Nouvelles manifestations dans le royaume pour réclamer un "Maroc libre"

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues dimanche dans plusieurs villes marocaines pour demander dans le calme l'avènement d'un "Maroc nouveau" sur la base de réformes d'envergure et de la fin des détentions politiques.
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C'était la troisième journée de manifestations de masse dans le royaume depuis leur lancement en février. Ils étaient environ 10.000 à Casablanca, la métropole économique du pays. A Rabat, la capitale, les manisfestants ont dénoncé la corruption, la torture et le taux de chômage, particulièrement élevé chez les jeunes.

Anxieuses d'éviter des troubles comparables à la tempête qui a balayé ces derniers mois les régimes tunisien et égyptien, les dirigeants marocains ont déjà annoncé une série de réformes rognant une partie des prérogatives du roi Mohamed VI et restreignant l'influence de la monarchie dans la sphère économique. Dans ce contexte, les forces de l'ordre sont restées dimanche relativement discrètes aux abords de ces manifestations organisées à l'appel du Mouvement du 20 février, date du premier défilé du genre.

"Cela concerne plus la jeunesse que nous-mêmes", explique Redouane Mellouk, venu défiler avec son fils Mohamed Amine, âgé de huit ans, et brandissant une pancarte demandant "Un Maroc nouveau". "Nos parents ne pouvaient parler politique avec nous, ils avaient peur. Cette situation doit changer", ajoute Mellouk. Un homme de 70 ans ne donnant que son prénom affirme pour sa part que la jeunesse marocaine a raison de protester. "Regardez-les. Ils sont cultivés et comme la plupart des jeunes instruits de ce pays, ils sont désoeuvrés. Tout se fait au Maroc au moyen de privilèges. Il vous faut un oncle ou un parent bien placé pour obtenir quoi que ce soit".

"RÉVOLUTION TRANQUILLE"

En mars, le roi, par ailleurs "Commandeur des Croyants", a annoncé des réformes constitutionnelles rognant une partie de ses pouvoirs et rendant la justice indépendante mais jugées insuffisantes par les manifestants. Mais Il existe toujours un ressentiment au sein de la population à l'égard du poids économique du palais par le biais de sa holding, la Société nationale d'investissement (SNI). Sur l'un des calicots aperçus dans la foule à Casablanca, la holding du palais était présentée comme une pieuvre aux tentacules symbolisant ses filiales avec pour légende:"L'argent ou le pouvoir".

Des islamistes ont participé aux défilés pour réclamer la remise en liberté de tous les détenus politiques. Début avril, les autorités ont relâché 92 d'entre eux, pour l'essentiel des salafistes du groupe Djihad. A Rabat, l'épouse de l'islamiste Bouchta Charef, qui affirme avoir été torturé en prison où il est détenu pour terrorisme, a réclamé la libération de tous les islamistes. "Mes enfants n'ont plus de foyer", a déclaré Zehour Dabdoubu à l'agence Reuters. "Tous les mois, je dois déménager. Je suis persécutée parce que les gens pensent que je suis la femme d'un terroriste". Le groupe islamiste d'opposition Al Adl Ihsane, interdit, fait profil bas lors des défilés du Mouvement du 20 février tout en les soutenant. "Ce qui se passe actuellement au Maroc est excellent, c'est une révolution tranquille", commente Nadia Yassine, fille du fondateur du groupe. "Nous avançons lentement mais sûrement", ajoute-t-elle par téléphone.

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