Xavier Niel tâcle « la solution Numericable - SFR, exécrable pour le consommateur et pour la France »

Par Delphine Cuny  |   |  658  mots
« Le scénario de Bouygues est le plus favorable pour le consommateur, pour le marché et pour la France » aux yeux du patron de Free qui va ainsi récupérer un réseau mobile national et des fréquences. (Crédits : Reuters)
Le patron de Free estime qu’une fusion de Bouygues et SFR serait « la meilleure pour le consommateur, le marché et la France. » Il a expliqué les raisons de son accord à 1,8 milliard d’euros signé avec Bouygues en vue du rachat de son réseau mobile et de ses fréquences si ce rapprochement aboutit et promis qu’il resterait agressif sur les prix.

Absent lors des dernières présentations à la presse des résultats d'Iliad, Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire de la maison-mère de Free, s'en est donné à cœur joie ce lundi, au lendemain de l'annonce de son accord signé avec Bouygues en vue du rachat de son réseau mobile et de ses fréquences, dans le cas où la filiale du groupe de BTP réussit à racheter SFR à Vivendi. Le multimilliardaire de l'accès Internet a d'abord expliqué qu'il n'avait pas fait d'offre sur SFR cette fois-ci car l'Autorité de la concurrence lui avait clairement signifié « en privé en novembre 2012 » que ce rapprochement était « impossible » et l'a répété récemment.

Aux yeux de Xavier Niel, qui se fait à la fois juge et partie, « le scénario de Bouygues est le plus favorable, pour le consommateur, pour le marché et pour la France. Si c'est Altice [la maison-mère de Numericable] qui rachète SFR, il n'y aura plus que deux investisseurs dans la fibre optique en France, Orange et nous. Ce sera un monde parfait pour Iliad mais exécrable pour le consommateur et pour la France. »

Avec Bouygues, des acteurs français qui paient leurs impôts en France

Et le vice-président du conseil d'Iliad, qui contrôle 55% du capital, de tâcler à plusieurs reprises le câblo-opérateur et son actionnaire, Patrick Drahi. « Numericable n'a gagné aucun abonné depuis 2007, il n'a eu aucun impact sur le marché. Et le câble c'est du Canada dry de FTTH [Fiber to the home pour fibre jusqu'à l'abonné, jusqu'à l'habitation, NDLR] » a-t-il fait valoir. Autre critique à peine voilée, sur le statut de résident suisse de Patrick Drahi, la domiciliation au Luxembourg d'Altice et à Guernesey de Next, la holding personnelle de celui-ci : « dans le scénario Bouygues, on gardera des acteurs français qui paient leurs impôts en France et ont leur siège en France » a -t-il fait valoir, soulignant que cela devrait plaire à des politiques qui critiquent « les évadés fiscaux et les fraudeurs. » Pressé de répondre sur d'éventuels engagements en matière de patriotisme économique, notamment en faveur d'Alcatel-Lucent, un sujet de crispation entre Free et Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, le directeur général d'Iliad, Maxime Lombardini a botté en touche : « nous n'allons pas mettre la main sur le cœur et chanter la Marseillaise mais il y a une dimension nationale dans notre projet qui correspond à la politique du gouvernement. »

Free promet de rester innovant et agressif

Même sur l'emploi, quand Free n'hésitait pas à critiquer il y a quelques mois l'externalisation ou la délocalisation des centres d'appels de ses concurrents et même les « licenciements boursiers », Xavier Niel pare aujourd'hui ses mêmes rivaux, Bouygues et SFR, de toutes les vertus : « les salariés de ces entreprises se sont rarement plaints d'être maltraités, y compris lorsqu'il y a eu des plans de départs volontaires. » Le pourfendeur des opérateurs  « prenant les clients pour des pigeons » il y a deux ans, a surtout promis qu'il n'y aurait pas de hausse des prix si la solution Bouygues qu'il soutient aboutit : « nous allons nous retrouver en face de deux gros acteurs, deux monstres de 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires chacun [Orange et SFR-Bouygues] contre 4 milliards pour nous. On n'aura qu'un seul but : faire de la croissance organique, se battre et devenir plus gros qu'eux. Cela nous permettra d'être extrêmement innovants et agressifs » en ayant plus rapidement son propre réseau mobile national. « Il n'y aurait pas eu de baisse des prix sans nous. Free a toujours été l'animateur de la concurrence et nous n'avons pas l'intention d'arrêter ni aujourd'hui ni demain » s'est engagé le patron du quatrième opérateur mobile et numéro deux français de l'ADSL.

 

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