Patrick Drahi et Numericable dans le collimateur du fisc et de Bercy

Par Laszlo Perelstein  |   |  391  mots
Malgré le rachat de SFR par Numericable, son patron Patrick Drahi n'a pas prévu de revenir résider en France. (Photo : Reuters)
Résident en Suisse, la patron du câblo-opérateur a attiré l'attention du ministère des Finances avec l'annonce du rachat de SFR par Numéricable. Sa société fait également l'objet d'un litige fiscal concernant une TVA impayée entre 2006 et 2010.

Pour Patrick Drahi, iI ne fait pas bon vivre en Suisse. Après la demande d'Arnaud Montebourg de rapatrier ses biens en France, le ministère des Finances a ouvert une enquête sur la situation fiscale du patron du câblo-opérateur Numericable, choisi par Vivendi pour acheter sa filiale SFR, a rapporté BFM Business mardi.

"Selon une source gouvernementale, Bercy a lancé une enquête sur sa situation fiscale, et notamment sa résidence fiscale exacte", écrit ainsi le site d'actualité.

Changement régulier d'adresse

Le ministère des Finances semble particulièrement intrigué par les adresses déclarées par Patrick Drahi. Il y a deux mois lors de la constitution de sa holding Altice, il avait déclaré habiter Zermatt, "situé à 124 kilomètres à vol d'oiseau de Genève". En 2008, il résidait pourtant à Rolle, "dans le canton de Vaud, à 32 kilomètres de la Genève". Et en 2001, c'est à Cologny, une commune du canton de Genève, que l'on pouvait le trouver.

     >> [PORTRAIT] Patrick Drahi, un discret milliardaire

Pour un avocat fiscaliste interrogé par BFM Business, de tels déplacements pourraient être pour raisons fiscales, les avantages et leur durée variant en effet d'un canton à l'autre.

Quoi qu'il en soit, Patrick Drahi n'a exprimé aucune intention de revenir résider en France. Interrogé sur la question suite aux propos du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, le fondateur de Numericable a déclaré lundi "ne pas avoir prévu de faire rentrer [sa] famille en France. Je vais déjà investir 3 milliards d'euros en France, c'est un rapatriement massif".

Redressement fiscal pour TVA impayée

Parallèlement, l'opérateur de télécoms fait face à un redressement fiscal. Selon L'Express, l'administration réclamerait depuis le 17 février 36,3 millions d'euros à Numericable pour "un montant de TVA impayé entre 2006 et 2010, et des charges de prestations de services contestées"

Si l'information n'est pas nouvelle, son montant est plus important qu'auparavant. Les comptes de la société pour la période de six mois close le 30 juin 2013 rapportait en effet dans un chapitre intitulé "Litiges fiscaux" le provisionnement de 25,1 millions d'euros pour "couvrir la totalité des risques TVA" omettant volontairement les "pénalités de 40% dont le montant [s'élevait alors] à 7,1 millions d'euros".

Pour rappel, Numericable a réalisé sur l'exercice 2013 un résultat net de 65 millions d'euros.