Syrie : au moins 25 manifestants tués par des tirs des forces de sécurité

Malgré les menaces du gouvernement, des dizaines de milliers de syriens sont descendus dans la rue vendredi pour réclamer le départ du président Bachar al-Assad. La réunion d'urgence du Conseil des Droits de l'homme de l'ONU a abouti au vote d'une résolution condamnant les violences.
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Les vendredis se suivent et se ressemblent en Syrie : les manifestations organisées par l'opposition donnent lieu à une escalade de la violence de la part des forces de sécurité et se terminent dans le sang. Malgré les « mises en garde » du gouvernement, jeudi, incitant les citoyens à ne pas aller manifester, des dizaines de milliers de « jeunes de la révolution syrienne » sont descendus dans les rues pour exiger la démission du président Bachar al-Assad, en solidarité avec la ville de Deraa, le berceau de la révolte assiégé depuis lundi par l'armée. Selon l'Observatoire des droits de l'homme, 50 personnes ont été tuées pour endiguer la révolte. Les manifestants tués ce vendredi portent le nombre total de morts depuis le 15 mars à 518.

C'est encore à Deraa, cette ville pionnière de la révolution, au sud du pays, que la répression a été la plus sanglante vendredi. Au moins seize personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées par des tirs des forces de sécurité à l'entrée de la ville, selon des militants de droits de l'Homme. Le gouvernement a pour sa part annoncé la mort de quatre soldats, tués par des « groupes terroristes extrémistes alors qu'ils remplissaient leur devoir », et trois autres membres des forces de sécurité. D'après les informations parvenues en fin de journée, les manifestations se sont déroulées dans une soixantaine de villes, dont Homs, Midane, Saqba ou Deir El-Zor, théâtres d'affrontements avec les forces de sécurité. Les contestataires ont pu manifester dans le calme dans plusieurs villes.

La communauté internationale réagit mollement

Parallèlement aux manifestations se déroulait une cession extraordinaire, à Genève, du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Verdict : les Nations-Unies ont adopté, par 26 votes pour, 9 contre et 7 abstentions, la résolution proposée par les Etats-Unis qui condamne la répression syrienne. Le Conseil des droits de l'homme a demandé l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'homme depuis le début de la révolution. Une décision précise après une journée d'intenses débats qui paraît maigre alors que la situation s'aggrave en Syrie, mais qui révèle les craintes de la communauté international à agir contre un Etat dont l'implosion serait source de conséquences imprévisibles pour la stabilité de la région. Selon des sources au sein de l'administration Obama, les Etats-Unis vont prendre de nouvelles sanctions à l'encontre d'individus et de groupes syriens liés au régime de Bachar al-Assad.

La vigueur de la protestation et de la répression de ce vendredi, malgré la tentative du gouvernement de l'endiguer en refusant de fournir l'autorisation nécessaire pour manifester, révèle également que la situation ne se dirige pas, du moins pour l'instant, vers une solution pacifiste. La levée de l'état d'urgence, le 19 avril, et la promulgation de deux décrets restaurant des libertés comme celle de manifester à condition d'obtenir une autorisation, n'a pas calmé les ardeurs révolutionnaires d'une population engagée sur le chemin de la révolte. Joshua Landis, le directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient et spécialiste de la Syrie, est persuadé que le régime ne pourra pas revenir en arrière. « La Syrie aujourd'hui est face à deux options. Soit le régime se dirige de lui-même vers une transition démocratique pacifique -mais je doute beaucoup du désir ou de la capacité du régime de s'engager dans cette voie- ou alors cela va mener vers un processus de protestation populaire qui va évoluer vers une révolution massive et populaire qui va détruire le régime et mener la Syrie vers une période de transition après une vague de violence et d'instabilité. »

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