.

Qualifié par les autorités espagnoles comme étant le plus vaste du monde, ce réseau s'appuyait sur des "ordinateurs zombies", à partir desquels il soutirait à l'insu de leurs propriétaires des données personnelles, notamment bancaires, envoyait des pourriels (spams) ou bien encore attaquait des sites sensibles. Sans dévoiler le nom des cibles, le lieutenant colonel José Antonio Berrocal, chef d'une unité spécialisée dans la criminalité technologique de la garde civile a expliqué lors d'une conférence de presse ce mercredi qu'il s'agissait d'ordinateurs de particuliers, d'entreprises privées et d'organismes publics.

Les enquêteurs ont ainsi retrouvé les informations personnelles de plus de 800.000 usagers stockées sur l'ordinateur du principal responsable du réseau arrêté en février au Pays Basque espagnol (nord) et âgé de 31 ans. Il était secondé par deux compatriotes de 30 et 25 ans.

Ce petit délinquant, dont les autorités soulignent le train de vie très modeste, vivait de la location à des tiers de "Mariposa". "Nous avons eu de la chance que ce réseau soit entre les mains d'une personne qui n'était pas consciente de (l'étendue) de son potentiel délictuel", a déclaré le commandant Juan Salom, responsable de l'enquête. " Vu le nombre d'ordinateurs infectés, une importante attaque de cyberterrorisme aurait pu être organisée", souligne le communiqué de la garde civile.

Le communiqué explique également qu'avant d'être démantelé, "Mariposa" a été neutralisé en décembre dernier "de manière coordonnée au niveau international". Peu après, l'entreprise Defence Intelligence a fait fait l'objet d'une cyber-attaque, interprétée par la garde civile comme une vengeance de la part des membres du réseau, tous interpellés en février.