Nathalie Kosciusko-Morizet et Hugues de Jouvenel débattent des avenirs possibles pour la France de l'après-crise

Allongement de la vie, retraites, changement des modes de consommation, usage des technologies numériques... La secrétaire d'Etat à l'Economie numérique et à la prospective et le directeur général du groupe Futuribles affrontent leurs visions de la France des années "10".

La Tribune : Nous entrons dans une nouvelle décennie. C'est le moment de se demander à quoi ressemblera la France à la fin des années 2010.

Nathalie Kosciusko-Morizet : Si je puis me permettre la question n'est pas "à quoi la France va ressembler dans dix ans ?" mais "à quoi voulons-nous qu'elle ressemble dans dix ans ?"

Hugues de Jouvenel: Je pense qu'il y a deux questions distinctes mais très complémentaires. Celle, d'abord, du que peut-il advenir, de l'exploration des futurs possibles pouvant découler des tendances lourdes et émergentes que recèle la situation actuelle tant en France que dans son environnement international. On a donc deux défis. D'abord faire le tri, dans la situation actuelle, entre ce qui est de nature purement conjoncturelle et ce qui constitue vraiment des éléments structurants à moyen et à long terme, des germes d'avenir possibles. Ensuite explorer des futurs possibles en ne se contentant pas de prolonger les tendances du passé mais en intégrant les facteurs de discontinuités et de ruptures. Telles sont les fonctions de la veille et de la prospective exploratoire qui n'a aucune prétention à prévoir ce que sera l'avenir mais doit pouvoir nous alerter sur les défis majeurs avant qu'il ne soit trop tard et que le gouvernement ne soit condamné à ne gérer que les urgences. Deuxième question à se poser : quels sont les moyens dont vous disposez et quel est le projet qui vous anime, quel est l'objectif que vous vous assignez pour la France à l'horizon des dix prochaines années ? Elle renvoie à votre rôle de chef d'orchestre d'un avenir qui reste très largement à construire.

NKM : En arrivant ici, je me suis posée la question de ce qu''est la prospective dans un monde en crise. Cela m'a amenée à reconfigurer assez fortement ce qu'on faisait. Nous étions sur des horizons assez lointains et nos travaux relevaient bien plus de la projection, en tout cas d'une prospective très descriptive sous forme de scénarios. J'ai été amenée à raccourcir l'horizon et à élargir le champ, en faisant appel, par exemple, à des sociologues. Car auparavant notre prospective était assez économique, et donc prenait parfois le risque du doublon avec Bercy.

La Tribune : Pourriez-vous donner un exemple de ce que cela a changé ?

NKM : Prenez le plan France 2025. Il porte sur un horizon lointain et a été synthétisé par des économistes. Il n'intègre pas la problématique de la crise car il avait été lancé avant. Les travaux coordonnés par Daniel Cohen sur les modèles de croissance, que j'ai commandés, intègrent en revanche beaucoup de réflexions sociologiques sur la consommation et sur les désirs des Français en période de crise. Ceci n'enlève rien à la qualité du travail réalisé pour France 2025, qui reste un ensemble de scénarios de référence, mais nous avions aussi besoin d'autres choses.

HJ : L'exercice « France 2025 » a été mené en mélangeant les genres : mixture de prévision, de prospective exploratoire, de prospective stratégique, de réflexions en tout genre, sans aucune réflexion d'ensemble et sans vertu opérationnelle. Il ne répond en rien à ce que la prospective entend apporter à la définition d'une politique publique cohérente et porteuse de sens. Je suis très sensible en revanche à ce que vous dites sur la notion d'horizon, mais entendons nous bien : les scénarios à long terme doivent impérativement comporter des cheminements permettant d'illustrer comment l'on passe de la situation actuelle aux futurs possibles à différents horizons et, inversement, ce qu'implique la réalisation d'un projet en terme de compte à rebours et donc d'actions immédiates à entreprendre. Ce déroulé entre le court, le moyen et le long terme est indispensable, notamment pour mettre en évidence qui peut agir sur quoi, avec quels moyens, pour éviter le pire et mettre en ?uvre vos projets.

NKM : Pour ma part, je conçois le travail comme une aide à la décision pour aujourd'hui. On plante quelques points d'interrogation sur l'horizon pour inciter à l'action aujourd'hui, plus qu'on ne prédit ou qu'on ne décrit un avenir possible.

HJ : Si je ne m'abuse, vous avez quelques attaches avec la forêt. Vous savez donc que plus un arbre est long à pousser, plus tôt il faut le planter. Il y a donc une dialectique nécessaire entre votre travail d'anticipation éminemment nécessaire et comportant toujours une part d'incertitude et votre travail d'artisan du futur qui exige de votre part que vous soyez porteuse d'une vision, d'une représentation d'un avenir souhaitable pour la France, d'un projet qui donne du sens et de la cohérence aux actions de votre Gouvernement. Et comme celui-ci n'est pas tout puissant, il est important que ce projet permette de fédérer les énergies, les bonnes volontés, l'intelligence de tous autour d'une vision partagée de l'intérêt collectif. L'utilité de la prospective est de vous alerter sur des risques avant qu'il ne soit trop tard et que l'Etat supposé être stratège, se trouve transformé en pompier, son pouvoir devenant alors très réduit puisque ce sont les circonstances qui, en vérité, lui dicte alors sa conduite.

NKM : Je considère qu'il fait aussi partie de mes missions d'aller lever des lièvres, de soulever des sujets, qui ne sont pas forcément dans l'actualité, mais qui vont être déterminants. Pas seulement pour provoquer mais pour inciter à la réflexion. On vit tellement dans l'urgence qu'un rapport de prospective risque toujours de laisser indifférent.

HJ : Je suis d'accord avec vous sur la nécessité de soulever des questions qui dérangent. Mais je suis inquiet de voir combien vous semblez esclave de l'urgence. Il me semble que votre position comme Secrétaire d'Etat à la prospective doit vous permettre de vous affranchir un peu de la gestion quotidienne et de veiller à la nécessaire réhabilitation de la politique dans sa dimension la plus noble, celle de donner du sens au concept ancien de bien commun ou d'intérêt collectif, qui ne peut en aucune manière se résumer à la somme des intérêts particuliers tels qu'ils s'expriment à chaque instant. Les responsables publics n'ont pas vocation à agir comme les commerçants, à répondre à chaque instant aux besoins de leurs clientèles. Sans ignorer que vous soyez soumise à des échéances électorales, je crois que la grandeur du politique tient justement à sa capacité à être porteur d'un projet de société, à l'incarner et certes, chemin faisant, à rendre compte à ses électeurs des actions entreprises en faveur du projet pour lequel vous avez été élue et nommée aux fonctions très singulières qui sont les vôtres.


NKM : On peut concilier les deux. De toute façon, la politique fonctionne par adhésion ; il faut réussir à faire adhérer ceux que vous appelez la clientèle, et qui sont plus noblement les citoyens, à un projet, y compris un projet pas forcément agréable dans l'instant. C'est un peu l'enjeu aujourd'hui des retraites. Il y a un peu plus de dix ans, ce sujet était hautement conflictuel. Pourquoi ? Parce les Français n'avaient pas pris conscience de l'urgence dans laquelle on se trouvait et du fait qu'on allait dans le mur. Depuis, un travail important a été fait à la fois par des experts, des politiques et des syndicalistes. En l'espace de quinze ans, on a réussi à partager une problématique, ce qui ne signifie pas que l'on partage les solutions et que c'est facile. On est tous d'accord pour dire que l'on vit de plus en plus longtemps et que l'on a envie de profiter de cette tranche de vie privilégiée qu'est la retraite. Tout cela représente des coûts. Comment le gère-t-on ?

HJ : Le vieillissement démographique est une tendance lourde, liée d'abord à la chute de la fécondité, ensuite aux gains d'espérance de vie qui proviennent aujourd'hui essentiellement du recul de l'âge au décès. Cette tendance est bien connue. Alfred Sauvy l'avait parfaitement anticipée il y a déjà 50 ans et d'innombrables rapports y ont été consacrés depuis plusieurs décennies mais aucun gouvernement n'a eu le courage de s'y attaquer vraiment. Tous ont soigneusement esquivé la question, y compris en procédant à des analyses sans doute de bonne foi mais manifestement fondées sur des prévisions erronées. Souvenons-nous du rapport produit il y a 10 ans par Jean-Michel Charpin, alors Commissaire Général au Plan, dont s'inspire largement depuis lors le Comité d'orientation des retraites.
C'était à la fin des années 1990, une période marquée par un regain de croissance et une heureuse dynamique de création d'emplois que les auteurs du rapport ont alors interprétés comme des signes annonciateurs d'une nouvelle dynamique économique et sociale durable, commettant ainsi une erreur d'analyse que nous avons à l'époque, à Futuribles énergiquement dénoncée. S'ajoutait à l'analyse faite alors au Commissariat Général du Plan, l'idée tout aussi erronée que la population active, à partir de 2006, serait décroissante, le nombre de sortants du marché du travail devenant supérieur au nombre d'entrants, et que la France risquait donc de se trouver confrontée à l'horizon 2010-2015 à une grande pénurie de main-d'?uvre. La solution alors logiquement prônée était qu'il faudrait allonger la durée de cotisation pour bénéficier à l'avenir de retraites à taux plein, donc repousser l'âge de la retraite. Contrairement à la politique jusqu'alors menée, notamment pour encourager le départ en retraite anticipée, il faudrait donc en substance maintenir les seniors en activité plus longtemps. Cette solution semblait logique, d'autant que les futures générations de retraités étaient entrées en activité professionnelle à un âge plus avancé que leurs parents et qu'elles allaient vivre plus longtemps. Mais cette solution reposait sur une illusion, celle d'un rapide retour au plein emploi et d'une pénurie de main-d'?uvre favorable au maintien en activité des travailleurs vieillissants.

NKM : Nous avons peut-être trop dissocié, y compris dans nos têtes, la question du taux de fécondité de celle du vieillissement. D'ailleurs, quand on regarde les taux de fécondité, on se rend compte que la bonne situation de la France posera à terme des problèmes dans nos relations avec nos voisins : en Allemagne, en Italie, en Pologne, ce taux est dramatiquement bas. L'Allemagne d'ici à quelques décennies sera moins peuplée que la France et ce ne sera pas sans conséquence en termes politiques et d'équilibre interne en Europe.... Mais sur le plan démographique, une autre chose me frappe : les évolutions ne se font pas au même rythme dans le Nord et le Sud. Un des indices du vieillissement d'une nation peut se mesurer au nombre d'années qu'il faut pour voir doubler le nombre de ses plus de 65 ans. En France, cela a pris un peu plus d'un siècle. Dans les pays du Sud, du fait des politiques mises en place ou des évolutions économiques cela va beaucoup plus vite. Un pays comme la Chine est très brutalement confronté au problème du vieillissement de sa population, avec un retentissement beaucoup plus violent. Du coup, nos enjeux sont très différents : au nord, nous devons adapter nos systèmes sociaux. C'est douloureux mais on entrevoit des solutions. Au sud, où de tels systèmes n'existent carrément pas, le bouleversement est total. C'est un véritable choc alors même que les solidarités familiales sont en cours de délitement dans certains de ces pays.

HJ : Tous les pays du monde vieillissent et nous n'en avons pas assez conscience, mais ils ne vieillissent pas au même rythme, y compris en Europe et surtout la situation de l'emploi au sein de l'Union est très différente d'un pays à l'autre. Ainsi au Royaume Uni et dans les pays scandinaves, le taux d'emploi (la proportion de la population d'âge actif effectivement en emploi) se situait aux alentours de 70% en 1970 et il a continûment augmenté pour y approcher les 80%. Au contraire, en France, le taux d'emploi est resté depuis 40 ans désespérément bas, aux alentours de 60%. Confrontée à un environnement international et aux mêmes changements technologiques, la France a pratiqué une politique d'ajustement par le sous emploi, celui des jeunes et a fortiori celui des seniors. Ceci à l'évidence constitue un obstacle majeur à l'allongement nécessaire de la durée d'activité professionnelle qui s'imposerait si nous voulions préserver les droits à retraite futurs.


NKM : Indéniablement, l'un des enjeux est l'employabilité en général, notamment celle des seniors. Un certain nombre de politiques publiques se mettent déjà en place. Mais la situation de crise que nous vivons n'est pas la plus favorable, ni pour mesurer l'impact réel de ces politiques, ni pour les faire décoller.

HJ : Justement, puisque vous y faites référence : comment la secrétaire d'Etat à la prospective analyse-t-elle la crise ? Pour moi, plusieurs crises sont emboîtées. Il y a surtout une crise financière, dont certains disent qu'elle est derrière nous... Hélas car le financier va refaire n'importe quoi ! Puis une crise économique, face à laquelle tous les pays n'ont pas la même vulnérabilité. Puis, enfin, une crise de modèle de développement.


NKM : Nous entendons souvent que nous sommes dans une crise du sens. J'inverse les termes. Quel est le sens de la crise ? C'est notre rôle à nous politiques de faire en sorte, à travers notre action, que la crise exprime son sens ou en trouve un, à supposer qu'elle n'en ait pas. A mon avis, elle en a un. Dans le travail que nous avons mené avec Daniel Cohen sur les modèles de croissance, nous avons beaucoup travaillé sur la consommation. Il y a cette idée, développée à l'époque par Edgar Morin, que nous étions dans une ère de la quantité qui aspire à devenir une ère de la qualité, où la consommation serait une recherche d'accomplissement de soi, d'épanouissement. Quelque chose qui relève beaucoup plus de l'être que de l'avoir. La bonne nouvelle, me semble-t-il, c'est qu'ici nos désirs, même s'ils sont parfois fantasmés, rencontrent nos besoins. C'est formidable d'avoir envie de ce dont on a besoin. Et le mariage de l'écologie et du numérique peut nous offrir une partie de la solution. Passer d'un système dans lequel les flux de consommation ou d'énergie sont absolument délirants pour aller dans un système où l'on satisfait les besoins au plus près géographiquement et les désirs au plus proche de ce qu'ils sont.

HJ : Le rapport de Daniel Cohen est tout à fait intéressant. Mais, à mon avis, vous auriez pu aller un tout petit peu plus loin. Si je vous suis bien, vous êtes en train de dire que nous allons passer d'une économie de la production de masse, devenue depuis une production sur mesure, à une économie de la fonctionnalité, à savoir que l'enjeu n'est plus de détenir un bien mais de disposer d'un service. A quoi par exemple nous sert-il d'avoir une voiture à temps plein ? Je crains que l'on ait amorcé trop timidement ce virage. C'est là où, pour moi, votre rapport ne va pas assez loin...


NKM : C'est pile la suite de la mission que j'ai confiée à Michelle Debonneuil, qu'elle exprime quant à elle sous les termes « d'économie du quaternaire ». Il devrait sortir bientôt. Selon elle, l'économie de la fonctionnalité réconcilie industrie et services puisqu'il s'agit de produire du service au plus près des besoins de chacun. Michelle de Bonneuil avait travaillé sur les services à la personne et se montre un peu déçue sur ce que nous avons fait par la suite, estimant que nous étions trop dans le « petit boulot ». Elle propose là d'aller plus loin. J'aimerais que nous profitions du grand emprunt pour décliner un certain nombre de ses propositions.

HJ : Primaire, secondaire, tertiaire ou quaternaire, à mon sens, sont intimement liés. Dire que l'on ne sortira pas de la crise dans le même état que lorsque nous y sommes entrés, implique sans doute d'abord que l'on s'entende sur la nature réelle de la crise, ensuite que l'on prenne conscience de la fondamentale transformation qui s'impose dans notre système productif et que l'on se dote en l'espèce d'une véritable stratégie de développement économique et sociale qui, aujourd'hui, ne me paraît ni très claire, ni nécessairement en phase avec les défis du futur.

NKM : Moi je veux faire en sorte que les travaux de Prospective percutent aujourd'hui avec une vision d'avenir. Cette vision s'exprime d'une certaine façon à travers le grand emprunt, à travers les priorités qui sont les siennes. Et je me suis beaucoup battue pour que le numérique y trouve sa place. C'est le cas à hauteur de 15%.

HJ : J'admire beaucoup ce que vous faites sur le numérique, mais quelque chose me manque. On oublie de booster les petites et moyennes entreprises innovantes. Par exemple, sur les crédits impôt/recherche, je suis très sincèrement inquiet de voir que les gagnants sont toujours un peu les mêmes, les grandes entreprises qui ne sont pas nécessairement les plus entreprenantes et innovantes.

NKM : Nous l'avons fait sur le volet numérique du plan de relance. Tous les appels à projet lancés à partir de ce ministère intégraient un bonus donné aux PME : elles avaient plus de chance d'obtenir les financements et, en plus, quand elles les obtenait, la part des subventions pouvait atteindre 45 % des dépenses contre 25 % pour une grosse entreprise. Je défends aussi l'idée que, dans la partie numérique du grand emprunt, puissent figurer des investissements dans le « cloud computing », c'est-à-dire dans les services qui peuvent être partagés entre des PME qui n'ont pas les moyens de se payer ces outils informatiques.

HJ
: Les PME ont beaucoup de peine à monter en puissance. Résultat, la France a inventé beaucoup de choses (carte à puces, micro-ordinateurs...) mais elles ont été développées ailleurs.

NKM : Les entreprises partent de moins en moins pour des problèmes de financement car nous avons développé assez fortement le capital risque sur le numérique. Je ne dis pas que tout est parfait mais un rattrapage s'est opéré. En revanche, le marché est toujours aussi étroit, parce que l'Europe est restée très segmentée et une quantité d'entreprises s'expatrient aux Etats-Unis parce qu'elles y trouvent un marché plus vaste. Par conséquent, un des enjeux est d'unifier le marché européen et d'avoir d'abord une politique du numérique pas seulement sur les infrastructures, mais aussi sur les contenus, les acteurs, les pratiques, portée au niveau européen. C'est là un travail à mener avec la nouvelle commissaire européenne, sachant que l'ancienne n'avait pas été particulièrement sensible à ce sujet...

HJ : Je souscris à l'importance que vous portez au numérique. Mais je me demande si nous attachons suffisamment d'importance aux applications, à l'acceptabilité sociale et incidemment aux questions politiques et éthiques qui vont inéluctablement se poser. Je pense par exemple à l'usage du numérique à des fins sécuritaires qui correspondent à une demande sociale, mais qui vont restreindre notre liberté. Ou dans le domaine de la santé, avec des technologies dont les usages peuvent être aussi prometteurs que menaçants.

NKM : Historiquement, les politiques publiques ont été assez peu branchées sur les usages numériques. Ils considéraient que la responsabilité publique, c'était l'accès. Je veux donner une nouvelle impulsion aux politiques publiques en matière d'usages numériques. Le message principal que j'ai martelé, martelé, martelé, auprès de la commission Juppé-Rocard du grand emprunt était : « Il nous faut au moins autant sur les usages et les pratiques que sur les infrastructures ». Dans les 4,5 milliards d'euros, on a 2 milliards pour les infrastructures et 2,5 milliards pour les usages, les pratiques, les contenus, par exemple. Nous irons chercher des applications sur le marché mondial mais il nous appartient d'imprimer notre marque. Le numérique, ce n'est pas seulement de l'économie numérique, c'est aussi la société numérique au service de la société française et cela se développe en France avant tout.

HJ
: Je vais vous provoquer amicalement. J'ai le sentiment que depuis vingt ou trente ans, la politique relève beaucoup trop de la gestion et de la communication, au détriment de ce qui, pour moi, fait la noblesse du politique, à savoir sa capacité à être porteur d'un projet de société ou d'une vision pour le pays ? J'attends énormément du politique et encore plus de la ministre de l'Avenir. Vous avez une position très exceptionnelle et un rôle tout à fait majeur à jouer pour redonner un peu de souffle, d'élan et de sens à l'action collective. Mais cela implique un engagement sur des objectifs, pas seulement sur des moyens.


NKM : Après la planification, dans laquelle la finalité était assez clairement établie, les procédures très organisées, nous avons dû faire évoluer la prospective vers quelque chose de plus contemporain, qui ne soit pas pour autant de l'ordre de la prédiction. Je ne parle pas seulement du Conseil d'analyse stratégique mais de tout ce qu'il y a autour. C'est une vraie révolution culturelle. Je ne prétends pas représenter sur ce sujet la fin de l'histoire. Mais je pense que nous sommes en train de retomber sur nos pieds. Dans cinq ans, on pourra dire quelle a été l'utilité et la pertinence de qu'on a produit dans l'année 2009-2010. Le débat, par exemple, sur l'économie des fonctionnalités, vu dans cinq ans, aura-t-il eu du sens ? En tout cas, j'ai l'impression que nous répondons mieux aux exigences du moment.
 

Commentaires 6
à écrit le 21/01/2010 à 18:08
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Je trouve cet échange de bonne qualité , mais audelà , j'aimerais y trouver des axes d'actions = il faut construire une vision PARTAGEE par le plus grand nombre de citoyens en écartant tout esprit de statégie de communication politicienne, en met...

à écrit le 11/01/2010 à 9:46
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Mettez vous un peu à notre place! Gardons le potentiel évident de la population.

à écrit le 11/01/2010 à 8:46
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bien de proposer des idées pour qu'à long termes ont puisse progresser et non pas gérer des problèmes d'urgence, mais concrétisez et vite !

à écrit le 11/01/2010 à 6:46
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"NKM : Après la planification, dans laquelle la finalité était assez clairement établie, les procédures très organisées, nous avons dû faire évoluer la prospective vers quelque chose de plus contemporain, qui ne soit pas pour autant de l'ordre de la ...

à écrit le 11/01/2010 à 6:25
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Beaucoup de paroles mais les realites sur le terrain vont mettrent de serieux coups de frein, appauvrissement des couches moyennes, desequilibres commerciaux, baisse de la qualite de l'enseignement et de l'aptitude des eleves a apprendre. Communautar...

à écrit le 11/01/2010 à 5:30
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Se permettre de parler du futur (le progrès), quand on a fait inscrire le principe de précaution (le non progrès) dans la constitution, c'est quand même un comble !!!

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