L’Internet des objets accélère dans l’énergie et la santé

Par Pierre Manière  |   |  665  mots
D'après l'étude, « 63% des Français connaissent le compteur communicant Linky ».
D’après un baromètre publié ce vendredi par la chaire d’économie numérique de Paris-Dauphine, les Français affichent un fort intérêt pour les objets connectés. D’après l’étude, deux domaines, le suivi de la santé et l’énergie (avec notamment l’arrivée des compteurs intelligents) ont particulièrement le vent en poupe.

A en croire cette étude, la période d'évangélisation de l'Internet des objets (ou IoT, pour Internet of Things) appartient au passé. Ce vendredi, la chaire d'économie numérique de Paris-Dauphine publie un baromètre avec Médiamétrie sur le rapport des Français aux objets connectés. Premier résultat : plus de neuf internautes sur dix (93,5%) en ont déjà entendu parler. Dominique Roux, le directeur de la chaire, avoue qu'il ne s'attendait pas à une telle proportion. « C'est vrai qu'on est un peu surpris, d'autant qu'il s'agit d'un sondage national », affirme-t-il.

D'après lui, l'arrivée de l'Apple Watch d'Apple, même si elle n'a pas eu le succès escompté (la marque à la pomme y voyait un temps un possible successeur à son produit phare, l'iPhone, ce qui n'a pas été le cas), a permis de sensibiliser le grand public aux objets connectés. « 9% des personnes interrogées déclarent posséder une montre connectée, c'est énorme ! », insiste Dominique Roux.

Les avancées de la santé connectée

Surtout, le baromètre constate que si l'Internet des objets concerne tous les champs de l'économie, deux secteurs ont, semble-t-il, particulièrement le vent en poupe : la santé et l'énergie. Ainsi, « 59% des personnes portent un intérêt aux objets connectés permettant un suivi quotidien de leur santé ». Ce résultat vient confirmer une tendance déjà décelée par l'institut GfK en mars dernier : si pendant longtemps, les trackers d'activité dédiés au bien-être ont monopolisé l'attention, celle-ci s'est déplacée vers les appareils de santé connectée. Plus pointus, ceux-ci facilitent dans bien des cas la vie des patients - à l'instar, par exemple, des inhalateurs intelligents pour les individus souffrant de maladies pulmonaires, ou des glucomètres connectés pour les diabétiques.

L'autre domaine où les Français comptent sur les objets connectés pour améliorer leur quotidien est, d'après le baromètre, l'énergie. A ce sujet, plus de la moitié des Français (56%) pensent que l'IoT s'avère « intéressant » pour « suivre et maîtriser » leur consommation d'électricité. En outre, « 63% des Français connaissent le compteur communicant d'Enedis [filiale d'EDF et ex-ERDF, Ndlr], Linky », enchaîne l'étude. Laquelle s'est focalisée sur l'acceptation de ce matériel en plein déploiement :

« Avec ce compteur électrique connecté, les Français voient d'abord une opportunité de pouvoir suivre au plus près leur consommation en électricité (60%), d'avoir un meilleur contrôle sur celle-ci (50%) et aussi de mieux protéger l'environnement (12%). »

Des interrogations sur les Linky

En d'autres termes, si l'on en croît cette étude, les Linky ne feraient donc pas tant jaser que cela. Ce qui tranche, d'une certaine manière, avec l'avalanche de critiques de plusieurs associations, largement relayées dans l'opinion, concernant de possibles impacts sur la santé ou la protection des données personnelles.

A La Tribune, Dominique Roux fait ici un parallèle avec la levée de bouclier de certains opposants au mobile à son apparition. Avec ces nouvelles ondes et antennes, « tout le monde disait qu'on allait avoir des cancers et que les hommes deviendraient impuissants... », dit-il. Il n'empêche qu'aujourd'hui, le déploiement des Linky suscite toujours la polémique. Au printemps dernier, de nombreuses communes se sont opposées à leur installation, fustigeant les éventuelles conséquences néfastes des ondes sur la santé. Après enquête, l'Agence nationale des fréquences (ANFR) a récemment souligné que le champ électromagnétique des Linky n'était pas plus élevé que celui des anciens compteurs. De son côté, la Direction générale de la santé (DGS) a demandé en octobre 2015 une étude à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ses conclusions sont attendues d'ici à la fin de l'année.