Martine Aubry continue son retour sur la scène médiatique après une semaine marquée par l'entrée en campagne fracassante de Ségolène Royal. Après sa longue interview au Journal du Dimanche, la première secrétaire du Parti socialiste était mardi l'invitée de la matinale de France Inter. Une nouvelle occasion pour elle de se poser en garante du processus des primaires qui doit aboutir dans un an à la désignation du candidat socialiste pour 2012. "Nous avons avec Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et d'autres la volonté de réussir ensemble. Nous avons une grande responsabilité. Pour une fois que des dirigeants politiques ne mettent pas leurs ambitions personnelles devant l'ambition collective !", a-t-elle lancé.
"Dominique et moi répondrons à la question avant juin", a rappelé Martine Aubry. "Avant, on nous critiquait parce qu'on était divisés. Pour Dominique, comme pour Laurent Fabius, comme pour moi-même, cela fait trois ans qu'on travaille ensemble. Nous avons des parcours, des personnalités différentes, mais la responsabilité de notre génération, c'est d'apporter le projet qui va redonner confiance à la France".
Martine Aubry ne parle désormais plus de "pacte" pour définir son alliance avec le directeur général du FMI, préférant évoquer une "cohérence politique". Elle a dit n'avoir "jamais imaginé" que Ségolène Royal avait "renoncé" à être candidate. "C'est son choix, je respecte le choix de chacun, le calendrier n'impose pas de ne donner sa candidature qu'au mois de juin. En juin, on devra connaître toutes les candidatures", a-t-elle expliqué, poursuivant la stratégie de banalisation de l'entrée en scène de l'ex-candidate de 2007.
Pour la patronne du PS, "aucun candidat, aussi brillant soit-il, et nous en avons beaucoup, ne peut se dire" qu'il a seul la réponse aux défis qui se posent à la France. "Le projet commun, cela doit être notre patrimoine commun", a-t-elle souligné. "Chaque candidat, avec sa personnalité, ses intuitions, son empathie avec les Français, dira ensuite sur quel sujet il veut avancer en premier. Mais je ne vais pas m'inquiéter parce qu'il y a beaucoup de candidats !"
Martine Aubry, qui n'entend pas bousculer le calendrier de préparation de la présidentielle, en dépit de l'opposition de présidentiables comme Ségolène Royal ou François Hollande, qui plaident - mais en ordre dispersé - pour des primaires avant l'été 2011, a réaffirmé que le projet des socialistes serait présenté au printemps, "en mars ou en avril". "Nous porterons la cohérence d'ensemble, pour une économie du bien-être, une société du respect, une république irréprochable à un moment où elle est cassée, c'est comme cela que nous porterons haut la voix de la France".
Le PS tient samedi sa convention sur l'égalité réelle, dont le texte a été élaboré par Benoît Hamon, porte-parole du PS et leader de l'aile gauche du parti. Plusieurs ténors du PS, parmi lesquels François Hollande, Pierre Moscovici ou Manuel Valls, ont dénoncé l'absence de priorités et de chiffrage des mesures. "Le projet sera chiffré, nous le chiffrons au fur et à mesure", a répliqué Martine Aubry.