"Chaque territoire doit se réapproprier son destin. Mes chers compatriotes, je vous invite donc à un débat sans tabou", déclarait Nicolas Sarkozy le 19 février 2009, alors que la Guadeloupe et la Martinique connaissaient une grève générale sans précédent portée par des revendications sur le pouvoir d'achat.
Six mois plus tard, les états généraux d'outre-mer, qui se présentent comme la plus grande consultation populaire jamais organisée dans ces territoires, ont suivi leur cours. La Guadeloupe a ainsi rendu le 24 juillet la synthèse des propositions des ateliers qui se sont tenus localement autour des huit thématiques proposées.
Sur le thème de la gouvernance, les ateliers de Guadeloupe n'ont pas cautionné la solution de l'indépendance immédiate, estimant que "les conditions [étaient] très loin d'être réunies". Les rapporteurs ont tenu à rappeler que "les défenseurs notoirement connus de la thèse de l'indépendance avaient refusé de participer et de cautionner les états généraux". C'est le cas d'Elie Domota, porte-parole emblématique du collectif LKP, qui a conduit la grève générale de l'hiver dernier.
L'atelier "gouvernance" s'est également prononcé pour la fusion du conseil régional et du conseil général et pour la création une nouvelle assemblée territoriale élue au scrutin uninominal à deux tours. En émanerait un conseil exécutif qui élirait son président.
Pour rénover le "dialogue social" conflictuel, il a été proposé de "faire une place officielle aux organisations syndicales non représentatives au niveau national mais majoritaires sur le terrain" (UGTG de M. Domota, CTU, CGTG).
Prix des carburants
Concernant les carburants, dont le prix avait été au coeur de la crispation sociale de février, une simplification de la formule de calcul des prix a été proposée ainsi que leur libéralisation dans la distribution. L'atelier sur les prix a opté pour des approvisionnements européens (gains de 15 à 17 centimes par litre de super), et à terme américains, signifiant la fin de l'activité de raffinage de la SARA (Société anonyme de la raffinerie des Antilles, 190 emplois en Martinique).
Au titre de l'égalité des chances, les ateliers ont souhaité "développer des chantiers école de longue durée" pour les jeunes les plus désocialisés. L'atelier sur l'identité et la culture a souhaité le renforcement de l'apprentissage du créole et de l'histoire de la Guadeloupe.
Ont également été retenus pour ce département de "grands projets structurants" comme la "reconquête des centres-villes", le développement de la géothermie, la création d'un pôle d'excellence-sport et d'un port en eau profonde.
Les états généraux de l'outre-mer, c'est quoi ?
Il s'agit d'abord d'une grande consultation locale, démarrée à la mi-avril, et qui doit s'achever dans tous les territoires d'outre-mer fin juillet. Les propositions issues des ateliers de travail ont été ou sont actuellement soumises au verdict du public par le biais de débats ou encore du site Internet, conçu pour l'occasion comme un outil participatif.
Une synthèse nationale des propositions est prévue en septembre, et, en octobre, un conseil interministériel de l'Outre-mer - instance créée par Nicolas Sarkozy lors des événements de l'hiver - "arrêtera une première série de décisions" issues de ces travaux et "déterminera les modalités de leur mise en œuvre".
Les 8 grandes questions proposées au débat :
- Comment faire baisser les prix et garantir la transparence des circuits de distribution ?
- Comment favoriser la production locale et diminuer les importations ?
- Comment faire évoluer la gouvernance tant à l'échelon local qu'à l'échelon central ?
- Quels grands projets structurants pour chaque territoire ?
- Comment rénover partout le dialogue social ?
- Comment mieux coopérer avec l'environnement régional de chaque département ou collectivité ?
- Comment garantir l'égalité des chances et une meilleure insertion professionnelle en particulier des jeunes ?
- Quel travail accomplir pour réconcilier mémoire, culture et identité ?