Primes : AIG demande l'autorisation au gouvernement, la France envisage une loi

Après un premier scandale, l'assureur américain veut éviter la polémique et réclame cette fois l'approbation de l'administration Obama. De son côté, la France n'exclut pas d'instaurer une loi pour encadrer la rémunération des patrons.

Il faut toujours apprendre de ses erreurs. AIG, l'a bien compris. D'après une information publiée ce vendredi par le Washington Post, l'assureur américain, aujourd'hui nationalisé, veut éviter la polémique qui avait suivi le versement de 165 millions de dollars de prime à l'automne dernier. Cette fois, avant de gratifier ses cadres d'une prime de 2,4 millions de dollars, il a décidé de demander l'autorisation à Kenneth Feinberg, chargé depuis juin de superviser les plans de rémunération de sept entreprises ayant reçu le soutien financier de l'Etat.

Bien que cette autorisation "ne soit pas expressément" obligatoire comme le rappellent les dirigeants, AIG préférerait cette fois être couvert par un feu vert des autorités. Il faut dire que le premier versement de 165 millions de dollars était très mal passé. Le groupe venait alors de recevoir 170 milliards de dollars d'aides et avait été nationalisé. En plus d'un tollé au sein de l'opinion, cette décision avait provoqué la colère de Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine. Ce dernier avait jugé "totalement déplacé" l'octroi de "bonus élevés à des employés de la division de produits financiers à la source de l'effondrement d' AIG ". Plus question de recommencer pour cette nouvelle prime. "Nous nous sentirions soulagés si le gouvernement était à l'aise avec ce que nous faisons", témoigne un employé au journal. Un responsable souligne également que l'entreprise "veut s'épargner de nouvelles surprises".

AIG justifie cette prime de 2,4 millions de dollars par la volonté de garder les cadres chef. "Nous avons besoin de prendre en considération le fait que beaucoup de nos employés, sinon la plupart, savent que leurs perspectives à long terme chez nous sont limitées, et nos concurrents savent que nos employés-clefs peuvent peut-être être débauchés avec des rémunérations plus attractives". Ces chefs, jugés très compétents, seront quarante à se partager la somme.

Les patrons français en ligne de mire

Dans l'Hexagone, le débat sur les rémunérations variables resurgit après la publication du rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Cette dernière dresse un bilan très négatif de l'application du code de bonne conduite du Medef, mis en place en octobre 2008. Après avoir passé en revue la rémunération et les pratiques de 60 grands patrons, l'AMF conclut que seule une minorité joue le jeu. Les rémunérations variables constituent encore l'essentiel des revenus et la transparence n'est pas encore au rendez-vous.

Ce bilan a fait réagir le secrétaire général de l'UMP, Xavier Betrand, qui s'exprimait ce vendredi sur la chaîne LCI. "Les choses ont beaucoup changé depuis l'adoption de ce code. Mais d'autres n'ont rien compris. Eh bien, pour ceux-là il faudra certainement un texte sur des sujets précis. Si les derniers récalcitrants ne changent pas de comportement, je pense qu'il faudra un texte". L'ancien ministre du Travail a notamment évoqué l'interdiction du cumul contrat de travail-mandat social.

Christine Lagarde, ministre de l'Economie, à de son côté jugé prématuré de mettre en place une loi. Elle donne encore six mois aux entreprises pour appliquer les règles et donne l'ordre à l'AMF "de saisir chacune des entreprises qui n'appliquent pas aujourd'hui parfaitement le code".

Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité, fait redoubler la pression. Il menace de publier le nom des sociétés qui refuseraient de coopérer...


 

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pour mettre la proposition d'AIG en relief http://criseusa.blog.lemonde.fr/2009/07/10/petit-impromptu-offert-par-aig-permettant-de-mesurer-la-faiblesse-de-ladministration-obama/

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