AZF : le jugement attendu 8 ans après les faits

C'est ce jeudi après-midi que le tribunal de Toulouse rend son verdict sur l'explosion de l'usine. La catastrophe industrielle de septembre 2001 avait fait 31 morts. L'ex-directeur Serge Biechlin et la maison-mère Total sont en première ligne.

Huit ans et 71 heures d'audience. C'est le temps qu'il a fallu à la justice pour juger l'explosion de l'usine Azote Fertilisants (AZF) de Toulouse, la pire catastrophe industrielle de France depuis la seconde guerre mondiale. Le tribunal correctionnel rend son jugement ce jeudi après-midi sur ce drame survenu le 21 septembre 2001, qui avait entraîné la mort de 31 personnes, sans compter les 20.000 dommages corporels recensés par les médecins depuis la catastrophe et tous les dégâts matériels. Au total, 3.184 personens se sont constituées parties civiles.

Selon l'accusation, l'explosion aurait été due à un accident chimique favorisé par des négligences des responsables de cette usine de Grande Paroisse, filiale du groupe Total. Les experts judiciaires ont attribué la catastrophe au déversement accidentel sur le nitrate d'ammonium du hangar 221 de quelques kilos d'un produit chloré incompatible.

Dans cette affaire, le directeur de l'usine, Serge Biechlin, et son propriétaire, Grande Paroisse (groupe Total), sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires. Douze employés d'AZF, mis en examen pour les mêmes raisons en 2002, ont, eux, bénéficié d'un non-lieu.

Le ministère public a requis trois ans de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre Serge Biechlin, et 225.000 euros contre Grande Paroisse. Il a invoqué "un dysfonctionnement grave dans la gestion des déchets, le recours à la sous-traitance (...) et le croisement de produits incompatibles".

Total dans le viseur

Certaines des parties civiles avaient demandé que la maison-mère Total et son ancien PDG Thierry Desmarest soient eux aussi jugés, qualifiant ce dernier de "donneur d'ordre" chez AZF. Mais la défense et le parquet ont estimé que ces demandes étaient irrecevables, l'absence de mise en examen par le juge constituant à leurs yeux un "non-lieu implicite". Le tribunal devra toutefois se prononcer aussi sur leur responsabilité pénale.

Le président du tribunal Thomas le Monnyer devrait consacrer près de 45 minutes à exposer les principaux motifs du jugement. La responsabilité ou non de Total devrait faire l'ouverture de son discours. En cas de condamnation, le jugement devra être publié dans la presse et figurer pendant deux mois sur le site internet de Total.

Au total, il a fallu plus de quatre mois d'un procès fleuve, du 23 février au 30 juin, puis près de cinq mois de travail à cinq magistrats pour trancher. Le jugement intégral de ce procès hors normes, dont les 400 heures ont été filmées, devrait comporter plusieurs centaines de pages, car le tribunal correctionnel est tenu de motiver ses décisions, à la différence d'un jury d'assises.

La défense a multiplié les appels à la relaxe, assurant qu'on n'avait "trouvé aucune explication crédible" à la catastrophe. Pour de nombreuses parties civiles, au contraire, le collège des experts judiciaires a établi qu'il y a eu un "accident chimique" et qu'il a "causé l'explosion".

Jugement attendu vers 15h.

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