Amazon va payer ses salariés pour quitter leur job... et devenir livreur

Par Anaïs Cherif  |   |  523  mots
(Crédits : Mike Segar)
L'ogre du e-commerce incite ses salariés actuels à démissionner pour créer leur propre entreprise de livraison. Amazon promet d'offrir 10.000 dollars et trois mois de salaire brut à chaque employé souscrivant au programme. Le but : assouvir ses besoins de livraison toujours plus importants, sans en supporter les coûts logistiques et salariaux.

Pour se constituer une armée de livreurs et maintenir sa position de leader du e-commerce, Amazon est prêt à tout. L'ogre du commerce en ligne incite ses salariés actuels à quitter leur job au sein de la firme... Pour créer leur propre entreprise de livraison. A la clé : la société de Jeff Bezos promet de fournir 10.000 dollars d'aides financières pour lancer son entreprise et trois mois de salaire brut, selon une annonce réalisée lundi 13 mai. Ces entreprises ont vocation à assurer la livraison sur "le dernier kilomètre".

Les employés qui choisissent de créer une entreprise de livraison devront officiellement quitter Amazon, a précisé la société. En contrepartie, elle promet de leur fournir un flux régulier de commandes et un accès à sa technologie de livraison. Les livreurs auront la possibilité de louer des fourgonnettes à l'effigie d'Amazon ainsi que des uniformes... De quoi garder les livreurs dans le giron de l'entreprise, à l'instar des techniques utilisées par les sociétés de livraison de repas, comme Deliveroo ou Frichti, qui incitent fortement leurs coursiers pourtant auto-entrepreneurs à porter des uniformes à l'effigie de leur marque. D'autres avantages seront négociables, comme "un soutien juridique et des options d'assurance", selon Amazon.

200 entreprises de livraisons créées depuis juin 2018

Valable aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, cette incitation fait partie du programme "Partenaire du service de livraison Amazon", lancé en juin dernier. Environ 200 entreprises ont déjà été créées, selon la société de Jeff Bezos. Un bon moyen pour la firme de Seattle d'externaliser sa livraison - pour livrer davantage de produits, toujours plus rapidement - mais sans avoir à supporter tous les coûts logistiques et salariaux. Les livreurs de ce programme pourraient traiter environ la moitié des commandes d'Amazon sur le "dernier kilomètre" d'ici 2022, selon un analyste interrogé par le Wall Street Journal. Amazon souhaite en effet réduire sa dépendance aux grands services de livraison, comme FedEx ou UPS, qui grèvent ses marges.

En s'imposant des délais de livraison toujours plus rapides, la société de Jeff Bezos a d'énormes coûts de distribution. Par exemple, elle propose à ses abonnés au programme Prime une livraison en un jour ouvré sur certains produits (Amazon revendiquait 100 millions d'abonnés dans le monde en avril 2018, Ndlr).

La livraison, le talon d'Achille des bénéfices d'Amazon

Au premier trimestre 2018, le bénéfice net réalisé par l'activité de e-commerce aux États-Unis et à l'international est de 2,19 milliards pour un chiffre d'affaires largement supérieur (52 milliards de dollars). L'entreprise est d'ailleurs uniquement rentable sur son marché domestique, les Etats-Unis, mais elle continue à perdre de l'argent dans le reste du monde (90 millions de dollars, contre 622 millions il y a un an) car elle n'a pas encore atteint un pallier d'utilisateurs suffisant pour compenser ses énormes coûts de distribution.

Fin avril, le directeur financier d'Amazon, Brian Olsavsky, a affirmé que le groupe s'apprêtait à débourser 800 millions de dollars au cours du deuxième trimestre 2019 pour améliorer ses entrepôts, ses infrastructures de livraison et réduire le temps d'acheminement.