Depuis sa création en 2017, Blacknut, la start-up rennaise spécialiste du cloud gaming, a fait du chemin. Fort d'un catalogue grand public et familial de 400 titres, accessible en illimité pour 14,99 euros par mois en streaming via Internet et sans téléchargement préalable, le Netflix du jeu vidéo revendique plusieurs dizaines de milliers d'abonnés payants dans trente-trois pays.

En France, la plateforme est accessible en direct, via l'application et le site, sur les appareils mobiles (Android) et connectés mais peu dans les offres des opérateurs (déjà pourvus dans ce domaine) à l'exception de celle de Bouygues Telecom. Ce n'est pas gênant. Sur le marché international, qui représente 90 % de son activité, le modèle de distribution de Blacknut passe essentiellement par les opérateurs télécom, leaders sur leurs marchés tels que Swisscom, Post Lux, Telecom Italia ou AIS en Thailande.

Après une année 2019 en très forte croissance, accélérée par la crise sanitaire et les confinements, l'avènement de la 5G, avec une meilleure bande passante et peu de latence, ouvre à Blacknut un potentiel énorme. Sa participation au CES digital qui s'est tenu la semaine du 12 janvier, traduit son ambition de conquérir le marché américain. C'est l'objectif de 2021.

5G et discussions avec Verizon et AT&T

« J'ai trouvé le CES moins bien organisé que d'autres événements digitaux, mais nous avons quand même eu des contacts positifs avec d'éventuels partenaires de distribution aux Etats-Unis et au Canada : des opérateurs télécoms de type Verizon, AT&T, des fabricants d'appareils connectés comme Samsung », explique le fondateur et dirigeant Olivier Avaro qui considère l'intégration de Blacknut sur le Fire TV Stick d'Amazon ou la clé Chromecast comme une efficace phase de test. « Nous prévoyons un lancement au quatrième trimestre aux États-Unis. La crise sanitaire a généré beaucoup d'inertie, mais nous poursuivons notre expansion internationale, comme en Thaïlande où nous avons lancé le service en décembre dernier. Notre modèle repose pour deux tiers sur le BtoB, en marque blanche ou sous notre nom, et nous travaillons avec des partenaires tels que Gameloft et Amdox pour accélérer notre distribution », détaille-t-il.

Avec son profil familial, Blacknut s'adresse à un public large ne possédant pas de consoles de jeu, et pas seulement aux fans. Enrichie de trois à quatre titres par mois, son offre présente des marques telles que Astérix & Obélix XXL3, Overcooked, Pat Patrouille pour les plus jeunes ou encore des jeux Disney. La plateforme travaille au développement des jeux multi joueurs et les discussions menées avec des éditeurs et des ayants droit pourraient déboucher, demain, sur la création de nouveautés « cloud native ».

Levée de fonds au deuxième trimestre

En 2020, Blacknut a multiplié son activité par 20, et ses prévisions restent à la croissance sur 2021. Outre le lancement en Amérique du Nord, la PME de 30 salariés entend consolider son activité en Europe et en Asie du Sud-Est.

Cette feuille de route, qui anticipe aussi un doublement de l'activité R&D, sera financée par une levée de fonds de 10 millions d'euros. « L'opération est menée avec la banque d'investissement Bryan, Garnier & Co et devrait être close au deuxième trimestre », précise Olivier Avaro.

Si elle est une des rares jeunes pousses rennaises voire bretonnes sur ce créneau du divertissement, Blacknut n'était pas la seule à faire valoir son offre lors du CES.

Six autres start-ups, adressant différents marchés du numérique (cyber, deep tech, Edtech, énergie, santé), ont participé au CES virtuel, soutenues par l'écosystème technologique régional que représentent Le Poool à Rennes, la French Tech Brest+ et les Villages by CA.

De l'application anti-harcèlement au coaching nutritif

Outre Bystamp (tampon de signature électronique) et Klaxoon (outils de travail collaboratif), Samea Innovation se démarque dans l'IoT et les économies d'énergies. Sa première gamme de capteurs environnementaux Sensoriis, connectés et tout-en-un (LoRa, 4G/5G, Bluetooth, Zigbee), cible les marchés du smart building, smart home et smart city.

Avec Feelloo, un médaillon intelligent équipé d'un GPS et adossé à une application, Ubiscale à Rennes sensibilise au bien-être et à la sécurité des chats. Petit et sans abonnement, il utilise le wifi du domicile pour échanger des informations et sera disponible au printemps pour 99 euros en France, puis en Europe et aux Etats-Unis.

Issue des Côtes d'Armor, la société VDP 3.0 s'apprête pour sa part à commercialiser Qui-Vive-App, une application de lutte contre le harcèlement de rue, le racket ou les agressions. Elle permet aux victimes de restituer un enregistrement sonore jusqu'à 20 minutes après un événement (10 minutes en mode gratuit). L'enregistrement peut servir en cas de procédure judiciaire.

Enfin Nahibu à Rennes s'intéresse à la santé du microbiote intestinal. Son kit d'analyse est disponible à la commande en ligne. Les clients, comme les joueurs du Stade rennais qui a signé un partenariat, ont ensuite accès à leurs résultats, assortis de conseils personnalisés. Nahibu a récemment levé un million d'euros pour accélérer sa phase d'industrialisation. L'entreprise a profité du CES pour souligner qu'elle sera en mesure, à terme, de prédire des modèles pour un coaching nutritif encore plus précis.