Comment faire baisser le coût du logement pour les étudiants ?

Par Hugo Baudino  |   |  887  mots
Construire plus d'habitations dédiées fait partie des solutions permettant de réduire le coût du logement pour les étudiants
Le logement pèse toujours autant dans le budget des étudiants. Outre l'encadrement des loyers, dont les effets ne se font pas encore pleinement sentir, des remèdes existent-ils ?

Appuyé par deux études sorties en moins de trois jours, le constat est formel : le coût de la vie étudiante est en nette augmentation en 2016. L'Union nationale des étudiants de France (Unef) a publié le 14 août son enquête sur le coût de la vie étudiante 2016, qui faisait état d'une progression globale de ce coût de 1,23%. Le mardi 16 août, c'est la fédération des associations générales étudiantes (Fage) qui sort son traditionnel indicateur du coût de la rentrée. La hausse y est quantifiée à 1,01% et le coût moyen de la rentrée par étudiant s'élève désormais à 2.359 euros. Ces deux chiffres demeurent bien plus élevés que le niveau d'inflation générale en France, limité à 0,2% en 2016.

Le budget requis pour mener à bien un cursus universitaire est devenu trop important pour beaucoup d'étudiants. Selon l'Unef, 50% d'entre eux sont ainsi contraints de se salarier pour financer leurs études, ce qui soulève un problème important : le fait de travailler à côté de ses études est la première cause d'échec à l'université. Quelles sont donc les leviers, pour le gouvernement comme pour les particuliers, qui peuvent permettre d'endiguer cette hausse et de redonner de l'air aux budgets des étudiants ?

Sans surprise, le principal poste de dépense en cause dans cette hausse du coût de la vie étudiante est le logement. Le loyer mensuel moyen pour un étudiant en province est de 428 euros par mois, en augmentation de 0,6% par rapport à l'an dernier. Ce montant dépasse les 600 euros dans la plupart des villes universitaires d'Ile-de-France (674 euros à Nanterre, 685 euros à Créteil) et culmine à 806 euros à Paris (+1,38% depuis 2015), selon les chiffres de LocService.fr utilisés par l'Unef. C'est donc ce poste de dépense sur lequel il faut agir en priorité pour les étudiants.

Lire aussi : Nouvelle hausse du coût de la vie étudiante pour la rentrée 2016

Un encadrement des loyers efficace... mais peut mieux faire

Mis en place il y a tout juste un an, l'encadrement des loyers avait pour objectif d'éviter que les prix du marché locatif continuent leur envolée dans les zones tendues. Pour l'instant limité à Paris intra-muros, le dispositif semble commencer à faire ses preuves, avec une hausse des loyers limitée à 0,5%, se rapprochant de l'évolution de l'indice de référence des loyers (IRL), "dont la progression moyenne annuelle est de 0,2%", rappelle l'Observatoire des loyers. A titre de comparaison, les loyers parisiens augmentaient d'environ 3% chaque année entre 2006 et 2013. Cependant l'efficacité de l'encadrement des loyers n'est pas encore suffisante, comme on peut le constater avec le niveau des loyers payés par les étudiants à Paris en 2016 évoqué précédemment.

Les autres dispositions récemment prises par le gouvernement auront peut-être encore moins d'impact sur le montant des loyers payés par les étudiants. Ainsi, le rabotage des APL pour les loyers trop élevés pourrait en réalité pénaliser en premier lieu les locataires, avant d'inciter les propriétaires à ne pas inclure le montant des APL dans les loyers demandés. Le problème demeure le même : la demande est trop importante par rapport à l'offre de logement disponible et les locataires sont donc systématiquement en position de faiblesse par rapport aux propriétaires. Maigre consolation pour les étudiants, ils seront concernés par le dispositif Visale dès l'automne 2016. Cette caution publique, qui couvre les loyers impayés pendant les 3 premières années du bail, sera en effet étendue à tous les locataires de moins de 30 ans le 30 septembre au plus tard.

En attendant une réelle baisse des loyers dans les différentes villes universitaires françaises, les étudiants n'ont guère d'autre choix que celui de trouver des alternatives pour se loger moins cher. Beaucoup font le choix de rester habiter chez leurs parents, de prendre une chambre chez l'habitant ou de s'installer en colocation, ce qui paraît inévitable quand on constate les niveaux moyens demandés pour un studio de 20m2 dans certaines villes (chiffres de LocService) : 599 euros à Nice, 505 euros à Bordeaux, 534 euros à Lyon...

Pour essayer de faire baisser ces moyennes locales, la Fage demande l'extension de l'encadrement des loyers "dans toutes les agglomérations où la tension locative est élevée". Une augmentation de l'offre de logements dédiés aux étudiants pourrait également rééquilibrer le marché et rendre le logement plus accessible aux étudiants, dans tous les sens du terme.

Quelles solutions alternatives pour contourner les loyers trop élevés ?

Certaines solutions s'offrent aux étudiants pour trouver plus facilement un logement convenable. Ainsi, le site Studapart fournit aux 85 établissements avec lesquels il est partenaire une plateforme de logements qui centralise les annonces dédiées aux étudiants, près du campus ou à l'étranger, pour les étudiants en Erasmus.

L'échange de chambre entre les étudiants pourrait également prendre de l'ampleur dans les prochains mois. Sur le même principe qu'un échange de maison classique, un étudiant échange la chambre qu'il occupait dans la maison ou l'appartement de ses parents avec une chambre chez les parents d'un autre étudiant. Complètement gratuite pour les deux parties, cette solution peut s'avérer particulièrement pratique en cas de stage de quelques mois dans une autre ville, par exemple. Encore faut-il avoir l'accord des parents...