Encadrement des loyers : la mairie de Paris s'impatiente

Par Mathias Thépot  |   |  576  mots
Les équipes d'Anne Hidalgo souhaitent ardemment que l'encadrement des loyers soit appliqué à Paris.
Sans décret, pas d'application. La mise en œuvre de l'encadrement des loyers à Paris est trop lente au goût de la municipalité.

Pourtant promis pour l'automne, l'encadrement des loyers du parc privé voté dans la loi Alur risque ne pas voir le jour à Paris en 2014. Une situation qui agace la maire de Paris, Anne Hidalgo, ainsi que son entourage, qui s'est toujours prononcé pour l'instauration de la mesure dans la capitale. "Depuis dix ans, les loyers ont augmenté de 33% à Paris. Nous souhaitons que cet encadrement des loyers puisse être mis en œuvre le plus rapidement possible. Ça tarde trop. C'est une mesure qui est attendue par les Parisiens, qu'ils soient de familles modestes ou issus des classes modestes. Il est temps d'agir !", invectivait lundi l'adjoint au maire chargé du Logement, Ian Brossat, sur France Bleu.

Paris a tous les outils pour que ses loyers soient encadrés

Paris devrait être, à en croire la ministre du Logement, Sylvia Pinel, le seul endroit où s'appliquera dans un premier temps l'encadrement des loyers. Son application dans la capitale -qui doit faire figure de test national- se fait donc attendre, d'autant que l'agglomération parisienne est déjà dotée d'un observatoire des loyers, l'Olap, et possède donc déjà des outils suffisants pour lancer le dispositif sur le terrain.

Un décret qui se fait attendre

Mais la publication d'un décret, qui fixera concrètement les loyers médians qui serviront de référence à l'application de la mesure, se fait attendre. Et sans décret, pas d'encadrement.  La lenteur des pouvoir publics n'est, dans ce cadre, pas des plus surprenantes, tant François Hollande et Manuel Valls semblent réticents à l'idée d'instaurer ce dispositif, de peur de faire fuir les investisseurs et de bloquer encore plus le marché de l'immobilier résidentiel. A la fin août, soit quelques mois après le vote de l'encadrement des loyers par le Parlement français, le Premier ministre a d'ailleurs annoncé restreindre son périmètre à Paris intramuros, alors qu'il était initialement prévu qu'il s'applique dans toutes les zones où le marché du logement est tendu.

Un comité scientifique contre l'encadrement ?

Par ailleurs, la majorité du comité scientifique, chargé de vérifier la qualité des statistiques produites par les observatoires locaux des loyers, ne serait pas non plus favorable à l'instauration d'un encadrement des loyers à Paris et en France.
Autant de petits signes qui laissent craindre que, malgré la volonté de la mairie de Paris, l'encadrement des loyers y sera appliqué très tardivement.

Un loyer médian entre 32 et 35 euros du mètre carré par mois...

De quoi décevoir une partie des 425.000 locataires du parc privé parisien, la catégorie la plus représentée à Paris intramuros, qui attendent de voir s'ils pourront à l'avenir consacrer une part moins prohibitive de leur revenu pour se loger.

La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) du Grand Paris indiquait, par exemple la semaine dernière, que le prix médian au mètre carré pour les biens proposés en location à Paris est de 31,87 euros par mois lorsque le locataire passe par un professionnel de l'immobilier pour louer. Ce prix médian serait même 34,85 euros du mètre carré quand le locataire traite directement avec son bailleur. Et ce, en sachant que, plus la surface est petite, plus le loyer au mètre carré est élevé.

L'Olap, qui raisonne en moyenne, indique, de son côté, que le loyer moyen des emménagements dans le parc locatif privé était de 24,2 euros du mètre carré par mois en 2013.