Pourquoi la perte d’ARM serait un gros coup dur pour Huawei

Par Pierre Manière  |   |  551  mots
La semaine dernière, Washington a décidé de bloquer l’accès de Huawei aux technologies américaines. (Crédits : Charles Platiau)
La société britannique, qui conçoit des puces pour tous les cadors mondiaux des smartphones et de la tech, a décidé de limiter, voire de cesser, de collaborer avec le géant chinois des télécoms. Ce qui pourrait lui poser de graves difficultés.

ARM n'est pas connu du grand public. Et pourtant, son activité est essentielle dans le monde des nouvelles technologies. La société britannique, qui compte 6.000 salariés et possède notamment huit centres de recherche aux Etats-Unis, conçoit des semi-conducteurs pour l'ensemble de l'industrie des télécoms. Elle ne produit pas directement des processeurs, mais ses licences sont utilisées par tous les grands groupes, comme l'américain Qualcomm, le sud-coréen Samsung et, bien sûr, Huawei. Son savoir-faire se retrouve dans la quasi-totalité des smartphones et des tablettes. En clair, c'est un acteur aujourd'hui indispensable sur le marché.

Or selon la BBC, ARM a pris des mesures pour limiter, voire cesser, ses relations avec Huawei. Le groupe, dont les technologies utilisent des éléments d'origine américaine, a demandé à ses employés de suspendre tous ses contrats en cours avec le groupe chinois. A l'AFP, l'entreprise a déclaré qu'elle voulait « se conformer à toutes les dernières réglementations décidées par l'administration américaine ». La semaine dernière, Washington a décidé de bloquer l'accès de Huawei aux technologies américaines. Depuis, plusieurs groupes du pays de l'Oncle Sam, dont Google et les fabricants de semi-conducteurs comme Qualcomm, ont décidé de cesser de commercer avec le champion chinois des équipements télécoms et des smartphones.

« ARM est juste irremplaçable »

Pour bon nombre d'observateurs, une fin de la coopération de ARM avec Huawei pourrait s'avérer dévastatrice pour ce dernier. Fondateur du cabinet de recherche américain américain Techsponential, Avi Greengart n'y va pas par quatre chemins. A ses yeux, « ARM est juste irremplaçable ». « Les processeurs mondiaux sont tous fabriqués selon la conception d'ARM, poursuit-il. ARM vend ses licences à tout le monde. » Sans ARM, beaucoup estiment qu'il sera extrêmement difficile pour Huawei de rester en pointe dans les smartphones.

ARM a été rachetée en 2016 par le géant nippon des télécoms Softbank. Pour s'offrir le concepteur de puces pour smartphones, le groupe japonais n'a pas hésité à casser la tirelire : il a déboursé l'équivalent de 29 milliards d'euros. A l'époque, Masayoshi Son, le patron de Softbank, a justifié cette emplette en arguant qu'ARM était bien positionné pour saisir les opportunités de l'Internet des objets.

A noter que Softbank est aussi le propriétaire de l'opérateur américain Sprint. En outre, Masayochi Son est réputé proche de Donald Trump. Il n'a eu de cesse de le caresser dans le sens du poil depuis son arrivée à la Maison Blanche. Il a été l'un des premiers grands patrons à féliciter publiquement le président américain pour son élection, tout en lui promettant d'énormes investissements au pays de l'Oncle Sam. De très médiatiques sorties, qui ont été perçues comme un moyen de s'attirer les bonnes grâces de Donald Trump. Afin, possiblement, de décrocher enfin le feu vert des autorités américaines pour réaliser la fusion de Sprint avec son rival T-Mobile US. Ce lundi, le régulateur américain des télécoms s'est d'ailleurs montré favorable à un tel mariage.