Saga Africa

Paris reste la capitale mondiale de l'Afrique, tout au moins pour ses arts: outre une extraordinaire exposition consacrée aux Dogons du Mali au musée du Quai Branly, plusieurs collections de prestige y sont dispersées. Les prix, qui ne cessent de grimper, peuvent être faramineux.
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L'art africain est particulièrement ardu, car chaque objet a un rôle propre, généralement d'établir un lien avec les esprits. Plus que son esthétisme - notion occidentale - c'est son usage sacré qui fait sa valeur. Les spécialistes disent alors qu'il est "bon". Problème, il est des marchands (qui organisent également des ventes), qui authentifient parfois des pièces douteuses. Avec la hausse incessante des prix cette dernière décenie, le marché est inondé de contrefaçons et on trouve des faux jusque dans les musées. La vigilance s'impose.

Si pour les plus avertis, l'ancienneté n'est qu'un critère d'appréciation secondaire, ce qui leur importe souvent est le pedigree. Les collectionneurs sont très attentifs à l'origine : si le nom du collecteur et/ou celui d'un grand collectionneur est revélé, la valeur de l'objet peut doubler, et surtout celui-ci devient "traçable". C'est à Paris que se retrouvent tous les grands amateurs du genre, soutenus par d'excellentes galeries et de ventes aux enchères de prestige. Traditionnellement, c'est dans la capitale tricolore que s'adjugent deux fois l'an, lors de dispersion de collections renonmées, des prix conséquents, car le marché est porteur, souvent complémentaire de celui de la peinture contemporaine.

Le 14 juin, Christie's France met aux enchères plusieurs collections d'arts africain, océanien et nord-américain, en commençant par des objets du quotidien, (peignes, poulies de métiers à tisser, pilons, à partir de 2.000 euros) puis de nombreuses statuaires et quelques masques. La vente plus notable concerne en fin de vacation la dispersion de 24 objets de la collection Holz, avec beaucoup de lots cotés aux alentours de 30.000 euros, et en vedette on trouve, notamment, un reliquaire Kota du Gabon (1 million d'euros) et un masque Songye de la RDC (250.000 euros).

Beaucoup plus prestigieuse encore est la séance proposée le lendemain 15 juin par Sothebys France avec là aussi une double vacation. D'abord la vente de 111 lots de très bonne facture (dans tous les sens du mot), par exemple un masque Ijebu du Nigéria (50.000 euros),un masque Kwelé du Gabon (160.000 euros) un masque blanc Lega de la RDC (300.000 euros) ou une statue d'ancètre Hemba toujours de la RDC (600.000 euros). Ensuite et surtout "LA" cession de dix pièces ayant appartenu au collectionneur Pierre Guerre, très connu des spécialistes, lui qui a acheté sa première statuaire africaine à l'age de 12 ans en 1922, et qui jusqu'à sa mort en 1975, ne cessera d'acquérir ce qu'il se fait de mieux en la matière.

Une partie de ses trésors (86 pièces) est aujourd'hui très bien mise en valeur dans le musée dédié à Marseille, une autre est dispersée au fil des ans. Ainsi, en 1996, une rare figure de reliquaire Byéri Fang du Gabon avait été adjugée au prix alors record de 5,5 millions de francs (850.000 euros). Une statue Byéri très proche est cette fois mise à l'encan : estimation autour de 2 millions d'euros. Autres lots remarquables: une statue féminine attribuée au "Maître d'Ogol" Dogon du Mali (450.000 euros), ou une figure de reliquaire Kota (150.000 euros).

Enfin, beaucoup plus banale (et aux frais moindres, 24% contre près de 30% chez les anglo-saxons) est la vente du 17 juin organisée par la SVV Ferri: outre quelques tableaux de Jean Deyrolle, peintre abstrait des années 1950, ce sont quelques cinquante objets africains de la collection de ce peintre qui sont proposés à la vente, à des estimations nettement moindres, car bien moins prestigieuses, mais parfois de bonne tenue comme ces trois pièces de Cote d'Ivoire: un masque Yaouré (4.500 euros), un personnage debout Senoufo (8.000 euros) ou une statuette Baoulé d (12.000 euros).

Le 14 juin, 9 avenue Matignon, Paris 8, renseignements: www.christies.com
Le 15 juin, 76 rue du Fbg St Honoré, Paris 8, renseignements: www.sothebys.com
Le 17 juin, Drouot Richelieu, salle 4, renseignements: www.ferri-drouot.com

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