Free perd des wagons d’abonnés sur fond de guerre des prix

Par Pierre Manière  |   |  611  mots
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free). (Crédits : Stephane Mahe)
En France, l’opérateur de Xavier Niel a perdu l'an dernier plus de 250.000 abonnés sur le mobile, et près de 100.000 dans l’Internet fixe.

Tout un symbole : Free est repassé, fin 2018, sous la barre des 20 millions d'abonnés en France. Dans un contexte de guerre des prix (ou d'arroseur arrosé, dans la mesure où c'est lui qui a amorcé cette bataille en cassant les prix du mobile dès 2012), l'opérateur de Xavier Niel a perdu beaucoup de fidèles dans l'Hexagone. Dans le mobile, Free a vu s'envoler plus de 250.000 abonnés, à 13,44 millions de clients, a annoncé le groupe ce mardi, lors de la présentation de ses résultats 2018. La situation n'est pas meilleure dans l'Internet fixe. Pas loin de 100.000 abonnés se sont fait la malle sur ce créneau stratégique - souvent présenté comme la « vache à lait » du groupe -, portant son nombre de clients Freebox à 6,42 millions.

In fine, en France, le principal marché d'Iliad, le chiffre d'affaires du groupe recule de près de 2% à 4,77 milliards d'euros. À la Bourse de Paris, le titre Iliad ne reculait que de 1,13% à 89,48 euros en début d'après-midi - sachant qu'il perdu la moitié de sa valeur en un an. Les investisseurs ont probablement anticipé les mauvais résultats commerciaux de l'année dernière, après les publications, le mois dernier, des solides performances 2018 d'Orange et de Bouygues Telecom.

Offensive dans les télécoms professionnelles

Directeur général d'Iliad, Tomas Reynaud s'est néanmoins montré confiant. À ses yeux, 2018 est « une année de transition ». Selon lui, 2019 sera un meilleur cru, et la croissance sera au rendez-vous au premier semestre 2019. À l'en croire, en France, la stratégie d'Iliad, basée sur la conversion des abonnés de ses offres les moins chères à celles plus haut-de-gamme et rentables, porte ses fruits. Il en veut pour preuve « le succès », dit-il, de la nouvelle box Delta, qui a séduit 100.000 clients à la fin 2018, et la croissance des abonnés à la fibre.

Sur ce créneau, Free titillait le million de clients en fin d'année dernière, soit près de deux fois plus qu'à la fin 2017. Toutefois, dans l'Internet fixe, le revenu moyen par abonné s'affiche en forte baisse de plus de 2 euros, à 31,8 euros. Même son de cloche, d'après Thomas Reynaud, dans le mobile. Si le nombre d'abonnés aux simples forfaits voix a dégringolé, celui des abonnés « 4G illimitée » affiche une forte progression (+723.000 clients en 2018).

En quête de nouveaux relais de croissance en France, Thomas Reynaud a confirmé l'offensive du groupe dans les télécoms pour les entreprises. Sur ce marché qui avoisine les 10 milliards d'euros, ultra-dominé par Orange et dans une moindre mesure par SFR, Iliad veut sa part du gâteau. C'est la raison pour laquelle, il a cassé la tirelire, mi-janvier, pour avaler Jaguar Network, un opérateur marseillais, notamment spécialisé dans les offres de « cloud » (informatique dématérialisée).

Enfin en Italie, où Iliad s'est lancé fin mai dernier, l'opérateur dispose désormais de 2,8 millions de clients sur le mobile, ce qui représente une part de marché d'environ 3%. Un départ qui satisfait l'état-major du groupe. Sachant que Xavier Niel a indiqué viser, à terme, une part de marché de 15%.

Pour se renflouer, Iliad étudie aussi la possibilité de vendre des pylônes où ses antennes mobiles sont installées. Une démarche déjà effectuée par ses rivaux Bouygues Telecom et SFR lorsqu'ils étaient, par le passé, en difficulté. « C'est une réflexion en cours, mais aucune transaction n'a été réalisée pour le moment », affirme Thomas Reynaud.