Bâle III : les banques pressées de reconfigurer leur bilan

Les dirigeants européens insistent pour les établissements renforcent au plus vite leurs fonds propres, bien avant la date prévue de 2013.
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Pour les banques européennes, le premier semestre de cette nouvelle année sera placé sous le signe du renforcement accéléré de leurs fonds propres. Elles doivent en effet atteindre un ratio Core Tier 1 (les fonds propres « durs » ? capital et bénéfices mis en réserve ? rapportés aux prêts accordés) de 9 % d'ici à la fin juin 2012 et mettre en place un coussin de capital relatif à leur exposition souveraine. Une décision prise par les dirigeants européens réunis lors d'un énième « sommet de la dernière chance » fin octobre.

L'Autorité bancaire européenne (EBA) a ainsi évalué début décembre à 114,7 milliards d'euros les besoins des 71 principaux établissements du continent. Très exposées à la dette de leur pays, les banques grecques, avec un déficit en capital de 30 milliards d'euros, devraient notamment être nationalisées. Un modus operandi que cherchent à éviter les autres banques du continent, pour qui le coût en termes de réputation se révèlerait fatal après l'épisode de 2008. Même son de cloche du côté des gouvernements européens. Malgré leur volonté affichée de soutenir leur système bancaire, ils ne peuvent plus se permettre de jouer de nouveau les pompiers.

C'est le cas notamment en Allemagne : même si le gouvernement a prévu de réactiver son fonds d'aide aux banques, le Soffin, il martèle que les établissements du pays pourront combler leurs besoins sans faire appel à l'État. Déjà détenue à 25 % par la manne publique, Commerzbank qui fait face à un besoin de 5,3 milliards d'euros ne cesse d'ailleurs de réaffirmer son intention de ne pas recourir à de nouvelles aides étatiques.

Pour se recapitaliser les banques européennes, à l'image des françaises, vont donc privilégier la mise en réserve de leurs bénéfices. BNP Paribas ne devrait ainsi pas connaître de difficultés à trouver les 2,1 milliards qui lui manquent. Ce montant représente à peine plus que son résultat net du premier semestre de 2011. Chez Société Généralecute; Générale, on précise que le renforcement de ses fonds propres se fera « par ses propres moyens, sans faire appel aux fonds publics et tout en continuant à financer l'économie française ». La possibilité d'un resserrement du crédit ou « credit crunch » alimente cependant les craintes des entreprises et des décideurs, sur fonds de prévisions de croissance pessimistes pour la zone euro en 2012.

La mise en place de Bâle III à partir de 2013 aura aussi pour conséquence de pousser ces établissements à réduire drastiquement leur bilan. Dans ce contexte, ce sont principalement les activités coûteuses en liquidités, comme la banque d'investissement, qui subiront en premier une cure d'amaigrissement.

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