Malgré les difficultés, SFR songe toujours à la Ligue 1

Par Pierre Manière  |   |  550  mots
Alain Weill, le nouveau PDG de SFR.
Alain Weill, le nouveau PDG de l’opérateur au carré rouge, a affirmé que le groupe « regardera le moment venu » la possibilité de participer à l’appel d’offres du championnat français de football.

Même si Altice est aujourd'hui empêtré dans une crise boursière, et a promis qu'il en avait fini avec les grosses emplettes à crédit pour se concentrer sur son désendettement, il n'est pas exclu que sa filiale SFR participe aux prochaines enchères pour les droits de la Ligue 1. Tel est le message envoyé mardi par Alain Weill, le nouveau PDG de l'opérateur au carré rouge.

« La Ligue des champions commencera en septembre prochain, on verra si on doit ajouter des droits premium. On verra en fonction de la date à laquelle sera annoncé l'appel d'offres » pour la Ligue 1, a-t-il indiqué lors d'une conférence organisée par Les Échos.

« On n'est pas pressé, mais le moment venu on regardera », a détaillé le responsable.

Pour rappel, SFR a cassé la tirelire pour s'offrir les droits de la Ligue des Champions et la Ligue Europa au printemps dernier. Au total, l'opérateur au carré rouge, filiale d'Altice, a déboursé plus de 1,1 milliard d'euros pour la période 2018-2021. En mettant autant d'argent sur la table, SFR a ainsi découragé ses rivaux, Canal+ et beIN Sports, qui diffusaient jusqu'alors ces compétitions phares. L'opérateur espère que ces droits lui permettront de gagner des abonnés tout en les poussant à dépenser plus, dans le cadre de la stratégie de convergence entre les télécoms et les contenus initiée par Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice.

« Il y a toujours des solutions »

Alain Weill a estimé qu'il ne « [fallait] pas se précipiter pour lancer cet appel d'offres [pour la Ligue 1, NDLR] » pour lequel la Ligue de football professionnel espère obtenir plus d'un milliard d'euros, selon des informations de presse. « Il y a toujours des solutions, seul, avec d'autres. Toutes les options sont ouvertes », a-t-il ajouté, suggérant une possible alliance avec un partenaire en fonction des conditions de l'appel d'offres. Alain Weill a également jugé que SFR présentait déjà une offre de contenus attractive, qui n'ont pas été assez monétisés. « Les contenus sont là, l'an dernier le contenu a peut-être pallié certaines insuffisances commerciales, le contenu doit être valorisé en tant que tel », a-t-il noté.

Pour Bruno Hareng, analyste chez Oddo Securities, les enchères pour les droits de la Ligue pourraient faire l'objet d'un bras de fer entre Canal+, SFR et BeIN Sports :

« Nous pensons que ces droits vont connaître une forte inflation de plus de 40%, pour passer de 727 millions d'euros partagés entre Canal+ (540 millions d'euros) et BeIn Sports (187 millions d'euros) à 1,050 milliard d'euros  », écrit-il dans une note.

« Le groupe Altice, longtemps pressenti comme une menace pour Canal+ sur l'acquisition de droits, a annoncé mercredi dernier se concentrer sur la réduction de sa dette et la monétisation des contenus dont il dispose déjà. Nous pensons que cette situation devrait inciter la Ligue de football à repousser les enchères à plus tard, en attendant une meilleure dynamique d'Altice (diffusion de la Champions League en exclusivité à partir du second semestre 2018). Pour rappel, la ligue a jusqu'à mi-2019 pour choisir ses diffuseurs. Nous restons confiants dans la capacité du groupe Canal+ à garder les deux tiers droits de diffusion de la Ligue 1, le dernier tiers étant partagé entre les acteurs restants. »

(avec AFP)