Bouygues tourne la page SFR ... malgré le soutien de Montebourg et de la CDC

Par Delphine Cuny  |   |  579  mots
« Désormais, le groupe doit se projeter dans l’avenir » déclare le groupe de Martin Bouygues dans un communiqué ce lundi matin.
Le groupe de BTP déclare qu’il doit « se projeter dans l’avenir » et qu’il restera un acteur majeur des télécoms. Même si Arnaud Montebourg pense que les jeux ne sont pas faits et que le directeur général de la Caisse des dépôts s’est dit prêt à accompagner un rapprochement SFR-Bouygues.

Si pour le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, « le débat continue » sur l'avenir de SFR, le groupe Bouygues prend acte ce lundi matin du choix de Vivendi de l'offre rivale d'Altice en vue de rapprocher SFR de Numericable. Dans un communiqué publié ce matin, le groupe de BTP « regrette ce choix pour l'avenir des télécoms en France », défendant son « projet industriel ambitieux qui aurait permis de créer un acteur majeur du numérique en France », soit le numéro un du mobile devant Orange et le numéro deux du fixe. Mais pas question d'attendre vainement un improbable rebondissement au cours des trois semaines de négociations exclusives engagées entre Vivendi et Altice : « désormais le groupe doit se projeter dans l'avenir. »

> la vidéo d'Arnaud Montebourg au JT de France 2 vendredi

La Caisse des Dépôts, actionnaire de Vivendi, pro Bouygues ?

Pourtant, semblant soutenir la thèse d'une tentative de come-back de Bouygues, le directeur général de la Caisse des dépôts, Jean-Pierre Jouyet, déclare dans un entretien aux Echos publié ce lundi matin qu'il est prêt à apporter son soutien au scénario Bouygues s'il redevenait d'actualité. « La Caisse des Dépôts, qui est actionnaire de Vivendi, pourrait, si l'hypothèse se concrétisait, et sans engager Bpifrance, accompagner en capital un rapprochement entre Vivendi, SFR et Bouygues. » Il place cette démarche « dans une perspective de stratégie industrielle », qualifiant les télécoms de « secteur stratégique en restructuration », précisant que « si nous voulons [jouer un rôle], il nous faudra faire des choix. »

Ne pas être marginalisé dans le fixe

Malgré ce soutien de poids un peu tardif, Bouygues ne croit guère à l'hypothèse d'un échec des négociations exclusives d'Altice. La maison-mère de Numericable doit d'ailleurs présenter ce matin à 11 heures à la presse son projet de rapprochement avec SFR. « Plus que jamais, Bouygues Telecom continuera à jouer un rôle central dans le secteur des télécoms en France » affirme le groupe de BTP qui fait valoir « ses sérieux atouts tant dans le mobile où il remporte un grand succès avec son offre 4G et sa couverture exceptionnelle, que dans le fixe où la réussite de son offre à 19,99€ le conforte dans ses choix stratégiques. » Cependant, Bouygues redoute en réalité d'être cornerisé dans le fixe, où il compte 2 millions de clients contre 5 millions pour Free, 7 millions pour SFR + Numericable et 10 millions pour Orange. Il devrait demander d'importants « remèdes » à l'Autorité de la Concurrence afin de ne pas être marginalisé. L'examen de la fusion SFR-Numericable par le gendarme de la concurrence ne sera « pas la promenade de santé imaginée par Altice et Vivendi » préviennent tous les concurrents.

Continuer en solo ou se marier à Free

A ceux qui le voient condamné à marier sa filiale à Free, le groupe de BTP indique que « Bouygues Telecom a l'ambition et les moyens de mener un projet stratégique et technologique ambitieux, porteur pour les télécoms en France. » Ce qu'il ne faut pas forcément interpréter comme une porte fermée à Free : le message est plutôt « il faudra compter avec nous » décrypte un cadre bien informé. Ce lundi matin, à la Bourse de Paris, toutes les valeurs téélcoms sont en baisse : Bouygues recule de 1,28%, Iliad/Free de 1,4%, Orange de 0,3% et Numericable de 3% après son bond de 11% vendredi. Seul Vivendi gagne 0,27%.