Un agenda social chargé en France la semaine prochaine

Mardi, les enseignants-chercheurs se mobiliseront contre la réforme de leur statut tandis que les partenaires sociaux ouvriront les négociations sur les retraites complémentaires. Jeudi, tous les salariés sont appelés par l'ensemble des syndicats à marquer leur refus d'être "les premières victimes de la crise".

Mardi, grève des enseignants chercheurs

Les enseignants-chercheurs des universités se mobilisent contre la réforme de leur statut, celle de la formation des enseignants et les suppressions de postes dans le supérieur et la recherche. Le syndicat AutonomeSup, classé à droite, et le Snesup ont appelé à une grève lundi 26 janvier, ainsi que jeudi 29, journée d'action interprofessionnelle.

Par ailleurs, jeudi dernier, une Coordination nationale des universités, qui a réuni des représentants de 46 des 85 facultés françaises, a lancé un ultimatum au gouvernement : ou il retire ses projets sur le statut et la formation, ou une grève "illimitée" débutera le 2 février dans les universités.

Selon la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, le décret qui va modifier le statut des 57.000 enseignants-chercheurs (professeurs et maîtres de conférences) doit concrétiser le transfert aux universités de la gestion des carrières des personnels, prévu dans la loi d'autonomie des universités de 2007. Les opposants au projet, de plus en plus nombreux, jugent que leur statut risque de perdre son caractère national. Ils craignent l'arbitraire des présidents de facultés, l'imposition d'heures d'enseignement supplémentaires et souhaitent que le Conseil national des universités (CNU) conserve son rôle actuel dans 50% des promotions. Si la réforme du statut passe en l'état, les enseignants-chercheurs craignent également de servir de variable d'ajustement en voyant leurs heures de cours augmenter, pour combler les postes supprimés.

Après une pétition du syndicat Snesup-FSU intitulé "Respect pour le métier d'enseignant-chercheur", qui a recueilli 12.000 signatures, l'appel "Universités : pas de normalisation par le bas" en a reçu plus de 8.500 depuis le 6 janvier.

La suppression de 900 postes prévue en 2009, première baisse des effectifs depuis des années, est un autre motif de mécontentement. Tout comme la réforme de la formation et des concours des enseignants, qui prévoit de recruter à partir de 2010 tous les enseignants à bac +5 mais supprime la première année de stage devant des classes.

Mardi également, ouverture des négociations entre partenaires sociaux sur les retraites

Syndicats et patronat se lancent le 27 janvier dans une négociation tendue sur l'avenir des régimes de retraites complémentaires. Repoussée l'an dernier en raison d'un agenda social embouteillé, cette négociation doit plancher sur le financement des retraites complémentaires pour les personnes entre 60 et 65 ans et, également, redéfinir les règles du jeu pour les régimes de retraites complémentaires Arcco (tous salariés) et Agirc (cadres), encore excédentaires, mais dont les perspectives s'assombrissent.

L'âge légal de la retraite à taux plein est fixé à 65 ans dans les régimes complémentaires, mais une structure spéciale (l'AGFF), alimentée par des cotisations spécifiques, permet d'assurer une retraite complémentaire sans abattement dès 60 ans. Or, le Medef a évoqué en décembre la possibilité de ne pas reconduire l'AGFF, dont l'existence n'est garantie que jusque début avril. Cette non-reconduction provoquerait une baisse de 22% des pensions complémentaires, qui représentent une part importante de la retraite globale des salariés (en moyenne, 33% pour les non-cadres et 66% pour les cadres selon l'Agirc-Arrco). Les syndicats espèrent obtenir lors de la négociation que l'existence de l'AGFF soit désormais gravée dans le marbre.

Plus généralement, les syndicats vont tenter d'obtenir du patronat un engagement sur la stabilisation du taux de rendement constaté pour les cotisations aux régimes Agirc-Arrco. Ce rendement désigne le montant de la pension obtenue pour 100 euros cotisés, soit actuellement un peu moins de 7 euros par an, qui seront perçus durant toute la retraite. "Depuis 2003, on a perdu environ 5% de taux de rendement pour les deux régimes complémentaires, si on continue comme ça, on prend le risque de décrédibiliser les régimes par répartition", a estimé Bernard Devy (FO). "Il faut bloquer cette dégradation", a également déclaré Jean-Louis Malys (CFDT), qui se dit prêt en contrepartie à réexaminer certains avantages familiaux et conjugaux accordés dans le régime Agirc, plus avantageux que ceux du régime Arrco.

Les négociations devraient se tenir au rythme soutenu d'une réunion par semaine, avec pour date butoir la fin mars.

Jeudi, grève nationale interprofessionnelle

Le 29 janvier, "salariés du privé et du public, chômeurs et retraités" sont appelés par tous les syndicats à marquer leur refus d'être "les premières victimes de la crise" en participant à une journée d'action qui devrait se traduire par un grand nombre de manifestations, à Paris et en province, et de grèves.

Les huit organisations à l'origine du mouvement (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires) veulent "des mesures urgentes en faveur de l'emploi, des rémunérations" et une "politique de relance économique". Elles demandent que toutes les mesures de baisse d'activité, comme le chômage partiel, soit "négociées" et que les aides publiques aux entreprises soient conditionnées à la préservation de l'emploi et des salaires. Elles réclament aussi l'abrogation des lois remettant en cause les 35 heures et le retrait définitif de la réforme sur l'ouverture des commerces le dimanche.

Cette mobilisation rencontre un écho favorable, selon deux sondages publiés dimanche. 69% des Français la soutiennent ou "ont de la sympathie" pour elle, selon un sondage CSA pour "Le Parisien/Aujourd'hui en France", tandis 75% la trouve "justifiée", selon un sondage Ifop pour "Sud-Ouest".

Les transports devraient être particulièrement touchés, notamment la SNCF et à la RATP, ainsi que l'Education nationale, mais également des secteurs généralement moins mobilisables comme les banques ou les PME. Des grèves sont aussi annoncées à La Poste, à France Telecom, dans l'audiovisuel public, dans les aéroports ou à la justice, tandis que l'ensemble des fonctionnaires sont appelés à protester contre les suppressions d'emplois.

Bernard Thibault (CGT) a prédit vendredi "énormément de monde" mobilisé, compte tenu d'un nombre d'appels à des arrêts de travail "sans égal depuis très longtemps".

Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a affirmé dimanche que l'exécutif n'était "pas inquiet mais attentif", tandis que le nouveau ministre du Travail, Brice Hortefeux, assurait qu'il serait "personnellement attentif aux messages qui seront développés". Le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a quant à lui émis des réserves sur les grèves qui ne sont "pas nécessairement la meilleure réponse" face à la crise, selon lui, reprochant au passage au PS, qui soutient la mobilisation, de jouer un rôle "d'agitateur social".

Seule faille au sein du front syndical actuel, la négociation sur l'assurance chômage. La CFDT est le seul syndicat à avoir signé l'accord négocié en décembre avec le patronat. Les quatre autres centrales représentatives (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) ont refusé de le ratifier.

La précédente journée syndicale unitaire, le 22 mai 2008, pour les retraites, avait rassemblé de 300.000 à 700.000 manifestants (selon la police ou les organisateurs). En 2006, à son apogée, la lutte contre le contrat première embauche (CPE) avait mis dans la rue 1 à 3 millions de personnes, tandis qu'on en comptait 1 à 2millions en 2003 (retraites) et 1995 (Sécurité sociale).

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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je ne sais si c'est une bonne chose ou non de voir nos enseignants potentiellemnt avec un minimum de bac +5 ..mais il faudrait commencer par nos gouvernants ..j'ai il y peu vu dans une émission télé le ministre de l'education incapable de faire une r...

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