Acteur de l’économie circulaire, Largo entre en bourse

Cinq ans après être venu sur le marché du reconditionnement de téléphones mobiles, le nantais Largo s’apprête à entrer en bourse sur le marché Euronext Growth avec l’ambition de lever plus de 17 millions d’euros pour gagner en notoriété, accompagner son développement vers le B-to-b et répondre à l’intérêt croissant des opérateurs pour le reconditionné.
Depuis sa création, Largo a reconditionné plus de 140.000 smartphones (51.000 en 2020) et aurait ainsi contribué à éviter la production de près de 5.600 tonnes de matières premières et 4.200 tonnes de CO2.
Depuis sa création, Largo a reconditionné plus de 140.000 smartphones (51.000 en 2020) et aurait ainsi contribué à éviter la production de près de 5.600 tonnes de matières premières et 4.200 tonnes de CO2. (Crédits : Frédéric Thual)

Devenu un acteur de l'économie circulaire avec 140.000 smartphones reconditionnés depuis sa création à Sainte-Luce-sur Loire (44), le nantais Largo vient de lancer son introduction en bourse sur le marché Euronext Growth. En 2017 et 2019 déjà, l'entreprise avait mené deux levées de fonds de 2 millions et 1 million d'euros auprès des business angels d'ABAB (Atlantique Business Angels Booster) pour bâtir un process industriel entièrement internalisé en France et prendre pied sur le marché du reconditionné. Il s'agit, cette fois, aller beaucoup plus loin sur un marché estimé à 700 millions d'euros en France où près de 2,6 millions de smartphones ont été remis en état et en circulation en 2020. Entre 2016 et 2019, la part de marché de ce secteur n'a cessé de progresser pour atteindre 11,3%. Une proportion qui, selon les dirigeants de Largo, devrait grossir en raison des 100 millions de téléphones dormant dans les tiroirs des Français dont au moins les deux-tiers seraient en état de marche. Une mine !

Or, selon l'Ademe, le recours à un appareil reconditionné réduirait de 75% l'empreinte carbone d'un smartphone imputable à la phase de production. Un intérêt écologique non négligeable au regard de l'état de la planète que les dirigeants de Largo ont bien intégré. « D'après un rapport de l'ADEME, près de 70 matériaux sont nécessaires à la production d'un smartphone, dont 50 métaux extraits à travers le monde ; au total, un smartphone neuf nécessite près de 4 tours du monde pour être fabriqué », argumentent les fondateurs de Largo, Christophe Brunot, Pdg et Frédéric Gandon, directeur général délégué, en charge des achats et de la production. « En quelques années, le smartphone reconditionné est devenu une alternative crédible au neuf », résume Christophe Brunot, qui espère, cette fois, lever de 17,3 à 22,5 millions d'euros, selon les options choisies. L'offre est ouverte à la fois aux particuliers et aux investisseurs institutionnels français et internationaux, avec des actions dont le prix se situe entre 9,87 euros et 13,35 euros. Pour Largo qui affiche un taux de croissance annuel de 18% depuis 2017 et un chiffre d'affaires de 10,3 millions d'euros en 2020, l'ambition est d'atteindre un Ebitda positif en 2022 et à plus long terme de dépasser les 70 millions de chiffres d'affaires en 2025 avec une marge d'Ebitda à 7%.

Des approvisionnements complémentaires...

Jusqu'à présent essentiellement concentré sur la vente indirecte en B-to-C, à travers les réseaux physiques (77% des ventes) de la grande distribution (Cora, Leclerc, Super U...) et de la distribution spécialisée (Bureau Vallée, Coriolis...) et le réseau des back market (Fnac.com, Cdiscount, Amazon...) sous marque blanche, Largo a, en novembre dernier, lancé sa propre plateforme de e-commerce rilax-mobile.fr, s'est diversifié vers les tablettes et les ordinateurs portables et a commencé à s'aventurer sur le marché du B-to-b, via sa filiale « Havetech », qu'elle détient à hauteur de 20%.

« C'est un moyen de toucher des sources d'approvisionnement supplémentaires à travers la reprise d'équipement usagers dans les entreprises. Ce buy-back - reprise- présente le double intérêt d'offrir, non seulement, un accès à un très large éventail de modèles en termes de grades cosmétiques (A+, A, B ou C) pour répondre aux besoins plus variés de la vente directe sur Internet mais aussi de limiter l'empreinte carbone en collectant des produits à proximité venant essentiellement de France et d'Europe de l'Ouest », expliquent les dirigeants de Largo, dont les approvisionnements provenaient en 2020 à 80% de brokers américains et européens.

A travers cette démarche et la mise en avant de son site de e-commerce, l'entreprise nantaise entend inciter les acteurs économiques engagés dans une politique de RSE à avoir recours à des flottes d'appareils reconditionnés, dont la décote atteint 30% à 50% du prix d'un appareil neuf, à travers une offre dédiée.

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... et de nouveaux débouchés

« Ce projet d'introduction en bourse doit aussi nous permettre de consolider nos positions auprès des distributeurs et de déployer des leviers de croissance pour s'imposer comme un acteur français clé auprès des opérateurs télécoms comme SFR ou Orange dont l'offre de produits reconditionnés avoisine aujourd'hui les 10% », indique Christophe Brunot. En ce sens, Largo vient de finaliser un accord avec Digicel, le troisième opérateur des Caraïbes et poursuit ses discussions avec l'opérateur portugais Meo et le français SFR, devenus plus sensibles aux reconditionnés face à des consommateurs de plus en plus attentifs à ces arguments, que ce soit pour des raisons écologiques ou économiques. Face à des opérateurs qui imposent un reconditionnement en France, Largo revendique fièrement sa stratégie Made In France et son implantation de Sainte-Luce sur-Loire (40 personnes) où un processus de labellisation RSE Lucie 26000 pourrait aboutir pour l'été 2021. Sur un marché où la transparence et la confiance sont déterminants, Largo effectue 123 tests de contrôle pour chacun des appareils passés entre ses mains. Il garantie une immobilisation de 24 à 72 heures maximum dans le cadre de son SAV,  et veut, là aussi, aller plus loin. « On étudie un système de QR Code qui permettrait de visualiser à 360° l'appareil reconditionné que le consommateur désire acheter. Celui-là et pas un autre. Un genre de contrôle technique garanti comme pour l'automobile», souligne Christophe Brunot.

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Commentaires 2
à écrit le 10/04/2021 à 11:41
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Une belle initiative d'autant qu'avec la paupérisation de masse qui est là il y aura de plus en plus de clients si les prix sont attractifs évidemment.

à écrit le 09/04/2021 à 22:05
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Bravo belle aventure !

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