Pourquoi Snapchat et Skype "mettent en danger" les droits de l'homme, selon Amnesty International

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  422  mots
En ne fournissant pas un service de chiffrement adéquat des conversations, la majorité des applications de messagerie mettent en danger leurs utilisateurs selon l'ONG.

"Si vous pensiez que les services de messagerie instantanée étaient protégés, vous risquez d'être surpris", prévient Sherif Elsayed-Ali, directeur de l'équipe Technologie et droits humains à Amnesty International. Alors qu'en France les applications de messagerie se banalisent, représentant 40% du temps passé sur smartphone selon Flurry (Yahoo!), les applications n'offrent pas toutes le même niveau de confidentialité.

Pour identifier les bons et les mauvais élèves, Amnesty International a publié le 21 octobre une étude intitulée "Conversation privée?". Après avoir passé au crible 11 entreprises de l'Internet, l'ONG en a conclu que certains "n'ont pas mis en place les mesures les plus élémentaires de protection de la vie privée sur leurs services de messagerie instantanée". Citant explicitement Snapchat et Microsoft - via son application Skype -, elle estime même qu'ils mettent "ainsi en danger les droits fondamentaux de leurs utilisateurs".

Seules trois entreprises proposent un service satisfaisant

Parmi ses critères d'évaluation, Amnesty International prête une attention particulière au niveau de chiffrement des conversations, considéré comme "l'exigence minimale [...] pour garantir que les informations personnelles échangées dans les applications de messagerie restent privées". Après analyse, seules trois entreprises proposent un service satisfaisant, avec un chiffrement de bout en bout par défaut sur toutes leurs applications de messagerie.

En bas du classement, on retrouve les applications chinoises du géant Tencent qui obtient la note de 0 sur 100. Si l'ONG est si sévère, c'est parce que le propriétaire de WeChat est le seul a ne pas avoir déclaré publiquement qu'il ne répondrait pas aux requêtes des gouvernements qui lui demanderaient d'installer des portes dérobées sur ses services de messagerie.

"Nos communications sont menacées en permanence par les cybercriminels et par l'espionnage des États, rappelle Sherif Elsayed-Ali. C'est aux entreprises du secteur des technologies de réagir aux menaces contre la vie privée et la liberté d'expression de leurs utilisateurs."

Enfin, les scores de Snap et Microsoft sont pour le moins inquiétants. Les jeunes délivrent pléthores d'informations personnelles via Snapchat, mais le caractère éphémère des échanges ne signifie pas qu'ils sont totalement supprimés de la toile.

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> Pour en savoir plus : chiffrement : pourquoi Apple résiste au FBI et à la NSA (notamment "raison numéro 3 : les "portes dérobées" fragilisent l'ensemble du système au bénéfice des cybercriminels")