Sommet social de ce lundi : de la réforme des retraites aux fermetures d'usines

Ce lundi, Nicolas Sarkozy reçoit les syndicats. Les discussions tourneront beaucoup autour des retraites. Mais l'annonce de la fermeture de l'usine Philips de Dreux et la menace sur l'avenir d'Heuliez devraient aussi susciter des réactions.

Nicolas Sarkozy reçoit lundi les syndicats et le patronat pour un troisième sommet social qui sera dominé par le dossier des retraites, une des réformes les plus sensibles du quinquennat qu'il veut voir aboutir en 2010. Les syndicats, qui redoutent un débat escamoté et un passage en force, veulent aussi discuter pouvoir d'achat et emploi, ainsi que de la situation des chômeurs en fin de droit alors que les perspectives en matière de chômage restent sombres. Mais l'annonce de la fermeture de l'usine Philips de Dreux et la menace sur l'avenir d'Heuliez devraient aussi susciter des réactions.

L'ensemble des organisations, à l'exception notable de FO (Force Ouvrière), ont déjà prévu de se retrouver lundi soir pour choisir une date de mobilisation en mars. La réunion de ce lundi à l'Elysée doit permettre de fixer le calendrier et la méthode pour la réforme des retraites, la précédente, qui remontait à 2003, s'avérant insuffisante pour assurer l'équilibre à terme des différents régimes.

Les syndicats soupçonnent le gouvernement de vouloir tout boucler au coeur de l'été comme cela avait été fait en 2003 ou pour la réforme précédente de 1993. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a déclaré souhaiter un débat à l'échelle du pays, qui "ne s'improvise pas en juin et juillet". "Un des objectifs de la réunion de lundi c'est de sortir avec des idées plus claires de ce point de vue-là, du point de vue de l'agenda", a-t-il dit à Reuters.

Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on assure que le chef de l'Etat "n'a pas de religion arrêtée sur ce sujet". "Il entend écouter lundi les uns et les autres là-dessus pour se faire une idée du calendrier nécessaire. Clairement il faudra laisser du temps à la négociation", dit-on. On ajoute toutefois que "dès lors que tous les éléments sont connus et sur la table, il faudra apprécier exactement ce temps, ne pas le surestimer, ne pas le sous-estimer". Ces éléments seront apportés par un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) attendu en avril. Hostile à toute hausse des prélèvements obligatoires, Nicolas Sarkozy a aussi laissé entendre qu'il n'était pas favorable à une baisse des pensions, ce qui ne laisserait que deux curseurs pour agir : la durée de cotisation pour bénéficier d'une pension à taux plein, actuellement fixée à 41 ans, et l'âge légal de départ à la retraite (60 ans).

Un sondage publié dimanche dans Ouest France montre que 59% des personnes interrogées sont défavorables à un recul de l'âge du départ à la retraite et 55% à un allongement de la durée de cotisations.

Laurence Parisot , présidente du Medef, plaide dans le JDD (Journal du Dimanche) pour un relèvement de l'âge légal de départ, en mettant en avant la hausse de l'espérance de vie. Elle demande que la future réforme ne soit pas "un bricolage" car il s'agit "de retrouver enfin confiance en l'avenir". "Relevons l'âge légal, cela entraînera une hausse du taux d'activité des seniors, comme tout le monde le souhaite", explique-t-elle.

"On défendra le maintien du droit au départ à la retraite à 60 ans", a dit pour sa part Bernard Thibault, récusant "l'idée qu'au motif que l'espérance de vie s'accroît, il est inéluctable de devoir passer au travail une part plus importante de sa vie". Le syndicaliste conteste en outre le chiffre de 100 milliards d'euros de déficit du régime des retraites à l'horizon 2050 avancé par le gouvernement.

Pour l'ensemble des syndicats, la réunion de lundi doit d'abord permettre de discuter du diagnostic du gouvernement et des partenaires sociaux sur la situation économique et sociale, en particulier sur l'emploi.

"Si on peut penser qu'on est sorti de récession, très clairement le côté social le plus dur est devant nous parce que le nombre de chômeurs augmente certes moins vite que ce qu'on a pu connaître en début d'année 2009, mais il augmente encore et les nouveaux chômeurs s'ajoutent aux anciens chômeurs", souligne Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. La situation des chômeurs en fin de droit, dont 400.000 risquent de se retrouver sans ressources cette année, devrait être évoquée lundi, les partenaires sociaux n'étant pas parvenus jusqu'ici à trouver une solution pour leur venir en aide.

Les syndicats se retrouveront dans la soirée pour discuter d'une date de manifestation fin mars, après les élections régionales. Le mot d'ordre devrait porter sur l'emploi, l'aide aux chômeurs en fin de droit et le pouvoir d'achat. FO, qui ne croit pas à l'efficacité d'une relance de l'intersyndicale et à de grandes manifestations, fera défaut.

Commentaires 4
à écrit le 15/02/2010 à 12:35
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Honte à philips qui traite comme des Kleenex ceux qui lui ont permis d'être à sa place actuelle ! stop a cette façon d'agir, il est normal pour une société qui veut conquérir de nouveaux marché , de s'installer dans ces nouveaux marchés et d'y pro...

à écrit le 15/02/2010 à 10:18
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Il faut augmenter les cotisations des entreprises car le pouvoir d'achat des ménages est mis à mal par le chômage et la crise. Allonger la durée de cotisation en retardant l'âge légal de départ à la retraite c'est prendre des emplois aux jeunes.

à écrit le 15/02/2010 à 9:35
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Cet article montre , si besoin était encore , que l'on attise inutilement les querelles politiciennes autour du sujet des retraites . Tout le monde a bien compris que nos gouvernants allaient imposer la péréquation de la paupérisation pour la raison ...

à écrit le 15/02/2010 à 6:40
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Est-ce que le régime des retraites des parlementaires nationaux et européens va-t-il être réformé aussi, car selon certaines informations, il serait très avantageux pour eux? et je dirais même scandaleux par rapport aux conditions des simples citoye...

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