Le chantage au plan social des grandes entreprises américaines se répand

Des sociétés tentent de profiter de la dégradation du marché du travail pour obtenir gain de cause auprès des autorités. Parfois avec succès.
Copyright Reuters

« Exonérez-moi de cette nouvelle taxe, ou j'irai créer des emplois ailleurs. » Amazon, le numéro un mondial du commerce en ligne, est coutumier de ce genre de discours. C'est d'ailleurs à cet argument - une forme de chantage à l'emploi - que le groupe dirigé par Jeff Bezos a recours dans ses négociations avec l'État de Californie. Son parlement vient en effet de voter une nouvelle taxe sur les marchandises vendues via Internet qu'Amazon refuse de payer. Le site marchand réclame donc une exonération pendant deux ans et offre, en échange, la création de 7.000 postes dans l'État.

La proposition a cependant été poliment repoussée par la majorité démocrate. Mais cette tactique fonctionne parfois : en Caroline du Sud et dans le Tennessee, Amazon a obtenu gain de cause. Dans le Texas en revanche, il a mis ses menaces à exécution, fermant un centre de distribution après l'introduction d'une taxe similaire.

Amazon n'est pas la seule grande entreprise américaine à essayer de profiter de la situation catastrophique de l'emploi dans le pays. La semaine dernière, AT&Tmp;T promettait ainsi de rapatrier 5.000 emplois aux États-Unis en cas de feu vert des autorités de la concurrence pour le rachat de T-Mobile USA. Une aubaine « à un moment où de nombreux Américains souffrent et où l'économie fait face à d'importants défis », expliquait alors Randall Stephenson, le PDG du deuxième opérateur américain en téléphonie mobile. Cela n'a cependant pas empêché le département de la Justice de déposer un recours contre cette opération. Autre cas d'espèce, une source bien informée avait indiqué au « Charlotte Observer », avec un timing bienvenu, que Bank of America réfléchissait désormais à supprimer 30.000 emplois, et non plus 10.000. Quelques heures plus tôt, un régulateur américain avait lancé une gigantesque procédure judiciaire pour récupérer des dizaines de milliards de dollars perdus pendant la crise des subprimes.

Même l'industrie pétrolière américaine, et ses superprofits, met également des emplois dans la balance pour conserver ses généreuses déductions fiscales, que l'administration Obama tente de supprimer. « 60.000 postes sont menacés », prévient Brian Johnson de l'American Petroleum Institute, une association regroupant près de 500 compagnies pétrolières et gazières. Juste après les très mauvais chiffres du chômage, publiés vendredi dernier, le président américain indiquait renoncer à un projet durcissant les normes antipollution, vivement critiqué par le lobby industriel. Un repli en forme d'aveu d'échec. J. M.

Commentaire 1
à écrit le 08/09/2011 à 11:33
Signaler
En réponse à ce chantage, en voici un autre. Pour les impérialistes américains l'être-humain n'est qu'un producteur-consommateur. Dans mon cas j'ai travaillé pendant plus de 15 ans pour Boeing. Après deux infections pulmonaires dues à l'usinage des p...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.