Week-end à haute tension dans les pays arabes

En Libye, les rebelles contrôlent désormais Zaouïah, située à 50km à l'Ouest de Tripoli. En Syrie, la marine a mené ces deux derniers jours une offensive meurtrière sur le port de Lattaquié. Dans ce contexte tendu, un attentat s'est produit en Algérie dans le massif Kabyle, fief d'Al Qaida.
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En Libye, les rebelles ont hissé dimanche leur drapeau sur la ville stratégique de Zaouïah, à 50 km environ à l'ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à la Tunisie, l'un des derniers liens entre Tripoli et le monde extérieur. Cette offensive marque l'avancée la plus spectaculaire des insurgés depuis six mois dans les zones de l'ouest du pays contrôlées par les partisans de Mouammar Kadhafi. Des troupes gouvernementales lourdement armées sont stationnées en nombre sur la route de la capitale, qui ne semble pas directement menacée dans l'immédiat.

Mais les rebelles contrôlent à présent la côte aussi bien à l'est qu'à l'ouest de Tripoli. Au nord, un blocus naval assuré par l'Otan est en place et, au sud, des combats sont en cours. Un des rebelles a affirmé que les gouvernementaux contrôlaient toujours la raffinerie au nord de Zaouïah, la seule encore en activité dans l'ouest de la Libye et dont dépendent les forces de Kadhafi pour leur ravitaillement.

"J'espère que nous pourrons attaquer Tripoli dans quelques jours", a déclaré Legun, chauffeur de taxi devenu combattant anti-kadhafiste. "Maintenant que nous tenons Zaouïah, nous pouvons libérer la Libye." Cette offensive marque l'avancée la plus spectaculaire depuis six mois des insurgés dans les zones de l'ouest du pays contrôlées par les partisans de Mouammar Kadhafi.

A Tunis, des réfugiés libyens étaient descendus samedi soir dans les rues pour crier leur joie après des rumeurs sur la fuite de Tripoli du Guide et de sa famille, tandis qu'à Bruxelles, l'Otan a dit surveiller de près une situation "fluide" sur le terrain.

Ces trois derniers jours, les combats pour le contrôle de cette ville stratégique sur le golfe de Syrte ont fait 16 morts et une cinquantaine de blessés dans les rangs des insurgés. Six soldats gouvernementaux ont également été tués. Les rebelles ont pris le contrôle d'un quartier résidentiel mais les forces de Kadhafi tiennent toujours un terminal dans l'ouest de la ville.

En Syrie, vingt-et-une personnes ont trouvé la mort, dimanche, lors du pilonnage de Lattaquié, premier port de la Syrie, par les blindés et la marine, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme. D'après cet organisme, la plupart des victimes ont été touchées par des tirs de mitrailleuses à gros calibre montées sur les chars déployés dans les quartiers sud de la cité portuaire. Ces quartiers ont également été la cible de tirs d'unités de la marine de guerre croisant au large.
Le gouvernement a déployé des chars et des véhicules blindés il y a trois mois dans cette cité portuaire afin de réprimer les manifestations réclamant le départ de Bachar al Assad. La population de Lattaquié est à majorité sunnite mais Bachar al Assad a encouragé la minorité alaouite au pouvoir, à laquelle il appartient, à venir s'implanter dans la localité en leur proposant des emplois et des terres à bas prix .L'Etat, l'armée et l'appareil sécuritaire sont en Syrie aux mains des membres de cette secte minoritaire issue de la branche chiite de l'islam.

Le président américain Barack Obama s'est entretenu samedi avec le Premier ministre britannique, David Cameron, des récents développements en Syrie. Les deux dirigeants ont réclamé un arrêt immédiat de la répression des manifestations par les forces gouvernementales et ont décidé de "se consulter sur de nouvelles mesures dans les jours qui viennent", indique un communiqué de la Maison blanche. Samedi, l'Organisation de la conférence islamique a accusé la Syrie de faire un "usage excessif de la force armée". Le secrétaire général de l'OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a exhorté le chef de l'Etat syrien "à faire preuve de la plus grande retenue en cessant sur-le-champ d'user de la force pour réprimer les manifestations populaires". Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite se sont entretenus samedi par téléphone et ont estimé que la violence exercée "par le gouvernement syrien contre ses propres ressortissants doit prendre fin immédiatement", a indiqué la Maison blanche. Les deux dirigeants ont aussi décidé de se consulter régulièrement sur cette question. Le monarque saoudien, qui entretient des relations difficiles avec Bachar Assad mais a coopéré avec lui l'an dernier pour réduire les tensions au Liban, a rappelé lundi son ambassadeur à Damas.

En Algérie, vingt-neuf personnes ont été blessées lors d'un attentat suicide à la voiture piégée commis dimanche matin devant un commissariat de la gendarmerie dans le centre de Tizi Ouzou, ville de Kabylie située à une centaine de km à l'est d'Alger, rapporte l'agence officielle APS. Citant une source sécuritaire, Algérie-Presse-Service a précisé qu'un kamikaze a tenté, au volant d'un pick-up bourré d'explosifs, de forcer l'entrée du commissariat vers 04h30 locales (03h30 GMT). La plupart des personnes blessées ont pu quitter rapidement l'hôpital, a ajouté l'APS sur la foi d'une source médicale.
Le massif kabyle est un fief des maquisards d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), branche nord-africaine et sahélienne de l'organisation djihadiste fondée par feu Oussama ben Laden.
Lamine Chikhi; Jean-Loup Fiévet pour le service français, Avec Tarek Amara en Tunisie, Missy Ryan à Tripoli, Robert Birsel à Benghazi, Christopher Le Coq à Bruxelles et Hamid Ould Ahmed à Alger; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français.

Enfin en Israël, dans ce contexte tendu, Ehud Barak, ministre de la Défense israëlien, a expliqué qu'il ne craignait pas de nouvelles violences à l'occasion de la demande de reconnaissance d'un Etat palestinien que le président Mahmoud Abbas entend présenter le mois prochain à l'Onu. Les autorités israéliennes ont tout de même envoyé par précaution des forces de sécurité en renfort en Cisjordanie occupée, tout comme aux frontières de la bande de Gaza, du Liban et de la Syrie.

Commentaires 4
à écrit le 15/08/2011 à 21:49
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Il est de notre devoir de soutenir et d'aider tous les peuples aspirant à la liberté et la démocratie. Les peuples qui se révoltent, au risque de mourir, font preuve d'un courage qui mérite toute notre admiration, tout notre respect, et tous nos enco...

le 16/08/2011 à 8:09
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en fait notre civilisation vient de Mesopotamie mais ce n est pas le problême , la liberté ça se gagne la France avait les 3 plus grosses puissances militaires de l'époque sur le dos pendant sa révolution elle était seule, il nous a fallu du temps et...

à écrit le 15/08/2011 à 13:27
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En Libye, les rebelles ne contrôlent rien du tout, ce sont les forces de l'OTAN qui ont envahies le pays, les autres ne faisant que suivre et procéder à des exécutions sommaires et des pillages. Quand aux autres "printemps arabes", les tunisiens sont...

le 16/08/2011 à 7:48
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pour qu'il y ait invasion il faudrait qu'il y ait troupes au sol, pour le reste je suis d'accord avec vous hormis prouver les qualités multiroles indéniables du "Rafale" nous n avons aucun intêret dans ces conflits il est presque certain qu'apres ces...

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