Emmanuel Macron : « La trêve olympique doit nous servir à envoyer un message au monde »

EXCLUSIF- Arrivée de la flamme à Marseille, cérémonie d’ouverture, coûts de la compétition, menaces de grève… Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche et La Provence, le chef de l’État partage sa confiance sur la bonne organisation des Jeux, qui vont, à ses yeux, réconcilier les Français avec leur pays.
Démonstration d'escrime lors de l'inauguration du Grand Palais le 15 avril.
Démonstration d'escrime lors de l'inauguration du Grand Palais le 15 avril. (Crédits : © LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

LA TRIBUNE DIMANCHE- La flamme olympique arrivera mercredi à Marseille. Un récent sondage publié dans La Tribune Dimanche indique que seul un Français sur deux est intéressé par les JO. Espérez-vous que cette arrivée les réconcilie avec l'évènement ?

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EMMANUEL MACRON- Je ne suis pas inquiet. Je note qu'il y a eu beaucoup plus de défiance lors des éditions précédentes, à Londres, Tokyo ou ailleurs, qu'il n'y en a chez nous. L'acceptabilité par les citoyens est pourtant un vrai sujet de préoccupation quand on les organise. Notre pays a envie de vivre ces Jeux, il en est fier. Mais, oui, mercredi à Marseille, ça va désormais devenir une réalité. L'arrivée du Belem marque un nouveau temps, l'arrivée de la flamme va allumer les cœurs. Pendant des semaines, on va vivre une préouverture. Notre territoire va se donner à voir au monde. Ce parcours de la flamme va occasionner une série d'événements locaux et c'est une manière de dire : les Jeux sont aussi les vôtres. Ils le sont d'autant plus que 73 collectivités sont concernées au premier chef en accueillant des épreuves : elles vont être touchées dans leur fonctionnement, leur économie et leur notoriété.

Avec la cérémonie d'ouverture sur la Seine, la France joue-t-elle un quitte ou double d'entrée de jeu ?

Non car nous sommes très préparés. Nous avons mis en place un dispositif inédit pour un événement qui l'est aussi d'un point de vue artistique et en termes de visibilité. L'esprit français est un esprit d'audace.  Cela suppose bien sûr beaucoup de préparation et de professionnalisme. J'ai une confiance totale dans l'ensemble des équipes et des partenaires.

Vous avez évoqué le Stade de France comme solution de repli. Ça semble pourtant impossible d'un point de vue logistique. Qu'en est-il ?

J'ai aussi évoqué le Trocadéro. Il y a des plans B, C, D... De toute façon, il y aura une cérémonie d'ouverture. Il y a une très grande préparation et celle que nous préparons et que nous souhaitons est une première mondiale : sur la Seine. Mais, au moment où je vous parle, je ne pense pas à ça. Le rôle des pouvoirs publics est de penser toujours les scénarios possible mais on prépare surtout un événement majeur. Il faut se projeter. Ça sera une fierté extraordinaire et nous seront prêts. Des milliards de gens vont regarder ce spectacle inédit. On va aussi voir des immenses artistes, des trésors de la chanson française...

Emmanuel Macron

© LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE

Aya Nakamura notamment ?

Si elle est retenue dans le casting final de Thomas Jolly, oui.

Les Jeux sont-ils un moyen de réconcilier les Français avec leur pays ?

Oui. Accueillir le monde est un élément de fierté qui change le regard des Français sur eux-mêmes. Projeter les gens vers de des choix audacieux, ça vaut le coup, en particulier chez nous. On a toujours chez nous cette tension entre une préméditation pessimiste et, dans le même temps, il y a une mobilisation extraordinaire et une volonté de cette audace française. Je la vois. Ce qui me frappe depuis sept ans à chaque fois que je me déplace, c'est que le monde aime et admire la France. On connaît nos défauts. Et je voudrais que ça enlève un peu de ce doute qui rend impuissant. On est capable de le faire, on va le faire.

Emmanuel Macron

© LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE

 Même si les menaces catégorielles se multiplient : cheminots, aiguilleurs du ciel, éboueurs ?

Ça va se régler. Il y a toujours des personnes pour utiliser ces moments-là mais j'ai confiance dans le pays, notamment parce que nos forces syndicales ont l'esprit de responsabilité. Je le constate aussi avec ce que l'on a fait en sept ans. Les Jeux payent les Jeux, c'est la règle que l'on a tenue. l'Etat ne finançant que des infrastructures qui ont vocation à perdurer.

 Mais les Jeux « devraient coûter » entre 3 et 5 milliards d'euros d'argent public, selon le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Est-ce trop ?

On fera le bilan à la fin, en toute transparence, mais vraiment on a eu un esprit de responsabilité et de pérennité pour les infrastructures. La marina à Marseille, ce sera un héritage durable. Le centre aquatique en Seine-Saint-Denis aussi. Sans parler du village olympique, le plus grand projet urbain de création de logements en Europe des dernières années. Ces Jeux ont été un formidable facteur d'accélération, ce sont des investissements dans la durée, au service des Français. Le Grand Palais, c'est la plus grande rénovation culturelle, près de 500 millions d'euros au total, et on va en faire un site formidable qui restera. Rien n'est un éléphant blanc. C'est de l'argent public bien utilisé.

Symboliquement, l'allumage de la vasque est le moment où le pays prend la parole. Qu'aimeriez-vous que la France dise au monde ?

Ce moment-là, c'est Tony Estanguet [le président du Cojop] qui l'organise et c'est lui qui aura à l'annoncer. Mais on le fait en complicité. Ce sera un message sportif, humaniste et de transmission entre les générations. Il est important de ne jamais oublier que ce sont des Jeux olympiques et paralympiques. Ensuite, nous aurons, nous, des initiatives diplomatiques à prendre. La trêve olympique doit nous servir à envoyer un message au monde. C'est l'un des sujets que j'évoquerai avec le président chinois lundi et mardi. Ces Jeux vont nous permettre d'avoir un sommet international 24 heures avant l'ouverture pour promouvoir un agenda correspondant à nos objectifs liminaires, mais la trêve olympique est, pour moi, le principal message. Nous allons essayer de l'obtenir pour l'ensemble des théâtres de conflits.

Y compris en Ukraine ?

Il faut essayer partout.

Emmanuel Macron

© LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE

Des Jeux réussis seront aussi des Jeux où l'équipe de France gagne. Échangez-vous avec des athlètes ?

J'échange avec plusieurs d'entre eux. J'en ai reçu à l'Élysée : Romain Cannone [escrime], Estelle Mossely [boxe], Teddy Riner, Romane Dicko, nos handballeurs et handballeuses, nos basketteuses et nos basketteurs, le foot, le rugby... Pour les écouter aussi dans cette période de préparation. Parce qu'une des phases de ces JO, ça a été la mission que l'on a confiée à Claude Onesta [manager de la haute performance à l'Agence nationale du sport] sur le haut niveau. On sous-investissait et on a augmenté de 68% ce budget. On fait en sorte que les athlètes aient une situation digne. Beaucoup d'athlètes que l'on applaudissait lors des Jeux précédents étaient, je le rappelle, en situation de pauvreté. Ce ne sera plus le cas.

À la différence d'Antoine Dupont, Kylian Mbappé ne fera probablement pas les Jeux. Est-ce une déception ?

Je me suis retrouvé sur un terrain avec son père la semaine dernière[lors d'un match du Variété Club de France, mardi] et je lui ai posé la question. Il m'a dit : « Il a envie de les faire. » J'espère vraiment que tous les clubs européens vont laisser cette liberté à leurs joueurs. Je me félicite que tous les clubs français le fassent et j'espère que les autres suivront. L'esprit olympique, c'est ça : se grandir.

Commentaires 6
à écrit le 05/05/2024 à 20:06
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Déjà pour commencer pourquoi la flamme arrive à Marseille seconde ville poubelle après Paris... Après pourquoi avoir organisé en France un événement si coûteux alors qu'on a une dette de dingue... Après espérons que les citoyens Français soient un ...

à écrit le 05/05/2024 à 15:47
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Par contre pas de trève pour le génocide !!! ce qui dit quand même le cynisme de situation ! allons nous avoir un massacre en même temps?! comme cela ne lui pose pas de problème, c'est comme actuellement si l'on regarde bien ! Le moniseur qui a axé...

à écrit le 05/05/2024 à 13:30
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Si je me repose sur une métaphore, ça me rappelle un peu ce brave type, pavé de bonnes intentions, mais non conscient d'être frappé du syndrome de Diogène, qui invite une bande de nouveaux potes pour faire la fiesta chez lui. Et qui s'étonnera ensui...

à écrit le 05/05/2024 à 12:53
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Une réflexion en passant pour Sieur McKron : "C'est dans les pays où règnent la misére que les jeux de hasard se développe le plus rapidement" ! Vous pariez !;-)

à écrit le 05/05/2024 à 12:33
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Bonjour, la trêve olympique, a s'est pour cela que l'ons refuse les athlètes Russe ... Que l'ons accepte les athlètes juifs.... Oui s'est sûrement cela la justice et l'équité du gouvernement français... Très regrettable ce positionnement de ce gou...

à écrit le 05/05/2024 à 11:12
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"Message" au monde: "Quand on prend aux gens tout leur pain il leur faut plus de jeux !" Et c'est pas sûr Manu car à un moment si les gens n'ont plus à bouffer les jeux ils finissent par s'en moquer mais bon vous êtes persuadés que les pauvres ne osn...

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