5G : les opérateurs vont bien passer par des enchères financières

Par Pierre Manière  |   |  491  mots
Selon plusieurs analystes sondés par La Tribune, l'Etat pourrait empocher entre 2,6 et 3 milliards d'euros au terme des enchères pour les fréquences 5G. (Crédits : Yves Herman)
Dans un entretien au journal Le Monde, Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat en charge des télécoms, a donné le coup d’envoi du processus d’attribution des fréquences 5G aux opérateurs. Pour la première fois, elle indique que le gouvernement procédera à des enchères financières, et compte bien utiliser la manne des fréquences pour renflouer les caisses de l’Etat.

Il n'y aura pas de nouveau New Deal. Il y a plus d'un an, le gouvernement a prolongé certaines licences d'utilisation de fréquences des opérateurs télécoms en échange d'investissements importants dans les zones « blanches » et « grises », où le mobile ne passe pas - ou très mal. Ce faisant, l'exécutif a fait prévaloir l'aménagement du territoire à l'encaissement, comme c'était jusqu'alors le cas, d'un gros chèque. Avec l'attribution des fréquences 5G, certains se demandaient si le gouvernement allait faire de même. Ce ne sera pas le cas.

Ce mercredi, dans un entretien au journal Le Monde, Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'Etat en charge des télécoms l'a confirmé : le gouvernement a choisi de procéder à des enchères financières pour l'attribution des fréquences 5G. Il y a « un objectif d'équilibre des recettes pour l'Etat », a affirmé la ministre. « Sur ce point, l'enjeu est de trouver le juste milieu avec l'ampleur des investissements à réaliser par les opérateurs », a-t-elle ajouté. L'équation est simple sur le papier, mais ô combien délicate à définir : si le gouvernement ponctionne trop d'argent aux opérateurs, ceux-ci investiront moins dans les réseaux. Autrement dit, dans ce cas, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free déploieront leurs antennes et infrastructures de manière prioritaire dans les territoires les plus denses (car les plus rentables), au risque de trop délaisser les zones rurales et les territoires les moins peuplés. Il est donc crucial, pour l'Etat, de placer le curseur au bon endroit.

Pas de fréquences réservées pour certains industriels

Pour le gouvernement, l'attribution des fréquences 5G, dont le processus doit débuter à l'Automne pour s'achever d'ici à la fin de l'année, constitue une occasion de récupérer beaucoup d'argent. Les analystes financiers sondés par La Tribune estiment que l'Etat pourrait en retirer entre 2,6 et 3 milliards d'euros. En Italie, où l'Etat, qui a délibérément voulu profiter de la 5G pour soutirer un maximum d'argent aux opérateurs, la note s'est élevée, il y a six mois, à quelques 6,55 milliards d'euros... Et en Allemagne, où les fréquences sont en vente depuis quelques jours, la barre des 5 milliards d'euros a été franchie.

Agnès Pannier-Runacher a confirmé que les enchères françaises concerneront les quatre opérateurs nationaux (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free), et qu'une part des fréquences ne sera pas réservée à certains industriels (comme ceux de l'automobile, par exemple, pour qui la 5G est importante pour développer la voiture autonome). En outre, la ministre précise qu'il y aura un prix de réserve lors des enchères, même si celui-ci reste à définir.