Free Mobile couvre 78% de la population en 3G, l'Arcep confirme

Par Delphine Cuny  |   |  784  mots
L’opérateur a bien respecté ses engagements de couverture, cinq ans après l’attribution des fréquences, comme l’a vérifié le régulateur sur le terrain. Free fait valoir qu’il est allé beaucoup plus vite que les trois autres opérateurs.

Cinq ans après l'attribution des fréquences et trois ans après le lancement commercial de Free Mobile, l'opérateur couvre bien « au moins 75% de la population métropolitaine » par son propre réseau en 3G, et même un peu plus, 78% affirme-t-il, respectant ainsi les engagements de sa licence. L'Arcep, le régulateur français des télécoms, l'a vérifié sur le terrain, lors d'une « campagne de mesures qui s'est déroulée entre le 29 janvier et le 2 mars 2015 », réalisées par le cabinet spécialisé Directique : il certifie que cette obligation est respectée « à l'extérieur des bâtiments et hors itinérance avec le réseau d'un autre opérateur mobile », à savoir Orange, qui lui loue son réseau.

« Plus de 40.000 mesures ont été effectuées avec des terminaux dont l'accès aux réseaux 2G et 4G ainsi qu'au réseau 3G d'autres opérateurs étaient désactivés » précise l'Arcep dans un communiqué. « Cette obligation a été vérifiée par la même méthode que celle appliquée à tous les opérateurs mobiles depuis les années 2000. »

Le sujet est hautement sensible. Au lancement de Free Mobile, en janvier 2012, une violente polémique avait éclaté sur la réalité de la couverture du réseau du nouvel entrant, qui était suspecté par ses concurrents de ne pas allumer ses antennes et de s'appuyer quasi-totalement sur le réseau d'Orange. Envoi d'huissiers par la concurrence, plainte des syndicats de salariés des rivaux auprès du Conseil d'Etat, demande d'un rapport à l'Agence des fréquences(ANFR) par le ministre de l'Industrie et l'Economie numérique de l'époque, Eric Besson : l'arrivée fracassante du quatrième opérateur avait été accueillie très fraîchement. L'Arcep avait dû se plier à un contrôle anticipé de la réalité de la couverture, qui devait atteindre 27% de la population au lancement. Ce qui fut confirmé.

>> Lire "Free Mobile : les raisons des ratés du réseau"


Objectif atteint en 5 ans, contre 6 à 7 ans pour les concurrents

En décembre dernier, l'ancien président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani avait déjà fait savoir que Free « devrait couvrir 75% de la population mi-janvier. » Toutefois en juillet 2014, un rapport sur la couverture des réseaux mobiles des quatre opérateurs avaient conclu à un manque de fiabilité des cartes de Free et de SFR en matière de 4G. Free indique désormais viser 60% de couverture de la population en 4G à la fin de l'année. Le dernier observatoire de l'Agence nationale des fréquences montre que Free compte 4.859 antennes 3G en service au 1er avril, contre 12.000 à 18.000 pour ces concurrents, et 3.051 antennes 4G, soit presque autant que SFR (3.103), mais deux fois moins que Bouygues ou Orange.

Aujourd'hui, le rapport de Directique pour l'Arcep conclut que « la fiabilité de la carte de couverture théorique de Free Mobile est de 96,9%, ce qui est supérieur au taux de 95% qui est réglementairement attendu. » Le gendarme des télécoms rappelle que « la prochaine obligation de déploiement 3G de Free Mobile est fixée au 12 janvier 2018, date à laquelle l'opérateur devra couvrir au moins 90% de la population. »

De son côté, Free, qui aime rappeler que ses concurrents ne respectaient pas leurs obligations de déploiement à l'époque, peut se prévaloir d'être allé en réalité plus vite qu'eux. Comme le montre la carte ci-dessous, s'appuyant sur les données de l'Arcep, Free a mis 5 ans à atteindre les 75% alors que Bouygues Telecom a mis un peu plus de 6 ans, SFR et Orange plus de 7 ans.

« Comparativement aux opérateurs historiques, le déploiement 3G de Free Mobile a été beaucoup plus rapide » souligne Free dans son communiqué.


L'Arcep avait d'ailleurs mis en demeure Bouygues Telecom en 2007 puis Orange et SFR fin 2009, quasiment au moment de l'attribution de la quatrième licence de téléphonie mobile, faute d'avoir respecté leurs obligations de déploiement 3G.

Organiser le "sevrage de l'itinérance"

La maison-mère, Iliad, contrôlée par Xavier Niel souligne que Free est « l'opérateur fournissant l'effort d'investissement le plus élevé, avec un ratio d'investissements sur chiffre d'affaires supérieur à 23% contre environ 15% pour ses concurrents. »

Cependant, les critiques demeurent sur le filet de sécurité que permet le contrat d'itinérance avec Orange, en particulier en 3G. A ce sujet, le nouveau président de l'Arcep, Sébastien Soriano, a fait savoir qu'il était nécessaire d' « organiser la fin de l'itinérance, le sevrage », suivant en cela un avis de l'Autorité de la Concurrence.

« Si l'itinérance se transforme en drogue de substitution, ce n'est pas bon » avait-il déclaré dans une interview au Figaro.