Huawei jette l’éponge aux Etats-Unis

Par Pierre Manière  |   |  551  mots
Eric Xu, PDG par intérim du géant chinois des équipements télécoms et des smartphones, a expliqué, en fin de semaine dernière, que le pays de l’Oncle Sam ne constituait plus sa priorité. (Crédits : Reuters)
Après avoir essuyé plusieurs revers aux Etats-Unis où il tente de faire son nid depuis des années, le géant chinois des mobiles et des équipements télécoms a affirmé que le pays de l’Oncle Sam ne constituait plus sa priorité.

Voilà qui ne va pas améliorer les relations, déjà très tendues, entre Washington et Pékin. Huawei, qui rêvait de s'implanter aux Etats-Unis depuis des années, a finalement décidé de jeter l'éponge après avoir essuyé des revers en cascade. Selon Forbes, Eric Xu, PDG par intérim du géant chinois des équipements télécoms et des smartphones, a expliqué, en fin de semaine dernière, que le pays de l'Oncle Sam ne constituait plus sa priorité.

« Il y a des choses que l'on ne peut pas changer, et c'est mieux de ne pas trop y penser, a-t-il déclaré lors d'un sommet annuel d'analystes à Shenzhen. De cette manière, nous pouvons consacrer toute notre énergie et notre temps à nos clients, et à développer des produits plus performants pour répondre à leurs attentes. »

Cette décision intervient alors que Huawei après l'échec, début janvier, d'un partenariat avec l'opérateur mobile américain AT&T, sur lequel il comptait pour distribuer ses smartphones. Sachant, en plus, qu'un autre distributeur, Best Buy, a indiqué le mois dernier qu'il ne vendrait plus les terminaux du groupe chinois. Ces derniers revers ont visiblement été de trop pour l'état-major de Huawei. Il faut dire que le groupe fait depuis longtemps l'objet de toutes les critiques aux Etats-Unis. La sphère politique américaine perçoit depuis longtemps ses produits comme une menace pour la sécurité du pays. Officiellement, elle redoute que Pékin ne les utilise à des fins d'espionnage ou de cyberattaques.

C'est l'une des principales raisons pour laquelle Huawei, numéro trois mondial des smartphones derrière Samsung et Apple, a décidé de concentrer ses forces sur d'autres marchés. Outre la Chine, bien sûr, le groupe a fait du Vieux Continent une de ses grandes priorités. Fin mars, le géant chinois des télécoms a ainsi choisi Paris pour lancer ses nouveaux terminaux haut-de-gamme : les P20 et P20 Pro. Huawei mise aussi largement sur l'Afrique, où il compte sur des terminaux bon marché pour séduire les consommateurs. Sachant que ce marché demeure toujours en croissance, alors que les pays développés, comme la Chine, l'Europe ou les Etats-Unis, sont considérés comme des marchés matures, aux niveaux d'équipements déjà très élevés.

Reste à savoir ce qu'il adviendra des 1.200 collaborateurs dont Huawei dispose aux Etats-Unis. Si les équipes de recherche pourraient rester sur place, celles dédiées aux ventes ou au marketing n'ont vraisemblablement plus de raison d'être. Huawei, qui ambitionne de devenir à terme numéro un mondial des smartphones, se voit dans tous les cas privé d'un immense marché. Selon le think tank Idate, le marché nord-américain des terminaux était évalué, en 2017, à 177 milliards d'euros, contre 251 milliards pour l'Asie-Pacifique et 175 milliards pour l'Europe. Cette décision de Huawei va, sans nul doute, rajouter de l'huile sur le feu sur l'actuelle guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Sachant, en outre, qu'un autre équipementier télécoms chinois, ZTE, vient récemment de se voir privé de composants électroniques américains après une affaire de violation de l'embargo contre l'Iran et la Corée du Nord.